Page images
PDF
EPUB
[graphic]

Une des nymphes (c'est celle qu'on appelle la Constitution) fitun faux pas, tomba sur ses mains, et présenta son derrière à l'assemblée, qui trouva plaisant d'en faire un ballet et d'aller baiser ce derrière en cérémonie. M. Gruère commença, les autres suivirent;

Une passa, puis une autre sœur, puis une.

le cul du bouc fut bien baisé; la Pellissier entra aussi dans cette danse ; on lui en fit autant qu'à l'autre ; une vieille tailleuse voulut y trouver à redire, il fut conclu qu'on la baiserait aussi.

Toute cette joyeuse bande ne pensoit pas que les voisins qui étoient aux fenêtres voyoient la scène, comme si on avait été à l'amphithéâtre de l'Opéra. La police en a été informée le lendemain personne ne se souvenoit plus de ce qui s'étoit passé; M. Gruère a été cité par-devant M. Hérault, et toutes les filles l'une après l'autre; on croit que le directeur va être mis sous quelque direction, et les Jansénistes, qui sont toujours à quelques fenêtres, ont fait un quatrain dont on ne m'a dit que le sens, qui est qu'on est surpris que M. Hérault fasse tant de bruit de ce qu'on a baisé le cul à la Constitution', lui qui ne fait autre chose depuis quinze ou seize ans. Y a-t-il rien de plus fou et de plus extravagant que tout cela ?

1. Hérault, lieutenant de police, était un des plus fermes soutiens des Jésuites et de la Constitution Unigenitus.

[graphic][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]

IV.

Souvenirs de Jean Bouhier

Le hasard a mis en nos mains une petite plaquette publiée s. d. n. l., comme disent les catalogues, aux frais de deux bibliothécaires qui conservèrent l'anonyme et la firent vendre chez tous les libraires bibliophiles, indication un peu vague et qui rappelle: «Se trouve dans toutes les bonnes pharmacies. » Cette plaquette est extraite du fonds Bouhier de la Bibliothèque impériale, elle est donc antérieure à 1870. Les éditeurs n'ont pas changé un mot à l'original; c'eût été, à leur sens, un sacrilège, et nous partageons complètement leur opinion quand ils disent que vouloir arranger ces petits contes serait leur enlever tout le mérite de l'originalité.

Le président Jean Bouhier est précisément le correspondant de Mathieu Marais dont les extraits qui précèdent font connaître à nos lecteurs la physionomie si intéressante; le style d'une lettre donne, en effet, des renseignements et sur l'écrivain et sur celui à qui elle s'adresse. Toutes les biographies célèbrent en Bouhier le fin érudit avec lequel les célébrités du grand siècle s'honoraient de correspondre. Paris le vit fréquenter chez toutes les célébrités à la mode, sans excepter celles du théâtre, et il paraît avoir été enclin à la galanterie. Raison de plus pour qu'il figure dans la série des collaborateurs involontaires de ces Heures Libres.

« PreviousContinue »