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V'là des pompons pour ces demoiselles
Et de jolis étuis garnis;

V'la des sifflets pour les pièces nouvelles :
Depuis longtemps, j'en fournis à Paris.
Achetez de mes bagatelles,

Je vends le tout à juste prix
etc., etc...

V'là la p'tit' marchand' de plaisir,
Quest-c' qui veut avoir du plaisir !
Venez, garçons, venez, fillettes;
J'ai des croquets, j'ai des gimblettes
Et des bonbons à choisir.

V'là la p'tit' marchand' de plaisir ;
Du plaisir, du plaisir.

A la page 23 du Petit rien, almanach chantant ou recueil de chansons nouvelles sur des airs connus pour l'année 1773 et les suivantes, « à Gnide et se trouve à Paris chez Monory, libraire de S. A. R. Mgr le prince de Condé, rue et vis-à-vis de la Comédie Française », commencent les chansons des cris de Paris : le marchand de pierres à fusil, d'allumettes et d'amadou; le gagne-petit ou le rémouleur; le porteur d'eau ; le marchand de bouteilles cassées; la marchande de vieux chapeaux; le ramoneur; la marmotte en vie; la lanterne magique; le racccommodeur de faïence; la grande et la petite poste; le marchand de baromètres; le marchand d'oiseaux: la bouquetière; la petite loterie et le blanquier ; la marchande de croquets ; la marchande d'oranges; la marchande de tisane; la laitière; le marchand de poisson; le marchand de cerises; la marchande de groseilles; la marchande de fraises; la marchande de petits pois et de fèves de marais; la marchande d'abricots; la marchande de cerneaux; le marchand de pêches; la marchande de pommes ; la marchande de prunes de mirabelles; le marchand de raisins; le marchand de melons et de concombres.

Les vers de ces chansons sont médiocres et par trop grivois.

Mercier, dans son célèbre Tableau de Paris (nouvelle édition, Amsterdam, 1783, tome VI), se plaint amèrement du tumulte assourdissant des rues et des cris discordants poussés d'une voix aigre et perçante par les marchands ambulants : « Le porte-fallot crie la nuit. Mais qui ne crie pas dans le jour ? le petit peuple est naturellement braillard à l'excès: il pousse sa voix avec une discordance choquante. On entend de tous côtés des cris rauques, aigus, sourds: Voilà le maquereau qui n'est pas mort, il arrive, il arrive! des harengs qui glacent, des harengs nouveaux ! pommes cuites au four! il brûle! il brûle! (ce sont des gâteaux froids): Voilà le plaisir, Mesdames! voilà le plaisir ! (c'est du croquet) : à la barque ! à la barque! à l'écailler! (ce sont des huitres qu'on propose) Portugal, portugal! (ce sont des oranges). Joignez à ces cris les clameurs confuses des fripiers ambulants, des vendeurs de parasols, de vieille ferraille, des porteurs d'eau, des ramoneurs... Les hommes ont des cris de femmes et les femmes des cris d'hommes. C'est un glapissement perpétuel et l'on ne saurait peindre le ton et l'accent de cette pitoyable criaillerie, lorsque toutes les voix réunies viennent à se croiser dans un carrefour. >>

Mercier ne sait pas apprécier le côté pittoresque des petits métiers, tandis que de grands artistes, Boucher, Bouchardon, Poisson, Watteau, les trouvent dignes de leur crayon et les dessinent d'après nature.

Dans ses illustrations pour le « Tableau de Paris », (Yverdon, 1787), Dunker a dessiné le Vendeur de tisanne, « il porte une fontaine de fer blanc sur son dos; il a un bonnet garni de plaques et de plumes de héron; il est ceint d'un tablier blanc, il est pressé de reprendre

le gobelet auquel boit le petit enfant, pour faire boire la vieille. On ne peut rien faire lentement à Paris : d'autres attendent.» (Chap. CCCCXLVII).

Pendant la Révolution et aux sombres jours de la Terreur, la rue n'est pas silencieuse, mais elle est triste et morne (on y crie beaucoup de nouvelles vraies ou fausses, beaucoup de journaux et quels journaux !) pour ne reprendre une joyeuse animation qu'au commencement de l'Empire et à la fin du XIXe siècle, ainsi qu'on peut le constater dans les ouvrages suivants :

Les Personnages célèbres dans les rues de Paris, depuis une haute antiquité jusqu'à nos jours. Ouvrage rempli d'anecdotes curieuses, d'aventures extraordinaires et de hautes infortunes; avec des détails sur les premiers comédiens ambulants et leurs pièces dramatiques... Par J.-B. Gouriet. Paris, Lerouge, 1811, 2 vol. in-8.

Publié une seconde fois sous le titre suivant :

-Les Charlatans célèbres ou tableau historique des bateleurs, des baladins, des jongleurs, des bouffons, des opérateurs, des voltigeurs, des escamoteurs, des filous, des escrocs, des devins, des tireurs de cartes, des diseurs de bonne aventure, et généralement de tous les personnages qui se sont rendus célèbres dans les rues et sur les places publiques de Paris, depuis une haute antiquité jusqu'à nos jours. Seconde édition. Paris, Lerouge, 1819, 2 vol. in-8.

