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d'Amiens fut donné à François Labitte, pour se voir condamné à payer une somme de 50 livres pour 3 muids de cidre à lui fournis, et un prêt fait par d'Arie, de laquelle somme doivent être soustraites 6 livres pour prix d'un obit, et 15 sous payés par Labitte en l'acquit de d'Arie à un maréchal de Grandvilliers.

Le 20 novembre suivant Labitte répliqua par une requête audit bailliage, tendant à ce que d'Arie fût condamné à lui payer les menues dimes de Frocourt. Le 15 mars suivant, il repoussa directement la demande de d'Arie, par ce motif que le prix des deux premiers muids de cidre était plus que compensé par une dette de 21 livres 15 sous, et que le prix du troisième muid était également plus que compensé par la dette des prestations de 4 années des menues dimes. Le fondement de cette réponse fut nié par une réplique de d'Arie du 5 avril. Le 30 avril Labitte maintint sa prétention que la fourniture de cidre ne lui avait été faite qu'en paiement des menues dimes. Cette prétention fut repoussée le 7 juin par d'Arie.

Le 16 juin, l'abbaye de Saint-Pierre de Sélincourt requit son intervention au procès, à laquelle d'Arie fit opposition le lendemain, et qui fut admise le 21 juin, par la Cour qui, le 28, condamna Labitte à payer à d'Arie 30 livres pour 2 muids de cidre, sauf à lui à répéter ladite somme, en cas d'adjudication du droit de dime, dépens réservés; et ordonna en même temps le délibéré et la remise des pièces en les mains de M. Le Caron d'Avesnes, conseiller à la Cour. Pendant le cours de cette instance, d'Arie demandait autorisation de citer en diffamation Labitte pour écrit contenant propos injurieux contre lui. Labitte en même temps réclamait les dimes de 1690 à 1695, et demandait la fixation de la quotité des fruits perçus pendant ces 5 années, et le 16 février 1698, il assignait également en paiement les habitants de Frocourt, sous peine de cesser le service dans la chapelle, et le service ayant cessé, les habitants faisaient requête au bailliage tendant à ce qu'il fût retenu à Labitte 3 livres par chaque dimanche ou fête où il n'aurait pas célébré la

messe à Frocourt, laquelle somme serait remise à la fabrique pour être employée en achat de terres à son profit.

En même temps lesdits habitants sommaient Labitte de comparaître au bailliage pour se voir condamné à payer à d'Arie 48 livres pour 6 années de revenus d'un journal et 87 verges de terre au chemin du moulin, et à restituer les dites terres et divers objets mobiliers par lui enlevés à l'église; ils sommaient en même temps l'abbaye de Sélincourt comme curé primitif et gros décimateur de rétablir le service délaissé par le curé, et de comparaître au bailliage pour les indemniser du dommage causé.

Le 9 mai, la maison et les meubles de Labitte, à Frocourt, furent saisis en exécution de la sentence du 28 juin 1695, le condamnant à payer 30 livres à d'Arie. Labitte, le 13 mai, fit opposition à la saisie par ce motif que des 30 livres il avait payé 19 livres 10 sous dont il avait quittance, et qu'il avait droit au restant, 10 livres 10 sous, pour frais de voyage. Le 8 août, les parties convinrent de remettre le jugement de la cause à des arbitres, et ils choisirent en cette qualité Charles Forcedebras, prêtre, docteur en théologie, et chanoine-archidiacre d'Amiens, et Louis Le Caron d'Avesne, chanoine de la cathédrale, conseiller au bailliage et siège présidial d'Amiens, qui le 5 novembre rendirent une sentence aux termes de laquelle des 30 livres en question, déduction devra être faite à Labitte de 19 livres 18 sous, et les 10 autres livres 10 sous demeureront compensées avec les frais de saisie et de voyage, à moins que d'Arie n'aime mieux qu'ils soient taxés. Le 26 novembre signification fut faite à d'Arie d'avoir à comparaître à quinzaine au bailliage d'Amiens pour voir homologuer la dite sentence.

Le 29 décembre, d'Arie mandait à son procureur d'opposer à la sentence arbitrale l'exception d'avoir été rendue sur papier com mun; et au cas où néanmoins elle serait homologuée, de demander une expertise.

Le 26 février 1699, une ordonnance du présidial nommait comme

juge-commissaire en la cause, M. de Montmignon, conseiller au bailliage d'Amiens, avec injonction aux parties de lui remettre les pièces. Le 26 mars, une senteuce déboutait Labitte de sa demande d'homologation de la sentence arbitrale. Le 12 mai, Labitte forma opposition, et le 19 mai le bailliage commit M. de Montmignon pour en connaître. Le 2 juillet, une sentence intervint contre Labitte, et le lendemain les dépens obtenus par d'Arie furent taxés. Le 13 juillet, Labittė interjeta appel des sentences du 26 mars et 2 juillet. Le 4 mai précédent, d'Arie avait renouvelé son action en diffamation contre Labitte; et le 16 juin avait fait agréer par le bailliage d'Amiens une requête tendant à ce que ledit bailliage prit connaissance de la demande contre lui faite par l'abbaye de Saint-Pierre de Sélincourt de 29 années de censives à raison de 9 livres par an, et d'une poursuite intentée contre Etienne Belhomme, charron, et Philippe Boullenger, laboureur à Dargies, pour être condamnés à 100 livres d'amende pour avoir abatto des ormeaux dans les haies de Frocourt, dont l'abbaye prétend avoir la voirie, quoiqu'elle sache que c'est d'Arie qui les a vendus aux accusés à la prière du père Froissart, précédent prieur, pour se rembourser de plusieurs sommes à lui dues par la dite abbaye.

