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tour élevée, symbole caractéristique de cette déité païenne. Elle a 55 centimètres de hauteur, y compris la tour. Le célèbre antiquaire de Caylus pense qu'elle a été apportée de Rome à Paris comme un objet de magnificence ou de superstition, et cette opinion paraît être la plus probable, en raison de la pureté du style, bien supérieur à celui des artistes gallo-romains du Haut-Empire.

Cette opinion, toutefois, a été combattue par différents archéologues et notamment par Dulaure, qui pense que là se trouvait un autel, ou ædiculum, consacré à Cybèle. On sait, effectivement, qu'à l'endroit. destiné au culte d'une divinité païenne, les chrétiens plaçaient le culte d'un saint. L'oratoire qui a précédé l'église Saint-Eustache était placé sous l'invocation de sainte Agnès, qui est encore la patronne primitive des cette église. (Siècle, 21 septembre.)

Dans le « Siècle », no du 2 septembre, nous avons trouvé une note de M. Em. de la Bédollière ainsi conçue :

L'Univers est las de voir l'imprimerie de l'État travailler pour l'État. Il voudrait qu'au lieu de publier les actes d'administration, les statistiques et documents officiels, elle se métamorphosât en société catholique pour la reproduction des bons livres. «En parcourant, dit M. Coquille, la liste des ouvrages publiés annuellement en France, on esteffrayé de l'immense supériorité numérique des ouvrages immoraux et révolutionnaires. Les livres consacrés à la défense de l'ordre ont un sort moins heureux; ils ont peu d'acheteurs et se produisent en moindre quantité ».

L'aveu est naïf.

La prétention de M. Coquille, qui voudrait voir transformer l'imprimerie impériale en usine de livres religieux, est au moins exorbitante. Le chevalier de M. Veuillot ne sait-il pas qu'à aucune époque Paris n'a compté autant d'éditeurs ecclésiastiques qu'aujourd'hui? Au commencement de ce siècle le nombre en était à peine de dix à douze ; il s'est élevé successivement au chiffre énorme de vingt-six maisons, qui toutes produisent assez activement pour qu'il ne soit pas nécessaire que l'État prête son bel établissement typographique aux élucubrations des adhérents de l'Univers; et pour que M. Coquille ne nous accuse point d'enfler le chiffre, nous allons donner ici la liste de cette pieuse phalange de libraires-éditeurs, qui ne manquent pas d'imprimeurs, en y comprenant ceux de ces Messieurs qui, imprimant en province, ont des entrepôts dans la capitale. Ce sont MM. 1. Ardant (de Limoges). 2. Belin-Leprieur et Morizot. 3. Ambr. Bray. 4. Camus. 5. Courcier. 6. Douniol. 7. Dupuy. 8. Gaume frères. 9. Julien, Lanier et Ce (du Mans). 11. Adrien Leclère. 12. Lecoffre.

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10. Lagny frères.

13. Leroux et Juby.

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14.

16. Pélagaud (de Lyon). 19. Prin

Mame (de Tours). - 15. L'abbé Migne.
-17. Périsse frères.-18. Veuve Poussielgue-Rusand.

guet. 20. Rosa et Bouret (libr. espagnole).

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Victor (Collin de Plancy). 22. Veuve Thierriot. 23. Toulouse. 24. Vaton. 25. Vermot.

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26. L. Vivès.

Et que l'on ne vienne pas nous dire que les livres religieux ne sont point aussi heureux que d'autres livres. Tous les libraires que nous venons de citer sont riches, richissimes; quelques-uns seulement ne sont que très à leur aise, ce qui détruit l'assertion de M. Coquille.

Nous pourrions ajouter à la liste précédente les noms de quelques éditeurs qui publient des ouvrages mystiques et liturgiques illustrés (MM. Curmer, Furne et Plon). Non, la librairie catholique est loin d'avoir à se plaindre. Même en 1848, elle était en pleine prospérité, lorsque toutes les autres branches des sciences étaient dans une stagnation complète.

NÉCROLOGIE.

Un homme généralement connu de tous les typographes et libraireséditeurs de la capitale vient de descendre dans la tombe, après une courte et cruelle maladie, à peine âgé de cinquante ans.

:

