précipitamment, lui tend les bras, et la regarde avec extase. GALATHÉE, avec un soupir. Ah! encore moi. PYGMALION. Oui, cher et charmant objet, oui, digne chefd'œuvre de mes mains, de mon cœur et des dieux; c'est toi, c'est toi seule : je t'ai donné tout mon être ; je ne vivrai plus que par toi. FIN DE PYGMALION. AVERTISSEMENT. RIEN n'est plus plat que cette pièce. Cependant j'ai gardé quelque attachement pour elle, à cause de la gaîté du troisième acte, et de la facilité avec laquelle elle fut faite en trois jours, grâce à la tranquillité et au contentement d'esprit où je vivois alors, sans connoître l'art d'écrire, et sans aucune prétention. Si je fais moi-même l'édition générale, j'espère avoir assez de raison pour en retrancher ce barbouillage, sinon je laisse à ceux que j'aurai chargés de cette entreprise le soin de juger de ce qui convient, soit à ma mémoire, soit au goût présent du public. PERSONNAGES. DORANTE, ami de Valère. VALÈRE, ami de Dorante. ISABELLE, veuve. ÉLIANTE, cousine d'Isabelle. LISETTE, suivante d'Isabelle. UN LAQUAIS. La scène est dans le château d'Isabelle. L'ENGAGEMENT TÉMÉRAIRE. ACTE PREMIER. SCÈNE I. ISABELLE, ÉLIANTE. ISABELLE. L'HYMEN va donc enfin serrer des nœuds si doux; Valère, à son retour, doit être votre époux: ÉLIANTE. Vous soupirez? Eh bien! si l'exemple vous tente, Car vous l'aimez un peu : du moins je le soupçonne. ISABELLE. Non, l'hymen n'aura plus de droits sur ma personne, Cousine; un premier choix m'a trop mal réussi. ÉLIANTE. Prenez votre revanche en faisant celui-ci. ISABELLE. Je veux suivre la loi que j'ai su me prescrire ; Sous le feint nom d'ami s'emparer de mon cœur. Qui, par le succès même, en seroit plus coupable, ÉLIANTE. Il est donc pardonnable. ISABELLE. Point; il ne m'aura pas trompée impunément. SCÈNE II. DORANTE. ELLE m'évite encor! Que veut dire ceci? Je veux.... Carlin! SCÈNE III. CARLIN, DORANTE. CARLIN. DORANTE. Vois-tu bien ce château ? CARLIN. Oui, depuis fort long-temps, |