Réparations à l'église de Frocourt.

La fabrique de l'église de Frocourt est mentionnée comme propriétaire d'un journal de terre tenant à la rue, et de 2 autres journaux; elle donnait ces terres en location. L'entretien du chœur et de la nef de l'édifice incombait à l'abbaye de Saint-Pierre de Sélincourt, comme gros décimateur. Des lettres du prieur, M. Froissart, à M. d'Arie, lui annoncent, pour cet entretien, l'envoi de chevrons, de lattes, de clous, de tuiles, de couvreurs et de maçons, pour les travaux de couverture, après lesquels on pourra faire donner la bénédiction par l'évêque, et célébrer la messe.

Ces missives de l'année 1697 contiennent en même temps la nou

velle de dons d'are aube, d'un missel, d'un tableau de sainte Madeleine. Le 4 juillet 1698, Henri Feydeau de Brou, évêque d'Amiens, leva l'interdit prononcé par son archidiacre sur la chapelle de Frocourt, les habitants ayant satisfait en majeure partie à leurs obligations, à condition néanmoins que la nef serait couverte de tuiles, et les autres réparations exécutées avant le 1er novembre, délai qui, par lettre épiscopale du 7 novembre, fut prolongé jusqu'au 1er mai suivant. A ces injonctions, d'Arie répliqua, le 4 mars 1699, en son nom et en celui des habitants de Frocourt, en demandant à l'officialité d'Amiens à ce que l'abbaye de Saint-Pierre de Sélincourt fût condamnée à couvrir le chœur et la nef de l'église et à réparer les fonts baptismaux: l'officialité autorisa les poursuites. Le 13 avril, signification fut faite à l'abbaye de comparaître en la Cour épiscopale pour se voir condamnée à l'exécution des dites demandes, et en outre à faire célébrer la messe en l'église de Frocourt, et tous les devoirs curiaux, par son vicaire, ce à quoi l'abbaye est tenue en sa qualité de curé primitif et gros décimateur.

Le 30 mai, d'Arie reçut de M. de Cermoise, curé de Thieulloyl'Abbaye et Fay, une lettre à lui adressée en son château de Frocourt, lui annonçant que le prieur de Sélincourt veut bien contribuer pour sa part aux réparations qu'il a faites par ordre de son prédécesseur dans la chapelle; qu'il n'empêche pas que le curé de Saint-Romain ne célèbre le service les dimanches et les fêtes ainsi qu'il a été convenu par compromis; que quant au rétablissement des fonts baptismaux, il prétend que le baptême doit être administré dans la paroisse appartenant à l'abbaye; qu'il veut bien qu'on lève l'interdiction mise sur la chapelle; que quant aux dimes sacramentelles, d'Arie ne peut refuser de les payer au curé qui administre les sacrements; et que finalement il demande la cessation de toute poursuite. Divers travaux étaient alors exécutés à l'église el payés par M. de Frocourt.

Le 12 mai, il donna 54 sous à Nicolas Martin, maître charpen

tier à Dargies pour 3 jours de réparations à la nef; le 18 juin, il paya 8 livres à Pierre Bacqueret, couvreur de tuiles à Dargies pour avoir fait 18 toises de couverture à neuf en tuiles, au mois d'avril, suivant prix fait avec le père Froissart, et 20 sous pour avoir aidé environ un jour et demi le charpentier à découvrir le chaume qui était sur l'église, opération pour laquelle il lui a fourni en outre un demi pot de cidre à chacun de ses repas; le 22 juillet, il donna 48 livres à Nicolas Marille, briquetier, pour livraison de 6,000 tuiles à l'église.

Plusieurs années après, on voit Madame de Frocourt payer : le 1er mars 1702, 35 sous à Antoine Lesec, vitrier à Grandvilliers, pour un panneau de vitre refait; le 13 décembre, 5 sous pour avoir remis 5 carreaux; le 24 décembre 1712, 40 livres à Pierre Damonneville, cirier, à Grandvilliers, pour 10 livres de cire en 40 cierges de 1708 à 1712; le 20 juillet 1704, 4 livres à Antoine Lesec pour réparations aux vitres; le 28 octobre, 65 sous pour mêmes travaux en 1700, 1702, 1704; le 25 avril 1708, 4 sols pour mise de 4 carreaux ; le 4 mars 1709, 40 sous pour réparation aux vitres ; le 3 septembre 1709, 10 sous pour mise de carreaux ; le 4 mars 1709, à Pierre Damonneville, 24 livres 6 sous pour cire fournie de 1702 à 1707 et le 31 décembre 1707, 7 livres à Nicolas de la Paix, demeurant à Dameraucourt pour avoir refondu les cloches; le 4 février 1711, 4 sous à Lesec pour pose de 4 carreaux au chœur ; le 25 mai 1720, à Nicolas Hurel, couvreur, 100 sous pour réparation, et 52 sous 6 deniers à Antoine Lhotellier pour même travail.

La femme d'Antoine d'Arie, Gilleberte de Villelongue, était morte en 1681 (1).

Il en avait un fils, Antoine d'Arie, écuier, seigneur de Feuquières, ayant ses biens propres, et ayant laissé à ce titre quelques actes d'administration. Le 15 janvier 1676, il acquit de François Hucher,

(1) X. 11.

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