SCÈNE III. AZOR, seul. RÉCITATIF OBLIGÉ. Le soleil s'est caché dans l'onde; J'ai tout perdu ! Que fais-je au monde ? Azor! en vain ma voix t'appelle. Répond seul à ma voix. Revois Zémire. Elle est fidèle. Elle consent à vivre sous tes lois. Azor! en vain ma voix t'appelle, etc. Hélas! plus que moi-même, Je sens que je t'aimais. Et dans ce moment même, Plus que jamais, Je t'aime, Azor, je t'aime..... Le théatre change, et représente un palais enchanté. Azor y paraît sur un trône dans tout l'éclat de sa beauté.) SCÈNE V. ZÉMIRE, AZOR, troupe de Génies autour du trône où Azor est assis. Zémire! AZOR, s'élançant du trône. ZÉMIRE. Azor!... ô ciel! où suis-je? 5. AZOR. Aux voeux d'Azor Le ciel vous rend plus belle encor. ZÉMIRE. Qui? vous, Azor! est-il croyable! AZOR. Oui, je suis ce monstre effroyable, Que, malgré sa laideur, vous n'avez point haï. Soit pour vous le moins cher des dons que je vous faits. ZÉMIRE. Quel bonheur! quel prodige! et c'est moi qui l'opère! AZOR. Par vous la fée, en sa colère, Se laisse à la fin désarmer. ZÉMIRE. Ah! que je vous ai plaint! AZOR. Sa rigueur trop sévère M'avait laissé, Zémire, un cœur pour vous aimer. ZÉMIRE, AZOR; LA FEE, ramenant SANDER; FATMĖ, LISBÉ, ET ALI. LA FÉE, dans un nuage. Père vertueux et sensible, Revois ta fille. ZÉMIRE, se jetant dans les bras de son père. Ah! Oui, de toi-même il faut que je l'obtienne. Ta fille t'est rendue; et de ta volonté Dépendra ma félicité; Je n'ose dire encor, la sienne. SANDER. Ah! faites son bonheur; et quoi qu'il m'ait coûté, LA FÉE, sa cour, et les précédens. (La cour de la Fée célèbre l'hymen d'Azor et de Zémire.) (Le Ballet commence.) DUO. ZÉMIRE ET AZOR. Amour! amour! quand ta rigueur Met à l'épreuve un jeune cœur, (Le Ballet termine le spectacle.) COMÉDIE EN TROIS ACTES, MÊLÉE DE CHANT Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de Fontain bleau, le 26 octobre 1771. Et à Paris, par les comédien ordinaires du roi, le 14 mai 1772. CÉLICOUR. AGATHE. MUSIQUE DE GRÉTRY. ACTEURS. ORFISE, mère d'Agathe. ORONTE, frère d'Orfise et père de Célicour. CLITON, ami d'Orfise. UNLAQUAIS. Le lieu de la scène est le salon d'une maison de campagne. ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. CELICOUR, AGATHE CÉLICOUR. BELLE Cousine, eh quoi! vous me fuyez toujours! AGATHE. AIR. Je suis de vous très-mécontente, Chercher mes yeux ! me parler bas! Belle finesse! Vous croyez qu'on ne vous voit pas. Des vivacités Sans fin, sans nombre; Non plus que mon ombre; Je suis de vous, etc. CÉLICOUR. Pardon, belle cousine. Oui, je suis trop sensible: N'ont pas, je crois, besoin d'excuse. Quant aux vivacités dont je sais qu'on m'accuse, Rien de plus pardonnable. Avec moi, sans façon, Je vois que tout le monde en use, C'est à qui tous les jours me fera la leçon. C'est un avis pour moi. AGATHE. CÉLICOUR. Vous savez bien que non; Jamais l'amitié n'humilie. Mais il n'est pas ici jusqu'à monsieur Cliton, AGATHE. Pour celui-là, je vous supplie De le ménager. CÉLICOUR. Moi! AGATHE. Vous-même, et pour raison; Car c'est l'ami de la maison. CÉLICOUR. Vraiment! votre mère en est folle; Et comme elle chacun le croit, sur sa parole, AGATHE. Eh bien ! laissez-les croire. CÉLICOUR. Oh! tout cela me blesse. AGATHE. Mais, mon petit cousin, je ne sais pas pourquoi. CÉLICOUR. Par exemple, là, dites-moi S'il est bien qu'avec lui votre mère vous laisse |