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Le même prélata fait placer dans le choeur de sa cathédrale des bancs à dossier qui tournent autour du chœur contre le mur. On lit sous la corniche de ces bancs une légende qui rappelle cette générosité.

Pour avoir cette inscription en entier, il faut aller en chercher un fragment dans la chapelle qui est à gauche en entrant dans l'église, la chapelle Gorrevod, où l'on a transporté une partie de ces bancs. La voici :

PETRVS LAMBERT SABAVDVS CAMBERIACVS EPISCOPVS MAVRIEN ET PRINCEPS AC DECANYS ECCLIAE COLLEGIATAE S." SYNDONIS CAMBERII ABBASQUE PATERNIACI NUNC MISERERE AB HERETICIS OCCUPATI AD CELEBERRIMI TEMPLI HVJVS DECOREM ET ORNATVM NVDOS PARIETES LIGNEIS SVBSELLIS APTISSIME CINXIT ELEGANTISSIMAQUE TABVLARVM CONSTRVCTIONE ANNO A CHRISTI NATIVITATE MDLXXVI INTER CAETERAS IMPENSAS PIE OFFICIOSEQUE CONTEXIT.

On y voit son titre de doyen de la chapelle du SaintSuaire et d'abbé de Payerne qui était alors aux mains des calvinistes.

IV

J'ai copié la suivante chez le comte d'Arves; elle est gravée sur une pierre blanche au-dessous d'un écu aux armes de la famille Rapin. Les Rapin, originaires de Valloire, en Maurienne, portaient écartelé au 1. et au 4. d'or à l'aigle de sable et aux 2. et 3. d'or à trois roses de gueules boutonnées d'or:

IBI. JACET NO. D. (nobilis dominus) PETRUS RAPINI

DE CHOVDANA VOLOVII HV

JVS CIVITATIS ET TERRE COIS (comitis) COR
REARIVS. ET JVDEX QVI VIAM VNI
VERSAE CARNIS HUMNE. (humanæ) INGRES
SVS EST DIE 8 9bris A 1579

et après la date un I et un B liés par un nœud. J'ai déjà rencontré ces deux lettres liées sur une autre inscription funéraire, aux armes de la famille Rapin, que j'ai publiée dans les Mémoires de l'Académie de Savoie et qui porte la date 1587, assez rapprochée, comme on voit, de celle de notre inscription. Est-ce une signature ou une invocation à saint Jean-Baptiste, patron de la ville et du diocèse, dont on retrouve là les initiales, comme celles de Jésus IHS ou de la vierge M. dans d'autres inscriptions? Je crois à cette dernière hypothèse.

C'est à cette famille Rapin qu'appartenaient, suivant Grillet, Jacques Rapin, aumônier de la reine de France Catherine de Médicis ; son neveu Philibert Rapin, maître d'hôtel du prieur de Condé, décapité à Toulouse en 1558; arrière-petit-fils du précédent. et Paul Rapin de Thoiras, l'historien d'Angleterre,

V - VI

Pour le xvir siècle, je n'ai rencontré que cette petite inscription sur une croix de pierre dans la commune de Saint-Julien :

D. 0. M.

Comtes (communitos) EREXIT
1636

et celle-ci sur un siège en bois de la forme d'un lion
dont la queue sert de dossier, dans l'église de La Cham-
Saint-Jean:
bre, commune située à une lieue environ en deçà de

F. B. MARTIN

F. F. (fecit fieri ou fit faire)
1642

Je laisse aux savants le soin de décider si cette inscription est en latin ou en français. On trouve dans d'autres églises de la Maurienne des sièges de cette forme.

VII

J'aurais beaucoup d'inscriptions du xvin' siècle à vous donner, mais elles offrent en général si peu d'intérêt, que je me borne aux deux suivantes.

La première est gravée dans l'église cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne, sur une dalle à droite après la chaire, près du pilier.

