Le neveu de Rameau

Front Cover
A. Quantin, 1883 - 279 pages

From inside the book

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 97 - Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d'Argenson. Je m'entretiens avec moi-même de politique, d'amour, de goût ou de philosophie...
Page 174 - Ainsi quand je lis l'Avare, je me dis : Sois avare si tu veux, mais garde-toi de parler comme l'avare. Quand je lis le Tartuffe, je me dis : Sois hypocrite si tu veux, mais ne parle pas comme l'hypocrite. Garde des vices qui te sont utiles ; mais n'en aie ni le ton, ni les apparences qui te rendraient ridicule.
Page 144 - Dans la nature, toutes les espèces se dévorent; toutes les conditions se dévorent dans la société. Nous faisons justice les uns des autres sans que la loi s'en mêle. La...
Page 153 - ... et plus analogues à leurs petits besoins particuliers que des vertus qui les gêneraient en les accusant depuis le matin jusqu'au soir, il serait bien singulier que j'allasse me tourmenter comme une âme damnée pour me bistourner et me faire autre que je ne suis...
Page 213 - Comment se fait-il qu'avec un tact aussi fin, une si grande sensibilité pour les beautés de l'art musical, vous soyez aussi aveugle sur les belles choses en morale, aussi insensible aux charmes de la vertu...
Page 106 - N'en déplaise à ce m1nistre sublime que vous m'avez cité, je crois que, si le mensonge peut servir un moment, il est nécessairement nuisible à la longue; et qu'au contraire la vérité sert nécessairement à la longue , bien qu'il puisse arriver qu'elle nuise dans le moment.
Page 204 - Si cela est beau, mordieu ! si cela est beau ! comment peut-on porter à sa tête une paire d'oreilles et faire une pareille question ? Il commençait à entrer en passion et à chanter tout bas, il élevait le ton à mesure qu'il se passionnait davantage ; vinrent ensuite les gestes, les grimaces du visage et les contorsions du corps ; et je dis : Bon ! voilà la tète qui se perd et quelque scène nouvelle qui se prépare En effet, il part d'un éclat de voix; je suis un pauvre misérable Monseigneur,...
Page 100 - Ils m'arrêtent une fois l'an quand je les rencontre, parce que leur caractère tranche avec celui des autres et qu'ils rompent cette fastidieuse uniformité que notre éducation , nos conventions de société, nos bienséances d'usage ont introduite.
Page 117 - C'est la vérité. LUI. — Et je vais vous le dire. Avant que de commencer, il pousse un profond soupir et porte ses deux mains à son front. Ensuite, il reprend un air tranquille et me dit : Vous savez que je suis un ignorant, un sot, un fou, un impertinent, un paresseux, ce que nos Bourguignons appellent un fieffé truand, un escroc, un gourmand...
Page 189 - S'il importe d'être sublime en quelque genre, c'est surtout en mal. On crache sur un petit filou, mais on ne peut refuser une sorte de considération à un grand criminel. Son courage vous étonne; son atrocité vous fait frémir. On prise en tout l'unité de caractère.

Bibliographic information