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l'éditeur en commence une quatrième édition. Cette édition, qui a été revue avec le plus grand soin et entièrement refondue dans plusieurs de ses parties, formera 16 volumes in-8 (cavalier) qui paraîtront de mois en mois à partir du 1er mars. Le premier volume, qui contient un tableau absolument neuf des idées, des mœurs, de la religion de l'ancienne Gaule, vient d'être mis en vente à la librairie Furne et Ce.

F. CAMUS (Journ. des Débats, 6 mars. ).

C'est au sixième siècle de nos annales que M. Henri Martin s'arrête dans le premier volume de son Histoire de France. Le tome second, qui a paru à la librairie Furne le 1er avril, comprend les sixième, septième, huitième, neuvième et dixième siècles, et en partie par conséquent le tableau de la France féodale. Ainsi se continuera, par volumes publiés de mois en mois la quatrième édition de ce beau livre, couronné par deux sections de l'Institut. Le troisième volume, contenant un tableau entièrement nouveau de la chevalerie, paraîtra le 1er mai.

-Le 3 mars a paru chez M. Amyot, libraire-éditeur, rue de la Paix, une brochure fort curieuse sur les Origines de Werther et la Vie de Charlotte, par M. Armand Baschet.

Les Mémoires de lady Blessington, qui viennent de paraître à Londres, et que nous annonçons dans la partie bibliographique de ce numéro, éveillent un intérêt général. Ils sont remplis de lettres très-intéressantes de Byron, Moore, Southey, Landor, Bulwer, etc., etc.

Voici un simple billet de lord John Russell, de qui lady Blessington aurait voulu obtenir quelques lignes pour un de ces Keepsakes qu'elle éditait annuellement :

«Ma chère lady Blessington, quoique je sois dans l'opposition (5 février 1838), j'ai la tête si embrouillée de politique que je ne puis en distraire mon esprit et le diriger vers des études plus hautes et plus agréables. Bref, je me sens tout à fait incapable de collaborer au livre de la Belle, étant presque réduit au rôle de la bête..... Voilà ce que c'est que de s'atteler au char de l'Etat ».

On trouve plus loin une lettre de Bulwer, datée de Paris, et où l'illustre romancier raconte à lady Blessington comment Louis-Philippe avait à combattre une coalition de ministres déchus.

Voici un extrait de cette curieuse correspondance:

« Les vieilles jalousies ont longtemps été assez fortes pour empêcher les grands hommes mis dehors de s'unir contre les petits hommes qui sont dedans. Mais l'ambition présente finit par l'emporter sur toutes les passions passées, et il vient de se former une ligue de tous les ministres d'hier contre les ministres d'aujourd'hui. Je veux vous dire un bon mot que m'a rapporté Mme de Lieven :

prise,

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--

Je n'ai pas besoin, disait le roi en parlant des orateurs qu'il mé-
de tant de rossignols pour chanter dans ma chambre.
Mais sire, répondit M..., s'ils ne chantent pas, ils siffleront.
(Presse, 3 mars.)

La publication des OEuvres complètes de Henri Heine n'est pas un fait lit téraire sans importance. Disséminés par fragments dans les revues ou contenus dans des volumes complètement épuisés, les travaux de cet écrivain original, qui est à la fois un poète, un philosophe et un critique, faisait faute dans les bibliothèques. Aujourd'hui, grâce à l'édition in-18 que publie la li

brairie Michel Lévy frères, cette lacune pourra être comblée, et les œuvres de Henri Heine viendront prendre place à côté des plus agréables, des plus fines et souvent des plus sérieuses. Les deux premiers volumes qui viennent de paraître contiennent en entier le livre de l'Allemagne, revu, refondu, augmenté d'un grand nombre de fragments inédits, parmi lesquels on remarque les Dieux en exil et les Aveux d'un Poète, deux curieux chapitres qui ont eu déjà un grand succès. Allemand par la naissance et presque Français par l'esprit, Henri Heine a écrit un livre supérieur sur la philosophie et la littérature de l'Allemagne.

Le volume qui est sous presse et qui paraîtra très prochainement est intitulé Lutèce, et se compose de lettres inédites sur la vie sociale de Paris, sur le monde politique, littéraire, artiste, au milieu duquel l'auteur a vécu. Aussitôt après viendront les Poésies et Légendes, contenant plusieurs poèmes inédits; le volume de la France, composé de lettres sur la politique et les beaux-arts; un volume de contes et nouvelles, et les Reisebilder, ces délicieux récits de voyages, qui ont tant contribué à la renommée littéraire de l'auteur. F. CAMUS (Journ. des Débats, 9 mars).