CI. GIT. ILLUSTRE GEORGES DESALES

GRAND PRIEUR

D'AUVERGNE

DECEDE LE 12

OCTOBRE 1759

VIII

L'autre est gravée sur une dalle de marbre noir qui est aujourd'hui, avec bien d'autres objets, entassée dans une salle des cloîtres de l'ancien chapitre de Saint-Jean. Cette salle m'a été désignée sous le nom de chambre des Francs-Maçons. On y voit, entre autres objets, une série de panneaux sculptés et peints représentant la vie de saint Jean-Baptiste, qui paraissent être du XVe siècle et qu'il serait bon de ne pas laisser perdre ou pourrir. Voici l'inscription :

D. G. M.

HIC JACET

FRANCISC. LAMBERT LASCARIS

E COMITIBUS VIMTEMILIAE

MILITUM TURMAE

QUOS DRACONES VOCANT

IN LEGIONE REGINAE

PRAEFECTUS

NOBILIS GRAECORUM IMPERAT. SOBOLES

VITAM

QUAM AB HEROIBUS

LUNGA PRINCIPUM SERIE TRADUCTAM

HAUSERAT

HEROI CAROLO EMANUELI ET PATRIE TOTAM IMPENDIT

VIXIT ANN. LIII

MILITAVIT ANN. XXXIII

OBIIT ANN. SAL. M. DCCLIV

POST KALEND. MAII

Ce n'est pas le seul descendant de famille impériale qui soit venu mourir en Savoie. Les derniers représentants des Comnène sont aussi morts à Chambéry où ils cultivaient les lettres ou portaient le froc de saint François (1). L'un d'eux s'amusait à Chambéry, à la fin du XVIe siècle, à recueillir les inscriptions alors modernes du pays. RABUT FRANÇOIS.

(1) On trouve dans l'obituaire des Franciscains de Chambéry que j'annote en ce moment pour le public, et à la date du 17 juin, la note de la mort de Sigismond de Comnène qui commence ainsi :

Hac die hoc anno 1739° obiit frater Sigismondus de Comnene ex stirpe imperatorum grecorum de Comnene..... Voyez encore Grillet.

ARCHÉOLOGIE

VOIES ROMAINES (1)

(Suite)

La colonne représenterait un angle carré avec l'un des appendices de murs pointés et une autre ruine à quinze mètres le long de la route. C'était un bâtiment carré de quinze mètres de côté. Sa position en face de la colonne ferait présumer que c'était un fanum, et le bâtiment oblong, l'habitation de ceux qui le desservaient. M. Roche, dans ses Notes historiques sur les Centrons, 1819, dit que de son temps on voyait encore un autre restant de colonne et une portion d'un chapiteau d'ordre corinthien. Il assure que l'un des bâtiments avait dû être construit en briques. On prétend aussi y avoir trouvé des monnaies; mais elles ont disparu à l'appât du gain.

En suivant la route actuelle, au nord-est, on traverse un cromlech de 220 mètres de circonférence. Il était composé de soixante menhirs d'un mètre de hauteur; il en manque déjà quelques-uns.

A 70 mètres, toujours en suivant la route vers Aoste, les ruines présentent la forme de deux trapèzes inėgaux ajoutés l'un à l'autre. Mais ici la base est placée en sens inverse de l'autre, pour garantir les grands côtés de l'orage provenant du Grand-Saint-Bernard par le col Ferret et le glacier du Carmet. Pour la même fin, l'entrée principale est garantie par deux murs collatéraux, à la manière des anciennes constructions des pays montagneux. Les appendices du premier bâtiment avaient. probablement aussi la même destination. Toutes les ruines se trouvent répandues sur une longueur de trois cent cinquante mètres et à la hauteur de 2,186 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Je n'avais pas attaché d'importance aux édicules figurés par Peutiger dans les grands centres de la table Théodosienne; mais je fus frappé de la ressemblance de ces figures avec les deux principales ruines que je venais de mesurer. A part la forme du trapèze, qui était destinée à garantir des plus forts courants, je trouvais partout une cour au milieu, des chambres et des corridors tout autour. Cette parenté architectonique se révélait encore, quoique avec quelques modifications, dans le cavædium du Virgile du Vatican et le forum d'une petite ville donnés par Antony Rich, ainsi que dans l'édifice placé au centre du camp romain qui s'étendait depuis le Viminal jusqu'à la porte Esquiline, d'après le dessin d'Alex. Donati (1). La plupart des temples étaient rectangulaires, quelquefois ronds; mais la forme carrée n'était pas inouïe, comme l'assure le même auteur. Nous en avons, du reste, un exemple dans le temple de Janus à Autun. Or, la position de la colonne-Jou, en face de ce que je présume avoir été un sanctuaire, est respectivement la même que celle de la

(1) Quelques erreurs se sont glissées dans les deux premiers articles. Ainis, à la page 14 (51 ligne), le compositeur a écrit prieur au lieu de prince. A la page 23, (2 colonne, 55o ligne), dans la nomenclature des noms, après Arebrigium, on a omis les suivants: Ariolica, Alpis graia, Bergintrum, Axima, Darentasia, Oblimum, ad Publicanos, etc.