CURMER (Alphonse-Alexandre), né à Paris le 28 juillet 1805, appartenait à une famille très-honorable. En première ligne, citons: son père, ancien fabricant de draps, mort sous l'Empire, chef d'une branche de l'administration civile, à Flessingue; et un de ses oncles (FrançoisAlexandre Curmer), homme d'esprit, mort à Paris, vers 1835, qui fut notaire, notariant et cultivant les lettres. On lui doit plusieurs pièces de théâtre, entre autres, en société de Sewrin, Dumersan et Merle, la Laitière suisse, ou l'Aveugle de Clarens, comédie en un acte, mêlée de couplets, sur le frontispice de laquelle il n'est pourtant pas nommé, qui obtint à l'époque (en 1815), un légitime succès, pièce aujourd'hui très rare; et beaucoup de chansons; viennent ensuite deux cousins J.-N. Bouilly, trop connu pour que nous insistions sur ce nom; un avocat aux Conseils du Roi et à la Cour de Cassation, du nom de Flacon, connu sous le pseudonyme de Philidor Rochelle, qui écrivit, en société de J.-A. Jacquelin, plusieurs pièces, parmi lesquelles les Fureurs de l'Amour, tragédie burlesque (1799); seul, mit le premier livre du Code Civil en vers (1805), et plus tard (de 1829 à 1832), publia deux graves ouvrages de jurisprudence (voy. « la France littéraire » à Rochelle). Nous allions presque oublier le propre frère de celui auquel nous consacrons cette note. Ce n'est qu'un libraire, dira-t-on. Oui, mais par le temps de marchands de papier noirci qui court, M. Léon Curmer est libraire-artiste, un très-intelligent libraireéditeur, ce qui le distingue de la masse des marchands dont nous venons de parler: et, ce qui établit une démarcation plus grande

encore, c'est que M. Léon Curmer est écrivain. On n'a point oublié deux écrits de lui, entre autres, très-judicieusement pensés et écrits, celui intitulé de l'Etablissement des bibliothèques communales en France (1846, in-8 de 104 pag.), et ses Observations critiques sur le Muséum d'Histoire naturelle de Paris (août 1848, in-8 de 27 pag.), qui avaient paru d'abord en feuilletons dans « le Constitutionnel >> des 10 et 13 du même mois. Un autre ouvrage de M. L. Curmer a fait beaucoup de bruit, et a été plus répandu, puisqu'il a été tiré à 100,000 exemplaires : c'est une Histoire nationale de la Révolution française, depuis 1789 jusqu'au 18 brumaire, précédée d'une Introduction sur l'Histoire de France (Paris, Breauté, 1834, 2 vol. in-18). Peu de personnes savent que ce petit ouvrage est de M. L. Curmer, parce qu'il a paru sous le nom de C. Neilson, qui n'est point un pseudonyme, mais le nom de famille de la mère de l'auteur. M. L. Curmer a eu pour collaborateur un jeune écrivain plein d'avenir, enlevé prématurément aux lettres, A.-R. Bouzenot.

Mais revenons à Alphonse-Alexandre Curmer, décédé à Paris, le 20 août dernier, entouré de l'estime et de la considération de tous, tant par sa loyauté que par la bonté de son caractère. Actif et intelligent, il dut quitter de bonne heure une profession qui n'offrait point assez d'essor à son esprit entreprenant. Frère d'un éditeur distingué, il eut la bonne pensée de monter une clicherie; et, grâce à sa persé→ vérance, à ses connaissances étendues en chimie, à son zèle, à son activité incessante, et surtout à sa ponctualité et à sa rigoureuse exactitude, cet établissement devint bientôt le plus considérable de Paris. Tout porte à croire que sa veuve, chargée d'ailleurs d'une nombreuse famille, aura la force et le courage de continuer une industrie dans laquelle M. Curmer a laissé d'aussi honorables souvenirs !

Dans la stéréotypie, le clichage au plâtre n'était certes pas sans de nombreux inconvénients. Comme il fallait huiler les caractères avant le moulage, il en résultait une adhérence telle que la distribution en devenait très-pénible, surtout si elle n'avait pas lieu immédiatement après le clichage. Si, au contraire, on distribuait de suite, les lettres, collées, quoique légèrement, par la présence d'un corps gras, ne glissaient plus avec la rapidité voulue. D'un autre côté, il fallait que les caractères, avant que de pouvoir être replacés dans les casses, fussent fortement brossés, afin de les débarrasser d'une multitude de parcelles de plâtre, et l'œil était toujours compromis par ce frottement prolongé. Les choses en étaient là lorsqu'un Milanais eut, vers 1829, l'idée de substituer le papier au plâtre (1). Un nommé Landrieux, architecte, à ce que nous croyons,

les inscrip

(1) On sait que les archéologues, pour rapporter dans leur pays tions qu'ils découvrent en voyageant, dans l'intérêt de la science, se servent depuis longtemps d'un procédé fort ingénieux: ils moulent les inscriptions,

mit le premier en pratique, à Paris, cette nouvelle invention; mais il opérait encore d'une manière incertaine, irrégulière, et avec des tâtonnements. M. Louis Chabert, stéréotypeur à Paris, y apporta quelques perfectionnements. Mais c'est à Alexandre Curmer, surtout, que doit presque revenir la gloire de cette utile découverte. Le premier, il comprit tout l'avenir et toute l'importance du clichage au papier. Il s'empara de ce procédé avec un véritable enthousiasme, avec une sorte de fièvre, et y apporta de notables améliorations ; il fit plus: il vulgarisa, pour ainsi dire, ce nouveau mode de moulage, en simplifiant, en rendant facile et commode la manipulation, ou, pour mieux dire, il mit le sceau à la perfection. Hâtons-nous de le dire, depuis ce moment, une invention qui jusqu'alors n'était considérée que comme une curiosité, fut mise par lui, nous le répétons, à l'état pratique ; et le moulage en plâtre, qui avait régné seul jusqu'alors, vit apparaître tout à coup une concurrence sérieuse; ces deux procédés peuvent donc marcher aujourd'hui de pair.