Le Musée français-anglais de M. Philippon compte déjà un nombre considérable d'abonnés. Ce journal est envoyé gratis à tous les abonnés du Journal pour rire, qui se trouvent ainsi posséder deux journaux pour le prix d'un seul. C'est un grand avantage pour les cafés et établissements publics. (Journ. des Débats, 9 mars.)

Parmi les publications auxquelles ont donné lieu les évènements dont l'Orient est le théâtre, on cite comme particulièrement dignes d'attention les Lettres de M. Eugène Jouve, que publie M. Delhomme, libraire à Paris.

Dans ses fatigantes et périlleuses pérégrinations, l'auteur a embrassé Malte, Smyrne, Constantinople, dont il donne la description la plus complète qui ait encore vu le jour; la Roumélie, les Balkans, la Bulgarie, Bucharest, les bords du Danube, et enfin le cap Chersonèse et Sébastopol.

Il a séjourné pendant plus de deux mois sous les murs de cette forteresse dont le nom est destiné à vivre éternellement dans les fastes de la marine et de l'armée françaises. Il a assisté à la plupart des évènements de guerre qui ont marqué le cours de cette grande et mémorable expédition de Crimée. Les récits de l'auteur ont un cachet particulier de véracité.

F. CAMUS (Journ. des Débats, 10 mars).

M. Henri Prat vient de faire paraître à la librairie Didot, deux nouveaux volumes de ses Etudes littéraires et historiques, embrassant le seizième siècle.

Deux ouvrages très intéressants viennent de paraître à la librairie Didier, l'un sur notre grand peintre Louis David (Louis David. Son école et son temps), par M. E.-J. Delécluse (des Débats); l'autre, sur le fameux Scanderbeg, le héros de l'Orient du quinzième siècle (l'Histoire de Scanderberg, ou Turks et Chrétiens au XVe siècle), par M. Camille Paganel.

La deuxième partie des Souvenirs contemporains d'Histoire et de Littérature, par M. Villemain, dont le Journal des Débats a donné un extrait, est en vente à la librairie Didier. Ce second volume n'aura pas moins de succès que la première partie, qui vient d'être réimprimée.

L'Ami des Sciences, dont le succès prend des proportions exceptionnelles, a transféré ses bureaux, 13, rue du Jardinet. S'adresser dorénavant à M. V. Meunier.

Le premier volume des Mémoires de M. Dupin vient de paraître. L'auteur

a joué un rôle trop important dans tous les événements politiques et dans la plupart des grandes affaires privées depuis cinquante ans pour que ses Mémoires n'obtiennent pas un véritable succès. Les Mémoires de M. Dupin ont pour éditeur et pour imprimeur M. Henri Plon, 8, rue Garancière.

(Presse, 15 mars.)

L'un des plus beaux monuments littéraires des anciens est l'ouvrage d'Hérodote. Ce livre embrasse l'histoire de tous les peuples connus cinq siècles avant l'ère chrétienne, et le sujet principal, celui auquel tout se rapporte dans le récit, est la première et terrible lutte de l'Asie contre la Grèce, c'està-dire contre la civilisation de l'époque.

Aujourd'hui cette lutte se renouvelle. Ainsi, après vingt-trois siècles d'existence, l'Histoire d'Hérodote est presque un livre de circonstance. Tout au moins ce livre n'appartient plus seulement aux savants et aux érudits, mais encore aux curieux de notre temps qui aiment à remonter la chaîne des événements pour saisir l'esprit et la profondeur des causes.

Hérodote est le père de l'Histoire. On sait comment il composa son livre. Il parcourut exprès tous les pays du monde alors connu pour rassembler sur les lieux mêmes les matériaux de son ouvrage. Se défiant du témoignage des autres, il ne s'en rapportait qu'au sien. Aussi est-il la véracité même, et les expéditions scientifiques des modernes, les découvertes récentes de l'archéologie ont confirmé la valeur et la sincérité de ses récits.

L'Histoire d'Hérodote vient d'être réimprimée dans la bibliothèque Charpentier. L'éditeur a choisi la traduction du savant Larcher. C'est la meilleure. Larcher a passé sa vie à ce grand travail, qui nous permet de connaître un livre qui est à la fois la première composition historique et l'un des chefs-d'œuvre de l'antiquité. F. CAMUS (Journ. des Débats, 18 mars).