(2) Roma vetus et recens.

statue et du temple de Jupiter-Capitolin, tels qu'ils avaient été restaurés sous le consulat de Cicéron (1). Rassuré par ces rapprochements, je présentai l'ichnographie de tout l'ensemble, sur une échelle de 1/500°, au congrès scientifique de France tenu à Grenoble en 1857 M. de Caumont, dont le jugement est d'une si grande autorité en cette matière, n'hésita pas à y reconnaître le faire romain.

La station romaine était trouvée. Ce ne pouvait être qu'une mutation, à cause de la rigueur du climat et de la difficulté des approvisionnements. On n'y découvre aucun vestige d'agger ni de fossa qui puisse indiquer le castra stativa. Rien n'empêche que les Romains y aient campé dans la belle saison; mais les marques de tentes rondes et carrées qu'on y aperçoit ne peuvent guère être plus anciennes que les guerres de la République ou du premier Empire.

Quant aux autres corps de bâtiments dont l'appareil plus grossier révèle l'œuvre du moyen-âge, je les attribuerais volontiers à l'apôtre des Alpes, saint Bernard de Menthon. Les Sarrasins avaient poussé leurs incursions jusque dans nos montagnes (942). Hugues de Provence, roi d'Italie, les chargea de garder les principaux passages des Alpes du Nord contre son compétiteur Bérenger II, marquis d'Ivrée. Ils s'étaient donc cantonnés dans les Alpes graies et pennines. L'hospitium romain de l'Alpe pennine surtout, était devenu un repaire de brigands (2). C'est contre les horreurs qui s'y commettaient que notre saint compatriote, après avoir renoncé aux joies et aux espérances de ce monde, engagea une lutte de prières, d'austérités et de prédications, dont le triomphe devait amener l'établissement éminemment social des hospices du Grand et du PetitSaint-Bernard, à l'époque la plus sombre du moyenâge (968) (3). C'était comme deux rayons d'amour perçant au plus épais de la barbarie. Le zèle du réformateur s'étendit sur les diocèses de Sion, de Genève, de Tarentaise, d'Aoste, de Milan et de Novare, où les invasions des Arabes et surtout des Hongrois n'avaient laissé que des ruines de tout genre. Dans l'archidiocèse de Tarentaise, la piété reconnaissante a érigé vingt-cinq sanctuaires à ce bienfaiteur de l'humanité. Le remarquable monolithe de l'église de Saint-Marcel-sur-Moùtiers ne représente pas autre chose, selon mon opinion, que saint Bernard domptant le dragon infernal, et accosté des deux figures du vice et de la vertu.

Il faut avoir erré pendant la nuit au gré de la tempête et des orages, et joué vingt fois sa vie au milieu des lacs, des torrents et des précipices, pour comprendre ces monuments de gratitude (18 septembre 1844). Si vos pas égarés n'ont pu rencontrer qu'aux éclats de la foudre la maison hospitalière des bons religieux du Grand-Saint-Bernard, alors vous viendrez contempler avec amour, dans la chapelle historique du vieux manoir de sa famille, les précieux souvenirs de celui qui a sauvé tant de vies; vous foulerez avec respect la terre qui l'a vu naître.

Depuis plus d'un siècle l'hospice du Petit-Saint-Bernard n'est plus administré par les chanoines augusti

(1) Grævius, III, 411, 575.

(2) Montmélian et les Alpes, 48.

(3) Mémoires de l'Académie royale de Savoie, III, et X de la première série.

niens de Saint-Maurice; un prêtre séculier était chargé d'y exercer la même hospitalité. Aujourd'hui que l'œuvre vient de subir de nouvelles modifications, on aime à interroger le passé, et ces traînées de pierres, muettes pour le voyageur affairé, sont éloquentes pour ceux qui s'exaltent au souvenir des gloires de la patrie.

