car un vilain Du Challar, plus laid que moi, me fait cocu. Pour le marquis de Gèvres, il ne le deviendra point, parce qu'étant impuissant, il ne saurait se marier; mais vous (à M. de Nesle), vous l'êtes de tel et tel, etc. » Nesle, qui ne le croyait pas, quoique cela soit très-vrai, se mit à rire de tout son cœur; puis s'adressant à Villequier, il lui demanda : « Et vous, ne croyez-vous pas l'être, Villequier?» Celui-ci se tut. M. le Duc continua: << Vous l'êtes du chevalier de Pesay. » Villequier rougit cependant il dit : « J'avoue que, jusqu'à présent, je n'ai pas cru l'être, mais, puisque vous me mettez en si bonne compagnie, je n'ose m'en fâcher. » Je trouvai que madame de Nesle n'avait pas été bien vengée. 11 juin 1717. J'ai été bien aise quand feu Monsieur, après la naissance de sa fille, a fait lit à part car je n'ai jamais aimé le métier de faire les enfants. Lorsque Son Altesse me fit cette proposition, je lui répondis : « Oui, de bon cœur, monsieur ; j'en serai très-contente pourvu que vous ne me haïssiez pas et que vous continuiez à avoir un peu de bonté pour moi. » Il me le promit, et nous fùmes tous deux très-contents l'un de l'autre. C'était aussi fort ennuyeux que de dormir auprès de Monsieur; il ne pouvait souffrir qu'on le troublat durant son sommeil ; il fallait donc que je me tinsse sur le bord du lit, au point que parfois je suis tombée comme un sac. 11 juin 1717. — Deux jeunes duchesses ne pou 3 juillet 1716. Mme de Montespan assistait une fois à une revue; quand elle fut auprès des soldats allemands, ils se mirent à crier: Königs Hure, Hure! (voilà, voilà la catin, la catin du roi !) Le soir, le roi lui demanda comment elle avait trouvé la revue; elle répondit: << Parfaitement belle; je trouve seulement que les Allemands sont trop naïfs d'appeler toutes choses par leur nom, car je me suis fait expliquer ce que signifiait ce qu'ils criaient. » 14 août 1716. Henri IV fut averti une fois qu'une de ses maîtresses lui était infidèle. Elle avait donné rendez-vous au duc de Bellegarde, lorsqu'elle pensait que le roi ne viendrait pas chez elle. Le roi fit épier le moment où son rival serait auprès de la belle, et, lorsqu'il le sut, il alla la trouver. Elle était au lit et se plaignait d'un grand mal de tête. Le roi lui dit qu'il fallait qu'elle lui donnât à souper, car il avait grand'faim. Elle répondit qu'elle n'avait pas songé à souper et qu'on n'avait gardé pour elle qu'une paire de perdrix. Le roi répliqua que c'était bien et qu'on apportât les perdrix. On apporta encore bien autre chose, car un souper avait été préparé pour le duc de Bellegarde. Quand les perdrix arrivèrent, le roi en prit une, la mit sur un morceau de pain et jeta le tout sous le lit. La dame fut effrayée et dit : « Sire, que faitesvous ? » Le roi répondit en riant: « Madame, ne faut-il pas que tout le monde vive? » Il se leva ensuite et se contenta de lui avoir fait peur. |