Les Cris de Paris, tableau poissard en un acte mêlé de couplets par MM. Francis, Simonin et Dartois, représenté pour la 1re fois, à Paris, sur le théâtre des Variétés le 18 septembre 1822. Prix 1 f. 50. Paris, au grand magasin des piêces de théâtre anciennes et modernes, chez Mme Huet libraire-éditeur, rue de Rohan no 21, au coin de celle de Rivoli, et Barbou, libraire au Palais-Royal, 1822. In-8.

Proverbes et dictons populaires, avec les Dits du mercier et des marchands et les crieries de Paris, aux xj et XIVe siècles, publiés d'après les manuscrits de la Bibliothèque du Roi, par G. A. Crapelet, imprimeur, chevalier

de la Légion d'honneur, membre de la Société royale des Antiquaires de France. A Paris, de l'imprimerie de Crapelet, rue de Vaugirard, 409, 1831. Gr. in-8.

Voir le Manuel de l'amateur de livres du XIXe siècle, de Georges Vicaire, à l'article Collection des anciens monuments de l'histoire et de la langue française.

- Cris de Paris. Paris, imprimerie Pihan de la Forest, s. d. (vers 1835). In-32.

Vignette sur la couverture et sur le titre.

- Les Français peints par eux-mêmes. Encyclopédie morale du XIXe siècle. Paris, L. Curmer, éditeur, 49, rue de Richelieu, au 1er, 1840-1842, 9 vol. gr. in-8 (y compris le Prisme].

5 vol. pour Paris, 3 pour la province et 1 pour Le Prisme. Au tome IV, de la page 201 à la page 304, les Cris de Paris par Joseph Mainzer. Frontispice et 11 types de l'époque dessinés par Pauquet (il y a deux tirages : l'un en noir, l'autre en couleur). Vignettes dans le texte, par le même artiste, représentant ces mêmes marchands ambulants sous le règne de Louis XV. Les figures sont : Les Cris de Paris, le pâtissier, le porteur d'eau, la laitière, le marchand de coco, le marchand d'habits, le marchand de mottes, de mort aux rats, de chaufferettes, de cages et de hannetons, le raccommodeur de faïences, le chaudronnier et le rémouleur, le marchand de parapluies, le marchand de peaux de lapin, le cafetier, le vitrier-peintre.

Au tome V, la halle, la marchande de friture, les maraichers, le marchand d'ustensiles de ménage. Texte de Mainzer, illustrations de Pauquet.

-Les Industriels, métiers et professions en France, par Émile de la Bedollierre (sic), avec cent dessins par Henry Monnier. Paris. Librairie de Mme Vve Louis Janet, éditeur, rue SaintJacques, 59, 1842. Gr. in-8.

Vignettes dans le texte et 30 planches hors texte; il y a des ex. où les figures sont coloriées; couverture illustrée représentant la première planche du livre (le Marchand de statuettes).

La Grande ville. Nouveau tableau de Paris, comique, critique et philosophique, par Ch. Paul de Kock. Illustrations de Gavarni, Victor Adam, Daumier, d'Aubigny, H. Émy, etc. Paris, au Bureau central des publications nouvelles, rue

des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois 11, 1842-1843. 2 vol. gr. in-8.

Au tome II, dont le texte est écrit par Balzac, Dumas, Frédéric Soulié, E. Briffault, etc..., chapitres sur les Halles, sur les bateleurs, etc.

- Les Rues de Paris. Paris ancien et moderne, origines, histoire, monuments, costumes, mœurs, chroniques et traditions, ouvrage rédigé par l'élite de la littérature contemporaine, sous la direction de Louis Lurine et illustré de 300 dessins exécutés par les artistes les plus distingués. Paris, G. Kugelmann, éditeur, 25, rue Jacob, 1844. In-8.

Quelques pages, par ci, par là, où il est parlé des petits métiers et cris de Paris.

Le Diable à Paris. Paris et les Parisiens, mœurs et coutumes, caractères et portraits des habitants de Paris, tableau complet de leur vie privée, publique, politique, artistique, littéraire, industrielle, etc., etc., texte par MM. George Sand, P.-J. Stahl, Léon Gozlan, etc., illustrations de Gavarni, Bertall, etc. Paris, publié par J. Hetzel, rue de Richelieu, 76, rue de Ménars, 10, 1845-1846, 2 vol. gr. in-8.

Au tome 2, pages 88 et 128, les petits métiers de Paris, 1re, 2e et 3 catégories, 28 vignettes de Bertall, très spirituelles entr'autres celles des vendeurs de cartons : le marchand et la marchande portent une sorte de brancard surchargé d'une pyramide de cartons et crient leur marchandise « Voyez tous les petits, tous les grands, tous les jolis car...tons, Mesdames! Cartons ronds, cartons carrés, cartons à champignons, cartons pour serrer chapeaux d'hommes et de dames! cartons de toutes grandeurs et de toutes couleurs! etc., etc. >>

Ce n'est pas un cri, c'est plutôt une chanson!

De la page 11 à la page 19, un article des plus intéressants de Balzac, intitulé : Ce qui disparaît de Paris, illustré de cinq vues de Bertrand et de neuf vignettes de Bertall, représentant des petits métiers.

Les Cris de Paris, avec leurs intonations et leur musique. Tableau pittoresque, historiettes morales et amusantes par M. Eug. Houx-Marc. Paris, Bedalet, 1851. In-18.

Avec douze vignettes (existent en noir et coloriées).

Eugène Houx-Marc est le pseudonyme de M. Marchoux.

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