Trois races et trois époques religieuses revivent dans ces ruines, le Centron, le Romain et le Burgonde; le druide, le flamine et le prêtre catholique. Et quand à côté du cercle druidique et des monuments d'Auguste ou d'Agrippa, l'archéologie constate ce qui a pu être l'œuvre de saint Bernard de Menthon, l'amertume des regrets qu'inspirent les ravages du temps et des guerres, est tempérée par l'espoir que le foyer de charitě allumé depuis neuf siècles par le héros des Alpes, ne s'éteindra pas encore sur cette nouvelle limite de deux grandes nations. DUCIS.

(Sera continué.)

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3o Bulletins littéraires de la Bibliothèque universelle de Genève janvier, février et mars 1861.

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4 Revue du Lyonnais, livraison de fevrier 1861.

5o Revue des Alpes, livraisons de février et mars 1861.

6° Rapport sur l'administration de la Société de lecture de Genève, pour 1860.

7° Le passé, le présent et l'avenir de la photographie, par M. Alophe; don de l'auteur.

8 Annuaire administratif, etc. de la Haute-Savoie, 1861, par M. Favret: don de l'auteur.

9o Statistique générale de la Haute-Savoie, 1861, par M. Ch. de Picamilh; don de l'auteur.

10 Deux volumes du compte-rendu de l'Académie des Sciences de Paris; don de M Louis Calloud.

11° Etrennes patriotiques ou Manuel du citoyen, dédié aux habitants du département du Mont-Blanc, 1793; Annecy, Durand imprimeur; don de M. Poulet Baptistin.

12° Coup-d'œil sur le progrès, par M. le chan. Favre; don de

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Le Préfet de la Haute-Savoie, accompagné de MM. l'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées et l'inspecteur des forêts faisant fonction de Conservateur, s'est rendu, mercredi dernier, sur le lac d'Annecy pour, inaugurer les essais de pisciculture que l'administration doit poursuivre sur les cours d'eau du département. Des sujets provenant de l'établissement d'Huningue, truites de grande espèce, saumons, ombres-chevaliers, apportés par des gardes venus exprès, ont été déposés dans les parties du lac que ces gardes spéciaux ont jugées les plus propices.

C'est avec une vive satisfaction que nous constatons ces premiers essais, dont les résultats peuvent avoir une importance sérieuse pour l'avenir.

Bien que les fausses idées que l'on avait en France sur la Savoie commencent à se dissiper, il est toujours bon de faire voir que notre pays est depuis longtemps un pays avancé et plus avancé même, sous plusieurs rapports, que la plupart des départements.

Certains journalistes drôlatiques ont écrit et écrivent encore des voyages impossibles dans nos contrées; et jusques à Cham qui a abusé de notre patience!..... Nous ne devons donc laisser échapper aucune occasion de prouver à nos compatriotes des 86 anciens départements que la Haute-Savoie et la Savoie sont pour le moins aussi dignes qu'eux de s'appeler FRANCE.

Voici un fait :

Là où la civilisation règne, l'esprit d'association règne aussi ; et l'on peut juger d'un pays par le nombre de sociétés qui y existent. Annecy, ville de dix mille âmes, possède:

1° L'Association Florimontane, que nos lecteurs connaissent; |

2o La Société de musique, qui compose la musique municipale; 3. La Société chorale;

4° La Société philharmonique;

5° La Société de Saint-Hubert, dont les services ont pu être constatés par tous les chasseurs d'Annecy;

6 La Société d'Agriculture, transformée aujourd'hui en Comice agricole ;

7° Le Cercle du Commerce, qui compte 100 membres; 8° La Société philanthropique, institution admirable, qui compte 800 membres environ;

9 La Société pour l'extinction de la mendicité, qui a soulagé tant de misères tout en détruisant la fausse mendicité; 10° La Société de Saint-Vincent-de-Paul;

11° La Société pour secours aux vieillards infirmes, qui est en voie de formation.

Nous pourrions ajouter une douzième Société qu'il est question d'organiser, la Société des Arts, dont le but sera de répandre le plus possible le goût des arts libéraux, au moyen de réunions artistiques ou d'expositions.

La ville d'Annecy possède, outre les Sociétés que nous venons d'énumerer, beaucoup d'institutions de charité auxquelles l'esprit d'association a donné naissance; nous pourrions citer aussi les salles d'Asile, la maison du Refuge, etc., etc.