Chacun sait que le clichage au papier présente aux éditeurs des avantages incontestables, c'est de leur permettre de conserver, à trèspeu de frais, les empreintes d'un ouvrage quelconque, dont le succès est incertain encore au moment de la mise sous presse : si le succès répond enfin à leur attente, les empreintes se transforment aussitôt en pages solides, et l'on procède immédiatement à un second tirage.

On doit à M. Curmer un nouveau système de musique stéréotypée, qui, en dépit de la routine et du mauvais vouloir, a pris faveur dans le monde musical. Pensant, avec raison, que la meilleure manière de démontrer l'excellence d'un procédé quelconque, c'était la publicité par son emploi immédiat, il s'empressa de former une librairie musicale, qui se fait remarquer par l'heureux choix de ses morceaux, lesquels répondent à de véritables besoins.

Tout le monde connaît aussi la jolie édition illustrée des Chansons de Bérat, avec la musique typographiée de M. Curmer, hélas! trop tôt enlevé à ses nombreux amis et à l'industrie parisienne!...

ALKAN aîné.

à l'aide d'une brosse, avec du papier fort et mouillé; une fois que ces feuilles de papier sont sèches, elles conservent parfaitement l'empreinte de l'inscription originale. On se demande, avec raison, si cette manière de procéder des antiquaires a suggéré l'idée du clichage au papier, ou si, au contraire, c'est ce dernier procédé qui a inspiré nos savants explorateurs?

LES LETTRES FRANÇAISES EN EUROPE

ET LES HISTORIENS ÉTRANGERS DE LA FRANCE.

Aperçu mensuel.

Les livres de provenances étrangères annoncés dans ce Bulletin se trouvent à Paris, aux adresses suivantes :

Allemands. A. Franck, r. Richelieu, 67. — Fréd. Klincksieck, r. de Lille, 11. Gavelot jeune, r. des Bons-Enfants, 26.

Anglais. Xavier et Stassin, r. de la Banque, 22.
Anglo-Américains. - H. Bossange et fils, quai
Belges. Borrani et Droz, r. des Saints-Pères, 9.
Economie politique, dans toutes les langues;
Espagnols. A. Franck.

Italiens. Xavier et Stassin.

A. Franck. Fréd. Klincksieck. Voltaire, 31 bis.

Aug. Aubry, r. Dauphine, 16. Guillaumin, r. Richelieu, 14.

Suisses. Joël Cherbuliez, r. de la Monnaie, 10.
Les prix portés sont ceux des éditeurs étrangers.

PRINCIPALES PUBLICATIONS

PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE (1).

1. SCIENCES.

SCIENCES SOCIALES ET POLITIQUES.

B. Politique (suite et fin).

1617. Etudes POLITIQUES Contemporaines. Le parti théocratique; par Louis Jourdan. « Siècle », nos du 23 septembre et 5 octobre.

1618. FRANCE (de la) et de la Révolution de 1789; par M. Louis d'Esparbès de Lussan. Paris, E. Dentu, in-8 de 20 feuilles 1/2.

5

Une publication récente de M. d'Esparbès de Lussan sert au « Journal des Débats », de prétexte pour proclamer des vérités fondamentales. Il se prononce pour la liberté constitutionnelle, pour les grands principes de 1789, et contre le culte exclusif des intérêts matériels. « Il n'y a, dit-il, de civilisation parfaite que celle qui réunit les progrès moraux aux progrès matériels ». On peut admirer les merveilles étalées dans les galeries de l'Exposition universelle; mais pour améliorer l'état matériel des populations, il faut commencer par améliorer leur état moral, et les progrès moraux sont la condition première et la meilleure garantie des progrès matériels.

(Siècle, 5 septembre.)

1619. JUSTICE (la) et la monarchie populaire; par le comte R. R. [Roger Raczynski]. 1re partie. La Guerre d'Orient. Paris, Michel Lévy frères, in-8 de 13 feuilles.

3 »

Ce livre se recommande à l'attention des hommes sérieux par la nature des questions qu'il soulève et par la manière toute nouvelle dont il les résout. Journ. des Débats, 5 juin.

1620. MONARCHY of France (the); its Rise, Progress, and Fall; by William Tooke, F. R. S. London, 8 vo. pp. 754, cloth. 168

(1) Pour la librairie, Paris est un centre important, d'où partent le plus fréquemment des expéditions pour les destination's lointaines. MM. les libraires étrangers sentiront donc l'importance de ce Bulletin, et s'empresseront, nous en avons l'espoir, de nous mettre, au plus vite, et franco, au courant des ouvrages qu'ils publient ou qu'ils se proposent de publier.

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