LE DEVIN DU VILLAGE. Le théâtre représente d'un côté la maison du Devin; de l'autre, des arbres et des fontaines; et dans le fond, un hameau. SCÈNE I. COLETTE, soupirant, et s'essuyant les yeux de son tablier. Il m'aimoit autrefois, et ce fut mon malheur. Que me sert d'y rêver sans cesse ? Rien ne peut guérir mon amour, J'ai perdu mon serviteur; J'ai perdu tout mon bonheur; Je veux le haïr.... je le dois.... Peut-être il m'aime encor... Pourquoi me fuir sans cesse? Il me cherchoit tant autrefois! Le Devin du canton fait ici sa demeure; SCÈNE II. LE DEVIN, COLETTE. Tandis que le Devin s'avance gravement, Colette compte dans sa main de la monnoie, puis elle la plie dans un papier, et la présente au Devin, après avoir un peu hésité à l'aborder. COLETTE, d'un air timide. PERDRAI-JE Colin sans retour? Dites-moi s'il faut que je meure. LE DEVIN, gravement. Je lis dans votre cœur, et j'ai lu dans le sien. |