Un grand scandale est donné par le Journal des Débats, dans son numéro du 17 mars, article signé Saint-Marc Girardin. Il recommande ouvertement, sans ambages, une œuvre intitulée: De l'Influence de Luther dans l'éduca tion du peuple, par M. Ad. Schoffer. M. Saint-Marc Girardin n'hésite pas à vanter la réforme et les réformateurs; il représente Luther comme animé de l'esprit du christianisme et du patriotisme; il va jusqu'à le comparer à Jean Gerson, et cite avec éloge ces paroles du moine de Wittemberg: « C'est faire cause commune avec le diable que d'attacher si peu d'importance aux écoles du peuple. Sont-ce les sacrifices pécuniaires qui vous effraient? Mais on dépense annuellement tant d'argent pour des arquebuses, pour des chemins, pour des digues! Pourquoi n'en dépenserait-on pas un peu pour donner à la jeunesse un ou deux maîtres d'école ? Ce qui fait la prospérité d'une ville, ce n'est pas seulement que l'on assemble de grands trésors, que bâtisse de fortes murailles, que l'on élève de belles maisons, que l'on possède des armes brillantes; le bien véritable d'une ville, son salut et sa force, c'est de compter beaucoup de citoyens savants, honnêtes et bien élevés ». Ainsi le Journal des Débats approuve la création d'écoles populaires; éclairer, moraliser le peuple, fût-ce dans un sens anti-catholique. Que d'orages vont s'élever contre lui dans le parti clérical! (Siècle, 18 mars.)

l'on

Il vient de paraître, à la Librairie-Nouvelle, un nouvel écrit de M. Émile de Girardin, intitulé: la Paix. Cette brochure répond à la brochure qui a paru sous ce titre : le Journalisme actuel et la Lettre à l'Empereur. Ce que veut l'auteur anonyme de la Lettre à l'Empereur, c'est la grande guerre; ce que veut M. de Girardin, c'est la grande paix. Mais comment l'établir? C'est ce qu'il indique.

(Ibid.)

Il devient à la mode, depuis que les appréciations sont difficiles et offrent parfois des dangers, de consacrer le principal article de chaque jour, le cidevant premier-Paris, à des comptes-rendus bibliographiques. Hier, on lisait en tête des Débats l'éloge d'un ouvrage sur l'utile influence de Luther. Ce matin, on y trouve une analyse de la brochure de M. Ganesco, intitulée : la Valachie depuis 1830 jusqu'à ce jour, que le Siècle a appréciée dans son numéro du 5 de ce mois, et que nous annonçons parmi les livres historiques, dans notre Bulletin bibliographique. De son côté, le Constitutionnel se livre à l'examen du Cours d'administration militaire de M. l'intendant Vauchelle, livre dont la première édition a paru en 1827.

Le Siècle a publié dans son feuilleton, du 21 au 28 mars, Un brillant mariage, nouvelle, par Emilie Carlen, traduite du suédois, et arrangée par MM. P.-J. Stahl (Hetzel) et L. Hymans. Les traducteurs ont fait précéder leur version de la note suivante :

La Suède a fourni à l'histoire littéraire de ce siècle deux noms remar quables et destinés à devenir populaires. Ce sont deux noms de femmes : Frederika Bremer et Emilie Carlen, nées toutes deux à Stockholm; la première en 1802, la seconde en 1810.

» Les romans de Frederika Bremer sont connus en Allemagne depuis plu sieurs années (et en France aussi, car plusieurs ont été traduits en notre langue). Ce sont des livres pleins d'une morale aimable et douce, consacrés à chanter le bonheur du foyer, à dépeindre les joies de la famille. Ils ont eu dans le Nord, quoique dans un autre milieu, tout le retentissement des œu vres de George Sand en France.

>> Mme Emilie Carlen est moins connue, et c'est par l'Angleterre que sa réputation se fraye un chemin en Belgique et en France.

Emilie Carlen est un écrivain plus remarquable peut-être que Frederika Bremer. Elle est plus artiste, elle a mieux saisi les qualités qu'exige le roman, elle intéresse plus vivement; ses tableaux sont aussi plus attachants et plus sérieusement instructifs.

» Elle débuta, en 1838, par un livre intitulé: Waldemar Klein, auquel succédèrent bientôt les Représentants, Gustaf Lindorm, les Frères de lait, le Fidéi-commis, un An de mariage, un Brillant mariage, etc.

» Nous avons été les premiers à faire connaître, en Belgique, quelquesunes de ces œuvres remarquables (un An de mariage, trad. par O. Squarr et Noël Parfait. Bruxelles, Kiessling, Schnée et Ce, 1854, 2 vol. in-32), auxquelles nous en ajoutons une aujourd'hui, qui mérite à coup sûr d'être placée au rang des meilleures productions du genre intime.

