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toutes empreintes d'une exquise courtoisie, et sa bonhomie souriante, aiguisée parfois d'une pointe d'aimable malice. Bienveillant, affable, toujours prêt à accueillir les travailleurs, même les plus humbles, donnant et prodiguant à tous ses conseils et ses encouragements, mettant à leur disposition sa grande expérience, son érudition si étendue, sa précieuse bibliothèque. Ce ne sont pas seulement les archéologues et les savants qui le regrettent; ce sont encore ses nombreux amis, accourus ici pour lui donner un dernier témoignage de leur profonde sympathie.

› Les membres de notre Société, en particulier, n'étaient pour lui que des amis, et je crois être leur interprète à tous, en affirmant qu'ils ressentent douloureusement la perte que nous faisons en sa personne.

› Au nom de la Société des Amis de l'Université, je vous salue, monsieur Vernière, dans un suprême adieu. Si quelque consolation peut adoucir l'amertume de votre irréparable perte et atténuer l'immense douleur de celle qui fut la compagne de vos jours, c'est la pensée que vous nous quittez après une vie si bien remplie, tel un bon ouvrier qui a fait jusqu'au bout sa tâche, laissant aux siens le double et inestimable héritage: le souvenir d'un homme de bien et la réputation d'un savant. »

Puis le cercueil a été placé dans un fourgon et transporté à Saint-Germain-Lembron, où a eu lieu l'inhumation.

Note sur une épée celtique trouvée à Pont-du-Château

Le 6 septembre 1906, M. Henri Bresson, étudiant, pêchait dans l'Allier en compagnie de son père, M. BressonLacroix, propriétaire à Pont-du-Château, et de plusieurs amis, lorsque, à cinq cents mètres environ au-dessous du pont, il aperçut dans le courant, réduit à cette époque à sa

plus simple expression par suite de la sécheresse exceptionnelle de l'été, un objet de forme allongée et de couleur verdâtre. Machinalement il le saisit et le retira du sable sur lequel il reposait. Il constata alors avec étonnement que ce qu'il avait pris pour un vulgaire morceau de bois foncé par l'humidité était une épée antique.

Cette épée est tout entière en bronze. Elle a été quelque peu altérée dans ses parties les plus délicates par l'action des eaux et les chocs qu'elle paraît avoir subis, soit entre les mains du guerrier qui la posséda, soit au cours de son transport par le courant au point où elle a été trouvée. Toutefois, les pièces essentielles sont assez bien conservées pour qu'on puisse facilement en relever les détails caractéristiques.

Sans présenter des dimensions extraordinaires, elle est une des plus longues qui se voient dans nos musées. Elle mesure, en effet, 75 centimètres du pommeau à l'extrémité de la lame. La pointe manque. Sa longueur primitive devait être de 80 centimètres environ.

Elle se compose de deux pièces seulement la poignée et la lame.

La poignée, ainsi qu'on l'observe dans la plupart des épées celtiques sinon dans toutes est courte. Elle n'a que

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11 centimètres.

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Contrairement à ce qu'on peut constater dans les épées moins anciennes ou plus communes, elle n'est pas formée par des plaques d'os ou de bois appliquées et rivées sur une soie plate aux contours plus ou moins rectilignes. Comme celle de la belle épée d'Uzès, que possède le Musée d'Artillerie, elle est faite d'un seul bloc de métal évidé à l'intérieur pour recevoir la soie.

La fusée n'a que 8 centimètres de long. La main d'un homme n'y est pas à l'aise. Son diamètre est, au pommeau, de 17 millimètres; à la garde, de 22.

Elle est terminée par un champignon portant sur le chapeau quatre cercles concentriques. Elle est ornée, à fleur du pommeau, de quatre autres cercles dessinant un anneau, et,

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Épée en bronze trouvée à Pont-du-Château

sur toute sa surface, de reliefs géométriques d'une exécution. parfaite consistant en chevrons unis alternant avec des chevrons qui imitent, ce semble, une tresse ou un galon. Cette décoration artistique se voit rarement sur les poignées de la même époque découvertes en France. Le musée de SaintGermain, pourtant si riche en objets de ce genre, n'en possède aucune qui s'en rapproche. Il faut, pour trouver une ornementation similaire, se référer aux épées scandinaves dont ce musée contient divers moulages ou dessins.

La garde a la forme d'un croissant dont la corde, d'une corne à l'autre, mesure 8 centimètres. Les contours de ce croissant sont ornés, sur la partie convexe, de trois filets gravés au burin et, sur la partie concave, de trois autres filets continuant les premiers, mais dont les intervalles sont remplis par des traits disposés en barbe de plume.

La lame mesure 64 centimètres. Elle a la forme d'une feuille d'iris, large de quatre centimètres. Le talon a celle d'un delta ou d'un triangle. Il est solidement fixé dans la douille de la garde par six rivets. Au-delà de ces rivets, il se rétrécit brusquement pour former la soie. Celle-ci, très étroite, pénètre dans la fusée. Elle y est saisie, à un centimètre et demi du pommeau, par un septième rivet qui traverse la fusée de part en part.

Le talon est chargé de nervures fines, venues à la fonte, et de traits gravés au burin qui semblent sortir de la garde comme une végétation. Nervures et traits vont se resserrant suivant les bords du talon et se rejoignent, à quelques centimètres de la garde, pour former une nervure plus saillante et quatre autres un peu moins fortes. Ces cinq nervures, très rapprochées, courent parallèlement sur toute la longueur de la lame jusqu'à douze centimètres de l'extrémité où elles se perdent en pointe. Ce dessin est identique sur les deux faces de la lame.

Quelle est la provenance de cette épée ? Comment est-elle tombée dans la rivière? Y a-t-elle été perdue au passage de quelque expédition? Y a-t-elle été entraînée par un éboule

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