Trouvera-t-on beaucoup de villes de 10,000 âmes en France qui puissent rivaliser avec Annecy?

Nous apprenons par le Pays que des expériences viennent d'être faites en Angleterre sur un nouveau propulseur à l'usage des navires La roue-disque, comme l'appelle son inventeur, présente une sorte de paradoxe en mécanique navale. Il paraît impossible en effet que l'agitation de cette roue, plongeant en partie dans l'eau, en partie dans l'air, produise le moindre effet d'impulsion; l'expérience a pourtant fourni les preuves de la réalité de cette puissance mécanique.

L'essai a été fait sur la rivière de Blackwall, par l'inventeur M. Jean Aston. Un bateau à vapeur a filé six nœuds à l'heure avec une dépense de combustible inférieure à celle qu'aurait nécessité l'emploi de l'hélice ou des roues.

Il est difficile de comprendre comment un simple disque vertical, formé d'une lame mince de métal ou de bois, peut adhérer assez à l'eau pour produire un effet de propulsion très intense. Cependant l'adhérence des deux surfaces et l'effet de réaction qui en est la suite ont été parfaitement etablis dans cette course d'essai. Le disque-roue avait près de 5 mètres de diamètre, il plongeait dans l'eau à 60 centimètres environ; son épaisseur ne dépassait pas 40 millimètres; il faisait au plus 47 révolutions par minute.

Avec les roues à aubes, la vitesse aurait été de 7 nœuds au lieu de 6, mais on aurait dépensé 40 % de plus de charbon. On peut installer plusieurs disques sur un même arbre de couche.

Voici, selon M. Aston, les avantages du nouveau propulseur. Il est moins exposé que les roues à aubes à être démonté dans une tempête ou un combat; l'eau n'est nullement soulevée, et le navire n'entre pas en vibration; comme l'action du moteur s'exerce rigoureusement dans le sens du navire, elle sera mieux utilisée et l'on pourra atteindre de plus grandes vitesses; cette même action est continue et non intermittente; il n'y a aucun remous ni perte de force. Le vent et les vagues auront moins de prise sur le disque-roue; il fonctionne très bien dans la navigation sur les canaux et les rivières peu profondes; il pourra s'appliquer aux plus petites barques; enfin il n'exige pas de moteur puissant et procure une grande économie de charbon. On parle de reproduire à Paris les expériences faites en Angle.

terre.

Deux naissances très intéressantes viennent d'avoir lieu au jardin zoologique d'acclimatation.

La première est celle d'une pouliche naine, issue d'une jument shettlandaise et d'un étalon de Java, et qui n'est pas plus grosse qu'un jeune chevreau Rien de plus charmant que cette miniature de cheval.

La seconde, un faon de la biche d'Aristote, remarquable par sa force et très alerte. Dès les premières heures de sa vie, il gambadait autour de sa mère, dans le pare où il se trouve, et attirait par sa gråce et sa gaité l'attention de tous les promeneurs. On sait que le cerf d'Aristote est la plus grande espèce des cerfs connus. Il est originaire de l'Inde.

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ON S'ABONNE

EN FRANCE

REVUE SAVOISIENNE

Par un bon postal à l'or JOURNAL PUBLIÉ PAR L'ASSOCIATION FLORIMONTANE D'ANNECY

dre du Directeur,

A L'ÉTRANGER

Par un effet sur une maison d'Annecy,

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PARAISSANT LE 18 DE CHAQUE MOIS

Histoire Sciences— Arts — Industrie-Littérature

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L'ASSOCIATION laisse à chaque auteur la responsabilité entière
des opinions qu'il émet.

· Causerie littéraire : J'aime les morts, par Arthur de Gravillon, de M. L. Macon. Archéologie: Voies romaines (suite), par M. Ducis. Gênes (suite et fin), par M. L. Revon. Bibliographie Habitations lacustres des temps anciens et modernes, par M. F. Troyon, de M. J. Philippe. Chronique.

CAUSERIE LITTERAIRE

J'AIME LES MORTS, par Arthur de Gravillon (1).

