célebre, que toutes les fois qu'il l'interrogeroit en vers, il ne pourroit lui répondre de même sans coq à l'asne. Comme il revenoit de dire la Messe, le Roy luy dit: En m'en revenant de l'école Saint Gelais répondit sur le champ: M. de L... disoit : J'ay reçu tous mes Sacremens excepté le Mariage que je n'ai jamais reçu en original, mais dont j'ai tiré plusieurs copies. M. Sarrazin dit que Lucrece se tua après coup. La Reine Mere vouloit faire mettre N..... aux Filles-Repenties. M. de Bautru dit: Madame, elle n'est ny fille ny repentie. Feu M. de la H..... avoit été saigné, et avoit ensuite pris quelque vomitif. Comme son mal ne diminuoit point, M. de P..... luy dit qu'il feroit bien de se confesser. Il luy répondit: Mon frère, ce seroit bien des évacuations pour un jour. M. de Montmort étant un jour à table avec grande compagnie où tout le monde parloit, chan toit, et rioit. Eh! Messieurs, dit-il, un peu de silence, je vous prie, on ne sait ce qu'on mange. Un Official du temps de M. de Gondy, de qui le nom ne me vient pas à la mémoire, m'a dit que pendant quarante ans qu'il avoit exercé sa Charge, il n'avoit ordonné le congrès qu'une seule fois. C'étoit à un meusnier. Comme il fesoit fort bien son devoir dans la preuve, sa femme lui dit: Jacob, pourquoy ne faisois-tu pas de même quand nous étions chez nous, nous n'aurions pas eu la peine de venir icy? Une légère atteinte d'apoplexie s'appelle un brevet de retenue. Dans une Audiance ou l'on fesoit beaucoup de bruit, le Juge dit: Huissiers, qu'on fasse silence: cela est étrange du bruit que l'on fait : nous avons jugé, ajouta-t'il, je ne say combien de causes sans les entendre. On dit des allusions, des équivoques, et des turlupinades qu'elles ne valent rien quand on les donne pour bonnes; mais qu'elles sont bonnes, quand on les donne pour ne valoir rien. On disoit à M. de Bautru qu'au rapport de Pline 1. Epreuve légale en cas d'accusation d'impuissance portée par une femme contre son mari. Elle avait lieu à l'Officialité, près Notre-Dame. les Béliers cherchoient plutôt les vieilles brebis que les jeunes: C'est, dit M. de Bautru, que les béliers sont des béliers. Un Ecolier qui alloit à la chasse, à qui on avoit dit qu'il ne parlast pas crainte que les lapins prissent la fuite, dit dez qu'il en vit: Ecce cuniculi. Comme il les vit fuir aussi-tôt, il dit: Qui auroit cru que les lapins entendîssent le Latin ? M. d'E... disoit une nouvelle: M. de B... luy dit: Elle ne peut pas être, car j'ay une lettre du 31, qui dit le contraire. Il dit, La mienne est du 32. M. l'Abbé de Bois-robert qui aimoit la bonne chere, passant par la rue sainte Anastase près d'un homme blessé à mort entouré de plusieurs personnes, entendit qu'on l'appeloit pour le confesser. Il s'approcha, et luy dit: Mon camarade pensez à Dieu, dites votre Benedicite. M. de Gombaud présenta un jour à M. le Cardinal de Richelieu des vers qu'il avoit faits. M. le Cardinal de Richelieu en les lisant dit: Voila des choses que je n'entens pas. M. de Gombaud dit aussi-tost: Ce n'est pas ma faute. II. — Correspondance de Madame Duchesse d'Orléans Elisabeth Charlotte, fille de l'électeur palatin CharlesLouis, naquit à Heidelberg, le 7 juillet 1652. Après la mort de Mme Henriette d'Angleterre, Louis XIV remaria son frère à la fille de l'électeur palatin, dans le dessein d'acquérir ainsi à la couronne des droits sur le Palatinat, et même éventuellement sur la Bavière. Après avoir abjuré des lèvres le protestantisme, Elisabeth épousa Monsieur, le 16 novembre 1671. Elle en eut trois enfants, dont un fils mort en bas âge; Philippe d'Orléans, le fameux régent, et une fille qui devint duchesse de Lorraine. Elle dut s'incliner devant la volonté de Louis XIV qui lui imposa comme bru Mlle de Blois, fille naturelle qu'il avait eue de Mme de Montespan. La Palatine mourut en 1722, plus que septuagénaire. Elle entretint pendant toute sa vie une correspondance extrêmement active avec sa fille, avec ses belles-filles, la reine d'Espagne et la princesse de Piémont, avec la reine de Prusse, sa cousine, avec son ancienne institu trice, Mme de Harling, et surtout avec sa sœur Louise, comtesse palatine. L'authenticité de cette correspondance, contestée quand elle n'était connue que, par fragments, devint évidente après la publication intégrale, réalisée par M. Mengel. Ces simples extraits convaincront sans doute le lecteur que le faussaire eût été bien habile. La correspondance de la princesse d'Orléans avec ses frères et sœurs parut en 1843, à Stuttgart, par les soins de W. Mengel; une traduction française en fut publiée une première fois par G. Brunet, qui entreprit plus tard une traduction nouvelle plus complète (Charpentier, 2 vol., Paris, 1869). C'est à cette traduction que nous faisons des emprunts qu'a bien voulu autoriser M. Fasquelle. M. Brunet n'avait pu, dit-il dans sa préface, avoir sous les yeux la correspondance autographe, il pensait qu'elle avait péri dans un incendie. Il avait cherché à suivre le texte allemand de plus près que ses devanciers. Qu'il l'ait ou non suivi de près, il avait su donner à sa traduction une allure extrêmement attachante; cette correspondance est vraiment vécue. Tout au plus pourrait-on dire qu'effrayé par les audaces du style de Madame, qui bravait l'honnêteté comme si elle eût écrit en latin, il a tenté de les atténuer; un peu trop, à notre avis. Nous n'avons pu nous procurer l'édition allemande et n'en jugeons que par les citations de l'original qu'en faisait dans ses notes M. Brunet, quand la traduction fidèle le gênait; nous ne pouvons nous empêcher de regretter parfois sa timidité, qui rabat de gris le ton violent posé par Madame. J'en cite un seul exemple. Dans la lettre du 21 août 1719, parlant de Riom, l'amant de sa petite-fille, la duchesse de Berry, et de bien d'autres, la Palatine écrit: « Soll wie ein Esel geschaffen seyn.» Ce que M. Brunet traduit : « On dit qu'il |