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» l'église, leur rang et siège accoutumés, scavoir le >> haut vers la nef et leur Prieur ancien occupera » la première chaize du costé gauche et les Pères » de la Congrégation seront consécutivement ès >> sièges, vers le grand autel; pareil ordre sera » gardé aux processions et partout ailleurs.

« Pourra le Prieur ancien faire l'office et célé»brer la messe ès sollempnistez de Pasques, de » l'Assomption, de la Sacrée Vierge, de S. Vincent, » de S. Germain, à la charge de s'accommoder aux >> exercices et heures des Pères de la Congrégation; >> en ces jours, le dict Prieur ancien fera le signe » et donnera les bénédictions; aux autres jours, >> ce sera le Prieur claustral » 1.

Les Anciens forment donc une sorte de communauté juxtaposée à la principale, dans l'intérieur du même monastère. Cette situation qui, à première vue, semble déplorable pour la régularité, n'a, en réalité que peu d'influence sur la discipline, par le fait du petit nombre des Anciens et de l'état de sécularisation où ils ne tardent pas à se réduire. Somme toute, bien qu'ils aient, officiellement, leur existence, monastique, leur Prieur spécial, leurs places au chœur, ce sont des prêtres qui vivent dans leurs prébendes et conservent une indépendance complète envers le monastère qui les abrite. De temps en temps, quelques-uns, touchés par la grâce et par le souvenir de leur vocation, se détachent du groupe des Anciens et viennent solliciter leur admission dans la Congrégation de St-Maur.

1. Bibliothèque Nationale, f. fr. 24054.

Mais ce n'est que l'exception. En général, les Anciens se maintiennent jusqu'à leur mort, formant, dans l'intérieur de l'abbaye, une société séparée, souvent hostile. C'est une lourde charge pour la mense conventuelle et, parfois, un danger dans certaines circonstances critiques 1.

A partir de 1631, dom Tarrisse est installé à St-Germain-des-Prés. C'est de là que partent les ordres du gouvernement dont nous devons, maintenant, étudier les Constitutions.

1. Dom A. du Bourg: La Vie Monastique dans l'abbaye de St-Germain-des-Prés, Revue des Questions historiques, t. 78, année 1905, PP. 445, 446, 447 et passim.

CHAPITRE V.

LES CONSTITUTIONS.

I

Lorsque la Congrégation de St-Maur s'établit en France, en 1618, il ne lui fut pas possible d'obtenir une bulle d'érection. Les frais exigés, par la daterie pontificale, dépassaient, de beaucoup, les ressources de la Société naissante. Grégoire XV, qui succéda à Paul V, en 1621, accorda la remise de ces droits 1.

Plusieurs écrivains mal instruits ont considéré dom Grégoire Tarrisse comme le seul auteur des Constitutions de St-Maur, imprimées en 1645 et publiées sous ce titre : « Constitutions pour le gou» vernement du régime de la Congrégation de » St-Maur, Ordre de S. Benoît, publiées confor» mément aux instructions et avec l'approbation du » chapitre général de la même Congrégation ». Voici l'origine et le progrès de ce code bénédictin 2.

Les premiers Pères de St-Maur, tous français

1. En 1627, une bulle de confirmation fut nécessaire, à la suite d'une tentative d'union avec St-Vanne, qui n'aboutit pas. La bulle d'Urbain VIII, fulminée à Paris, le 16 mai 1629, fut enregistrée au Parlement de cette ville, le 21 mars 1633.

2. Tassin Histoire littéraire de la Congrégation de St-Maur, article Tarrisse, p. 37: Mémoires de dom Bernard Audebert, édition Guilloreau, Archives de la France monastique, t. XI, avant-propos; Vanel: Nécrologe, etc.

Dom Grégoire Tarrisse

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d'origine, avaient été obligés, comme nous l'avons vu déjà, d'aller en Lorraine pour prendre le véritable esprit de S. Benoît, dans le monastère de St-Vanne. Ils en rapportèrent les Constitutions de St-Vanne et du Mont-Cassin, pour leur servir de guide, dans leur sainte entreprise. Cependant, ils ne tardèrent pas à s'apercevoir que ces régimes renfermaient des variantes assez notables. Les Supérieurs, dans la Congrégation du Mont-Cassin, pour n'en citer qu'un exemple, portaient, encore, le titre d'Abbés, mais ils n'étaient plus que triennaux. Au début, même, leurs pouvoirs n'allaient pas au delà d'une année. De plus, c'était au chapitre général qu'était dévolue leur élection; au chapitre général, encore, que revenait le soin de répartir les moines, dans chaque monastère; de nommer les différents officiers, Prieurs, Cellériers, Doyens, etc. Avec une pareille pratique, on s'éloignait de l'esprit et de la lettre de la Règle bénédictine. Celle-ci, au contraire, suppose que chaque monastère est un milieu composé d'éléments stables et où l'Abbé, librement élu par les moines, jouit, à vie, d'une charge qui lui confère tout pouvoir d'organiser sa propre maison.

Pendant les dix premières années de la Congrégation de St-Maur (1618-1628), les Mauristes avaient procédé très régulièrement à l'élection annuelle du Président du régime, appellation primitive du Supérieur Général. Ils ne tardèrent pas à s'apercevoir des troubles qui résultaient de ces change

préface, page XXII et suiv. ; Bibliographie dans Beaunier: Recueil historique (Archives de la France monastique, IV, p. 102 sq.).

ments fréquents. Dom Maur Dupont, élu Président, au chapitre de 1627, en fut si frappé, qu'il conçut le dessein d'élaborer de nouvelles Constitutions. Il se retira, pour cet effet, à Noaillé, avec quelques Supérieurs. Ils envoyèrent, ensuite, leur ouvrage dans les monastères pour le faire lire et approuver. Mais le chapitre général de 1630, où dom Tarrisse fut élu Supérieur Général, ne s'en montra pas satisfait et nomma des commissaires pour le retoucher. Cette assemblée, afin de remédier aux inconvénients, signalés plus haut, revint au principe de la triennalité, avec faculté, néanmoins, pour le Supérieur Général, d'être prorogé dans ses pouvoirs, si l'intérêt de la Congrégation ou les circonstances l'exigeaient. Par cette mesure, le chapitre général, tout en gardant son pouvoir de contrôle, laissait à un homme, investi de sa confiance, le loisir nécessaire pour mener jusqu'au bout, un dessein aussi important que le remaniement d'une constitution monastique. Celui qui refondit cette législation et en sauvegarda tous ies principes, était d'une prudence consommée; son jugement n'était pas moins sûr que sa foi ardente; son attachement à l'Ordre ne le cédait à aucun autre sentiment de son âme, toute remplie de l'esprit divin. Dom Grégoire Tarrisse, du reste, ne procéda qu'avec une discrète lenteur; son travail fut, plusieurs fois, remanié et contrôlé par des commissaires exigeants; soumis à l'examen d'éminents docteurs en théologie et en droit canon et enfin, le texte n'en demeura définitivement arrêté qu'après avoir reçu les suffrages presque unanimes de ceux qu'il intéressait. Il fut voté, pour être mieux

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