» Les livres de Mme Carlen ont cette qualité précieuse et rare, que, tout en traitant des événements les plus sérieux de la vie, ils constituent en quelque sorte des livres d'éducation pour tous les âges, et il n'est personne qui ne puisse les lire avec au moins autant de fruit que de plaisir

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De curieux récits et un exposé saisissant de l'histoire des grands princes et des czars russes, recommandent la Russie ancienne et moderne que publie le libraire Furne.

On vient de réimprimer l'État de l'empire de Russie et grand-duché de Moscovie, par le capitaine Margeret. Ce livre avait été publié 1607 pour la première fois. C'était Henri IV qui, s'occupant fort de l'état de l'Europe, dont il voulait remanier la carte, avait ordonné au capitaine Margeret de rédiger cette relation. Margeret avait longtemps servi en Russie; il était capitaine des gardes, du faux Démétrius, et après sa mort il revint en France. Sa relation

de Russie fut beaucoup lue; il parlait d'un pays inconnu, et il avait l'air d'un voyageur ou d'un aventurier revenu du bout du monde.

:

Je lisais dernièrement dans les Paroles mémorables de Brotier, le savant éditeur de Tacite « Les Français sont dans un mouvement continuel et ne se plaisent que dans un cercle de révolutions interminables (Brotier écrivait avant 89). Quoiqu'ils aiment leur pays, et qu'en général ils ne fassent guère cas de tout autre, ils se servent cependant de la guerre, des arts, des lettres, du commerce, de tous les métiers, en un mot, et ils en abusent souvent pour courir le monde. Aussi remarque-t-on, dans l'Europe surtout, qu'il n'y a pas une ville, pas une place, pas un bourg où l'on ne rencontre un Français .. Le capitaine Margeret justifie la remarque de Brotier. C'est un véritable officier de fortune courant le monde et prenant partout du service, s'inquiéter si les causes sont bonnes et ne vivant qu'à la solde et à la haute paye.

sans

En 1668, le czar Alexis, désirant faire nommer son fils roi de Pologne, envoya des ambassadeurs à Louis XIV pour solliciter son appui. Cela rappela l'attention sur la Russie, et un libraire réimprima le livre du capitaine Margeret.

Depuis Pierre le Grand, la Russie ne s'est jamais fait oublier en Europe. Cependant il serait possible que la réimpression qui se fait en ce moment de Margeret puisse être rapportée en quelque chose aux événements de notre temps. Il est curieux, au moment où l'Europe est occupée de la grandeur de la Russie, de voir dans le récit de Margeret les commencements de cette puissance.

Ce petit livre, publié par M. Chevreul avec le soin qui plaît aux bibliophiles, et qui séduit même ceux qui dans un livre ne voient qu'une lecture, mérite à toute sorte de titres l'attention du monde lettré.

SAINT-MARC-GIRARDIN (Journ. des Débats, 22 mars). On lit dans une correspondance de Rome adressée à l'Univers :

« Le gouvernement pontifical fait une publication importante. C'est le recueil de tous les actes du pontificat de pie IX, sous ce titre : Pii IX, Pontificis maximi, acta. Cette précieuse collection sera divisée en deux parties. La première, formant un beau volume, a déjà paru. Elle contient les allocutions prononcées par Pie IX dans les consistoires, ses encycliques, ses lettres apostoliques, les brefs relatifs à la foi, aux mœurs ou à la discipline. Elle s'ouvre par l'allocution du 27 juillet 1846, adressée au Sacré-Collége, après l'élection de Pie IX, et se termine par l'homélie que le Pape a prononcée le 10 décembre dernier, à Saint-Paul, hors les murs. On y trouve les actes relatifs à l'institution d'une congrégation spéciale pour la réforme des Ordres réguliers; à la fondation du collége Pie à Rome, et du grand collége de Sinigaglia; au rétablissement du patriarcat latin à Jérusalem, du patriarcat chaldéen à Babylone, et de la hiérarchie épiscopale en Angleterre et en Hol

lande;

aux concordats conclus avec l'Espagne, la Toscane, la Russie, les ré-publiques de Guatemala et de Costa-Rica; aux condamnations du théologien espagnol-américain Vigil et du professeur piémontais Nuytz; aux béatifications des vénérables serviteurs et servantes de Dieu : Anne Paradès, Jean de Britto, Germaine Cousin, André Bobola, Jean Grande, Paul de La Croix, etc.; tous les grands actes, en un mot, de ce pontificat si fécond, jusqu'à la définition dogmatique de l'Immaculée-Conception de la très sainte Vierge.

» La seconde partie de cette collection contiendra les actes de Pie IX qui

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