Pendant mon pèlerinage d'Outre-Rhin, je me trouvai un soir à Berlin, flânant le long de la Lindenstrasse qui est le boulevard des Italiens de la capitale prussienne. Comme je sentais l'ennui me gagner à la sourdine, et que, selon moi, s'ennuyer est chose merveilleusement insensée, je suivis les badauds et les badaudes qui se pressaient sous le péristyle de l'Opéra. Une affiche colossale conviait le très honoré public à la première représentation d'un ballet intitulé Zamoïda. Séduit par les promesses du programme, j'entrai comme les autres, et, bientôt après, j'étais assis dans une loge, enchassé entre deux honnêtes Berlinois qui portaient des lunettes et disaient des choses très convenables. A la vue de leurs profils arides, un spleen plus affreux que le premier allait m'envahir, quand la toile se leva au milieu des fanfares de l'orchestre.

Un essaim de danseuses vint tourbillonner devant la rampe et me fit oublier les mines refrognées de mes deux voisins.

L'héroïne de l'histoire, la belle et blonde Zamoïda, avait fait vou de virginité un jour où, descendant de la montagne, elle allait glisser dans un précipice sans le secours inespéré d'une fée accourue à ses cris de détresse. Sa libératrice la baisa au front, fit quelques pirouettes devant elle et disparut. Le danger passé, la jeune Zamoïda oublia ses serments et se prit d'amour tendre pour un berger des environs qui était le plus beau danseur de sa bourgade. Enfin le jour des noces arriva. Villageois et villageoises, bambins et joueurs de violon accouraient tous pour célébrer la fète; des elfes, des nymphes et des sylphides folâtraient à l'envi sur la lisière des bois ; seule, une fée ne partageait pas l'al

(1) Paris, à la Librairie Nouvelle, boulevard des Italiens, 15.

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légresse générale et se tenait à l'écart au pied d'un vieux chène, la figure assombrie et les yeux courroucés.

Les danses allaient leur train, la joie rayonnait sur tous les visages, quand, tout-à-coup, un sillon rougeâtre traverse les airs. Aussitôt les rondes champêtres cessent, les rires éclatants se brisent, les ténèbres envahissent la scène, et la fée, sous le costume de la mort, enlève la fiancée parjure et l'entraîne avec elle dans les nuages. Des éclairs rayent l'obscurité de serpents de feu, le tonnerre gronde, l'orage éclate. Saisis d'épouvante, gens de la noce et nymphes légères, paysannes et sylphides se sauvent pêle-mêle dans les coulisses ou disparaissent dans des trappes.

Je regagnai mon hôtel, poursuivi par le cauchemar de ce ballet lugubre. Pour éviter l'ennui, j'avais gagné la tristesse aussi cette soirée laissa-t-elle dans mon esprit une impression profonde que le temps n'est jamais parvenu à effacer.

La lecture du dernier livre de M. Arthur de Gravillon a involontairement réveillé dans ma mémoire ce souvenir de Berlin. Au milieu de ces nombreuses publications à la mode qui racontent les moindres faits et gestes des héroïnes du demi-monde, au milieu de cette avalanche d'écrits immoraux ou frivoles qui couvrent de la même honte l'écrivain et le lecteur, ce livre m'est apparu comme la fée vengeresse dans le ballet de Zamoïda. A ces étranges débauches du cœur, à ces navrantes saturnales de l'esprit, il fait succéder de fortes et salutaires pensées; aux voix enrouées de l'orgie, il vient mêler une note grave, retentissante, solennelle. Aux oublieux, aux cyniques, aux corrupteurs, aux parjures, à tous les orgueilleux de livrée et à tous les empileurs d'écus, il montre un pâle et froid fantôme qu'ils n'osent pas regarder en face, car sa vue trouble leurs plaisirs, assombrit leurs fêtes et jette l'effroi dans leurs consciences.

J'aime les morts! tel est le titre du nouveau volume que M. de Gravillon a laissé en souvenir à un ami, au moment où il quittait Lyon pour aller habiter Florence. A vrai dire, c'est moins un livre qu'un assemblage de fragments détachés trouvant leur unité dans la pensée générale qui les anime: du reste, l'auteur en convient. lui-même très sincèrement dans son épilogue. Cette œuvre n'en est pas moins recommandable et je la signale avec plaisir aux esprits cultivés, amoureux des études consciencieuses, et à ceux que fatiguent la futilité ou l'immoralité de la plupart des publications con

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