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une frange or tout autour, la cravate verte avec frange; d'un côté étaient les armes de Savoie or soie, rubis et émeraude, avec deux lions pour supports, les pointes garnies de trophées composés de tambours et d'armes diverses; de l'autre étaient les armes de Faucigny d'or à trois pals de gueules; au-dessus la couronne de comte; les deux pointes remplies par deux écussons aux armes de la ville de gueules au chevron d'argent renversé et ondé.

La Roche.

Sous les comtes de Genevois la bourgeoisie tout entière était armée et devait servir le prince pendant trois jours, après lesquels ses dépenses ultérieures de bouche et de guerre étaient payées. Pour encourager les habitants à l'exercice des armes, Janus de Savoie établit des prix francs et le tir du papegai, auxquels tous les habitants de la ville pouvaient concourir (4). Ces lettres patentes furent gravées plus tard sur une plaque de cuivre argenté qui fut placée dans la salle du tir; elle fut égarée ou détruite à l'époque de la Révolution.

La Roche, sous la domination des ducs de Savoie, eut beaucoup à souffrir des luttes pour l'in

(1) Lettres patentes du 15 octobre 1464. ville de la Roche, page 38.

Grillet, Histoire de la

dépendance de Genève; l'ennemi faisait de fréquentes incursions dans le pays, et vint, en mars 1599, piller une partie de la ville, surprise sans défense. La même année, l'on forma plusieurs Compagnies de bourgeois; des gentilshommes les exerçaient sous le commandement d'un colonel (1). Pendant deux années, de fréquentes attaques tinrent en haleine la vigilance des habitants, qui partageaient le service de garde avec la garnison. En 1593 (2), la paix leur permet de respirer, et les tirs sont repris d'une manière suivie. Charles-Emmanuel Ier confirme les anciens priviléges de la Roche, et ajoute que les bourgeois de la ville qui, pendant trois ans de suite, abattraient le papegai tiré chaque année à la Pentecôte, seraient exempts pendant leur vie de tous péages, leydes et tailles rière ses Etats deçà les monts (3). Victor-Amédée II y ajouta l'autorisation de tirer trois prix francs; le conseil de ville devait choisir un gentilhomme habitant la Roche pour commander la bourgeoisie et présider aux tirs; en cas de refus de sa part, leur choix pouvait porter sur qui bon leur semblait d'entre les habitants (4).

(1) Grillet, Histoire de la Roche, page 62. (2) Grillet, Histoire de la Roche, page 63.

(3) Lettres patentes du 1" décembre 1621, entérinées par la chambre des comptes en 1626. Grillet, Histoire de la Roche, page 72. (4) Manuscrit inédit sur la Roche. (Archives de la Société savoisienne d'histoire.)

Après l'occupation espagnole, Victor-Amédée III autorisa de nouveau le tir du papegai (4) dans les formes précédemment usitées, et limita les prix francs à un seul, dont la valeur devait être fixée par l'intendant du Genevois. Les tireurs et la bourgeoisie sont placés sous les ordres d'un syndic noble, qui doit les commander chaque fois qu'ils ont à se mettre sous les armes, et présider au tirage. En 1824, la Roche suivit l'exemple des autres villes de Savoie; il s'y organisa une Compagnie de Chevaliers tireurs et une d'Arquebusiers. Elles n'eurent qu'une existence temporaire, et ne cherchèrent même pas à obtenir la confirmation des anciens priviléges de la bourgeoisie.

Saint-Jeoire et mandement
du château de Faucigny.

Nous avons ici un nouvel exemple du libre port d'armes et du tir de prix francs accordés à tout un pays ou mandement, lorsque le petit nombre des tireurs de chaque localité ne permettait pas d'établir un tir local. Les réunions ont lieu dans les communes où résident les rois, qui ont à fournir les cibles, et emportent avec eux les rondeaux, règlements, etc.

(1) Lettres patentes du 12 juillet 1774, article 29. - Grillet, Histoire de la Roche, page 106.

Cette permission (1) fut accordée par le sénat de Savoie au mandement du château de Faucigny, à la demande d'un bourgeois de Saint-Jeoire, alors contrôleur à Chambéry; elle est la confirmation d'un usage, anciennement établi à Saint-Jeoire et dans les autres localités du mandement, de tirer le prix de l'arquebuse. On y trouve stipulées diverses conditions que ne mentionnent point les chartes octroyées aux Compagnies, telles que de ne porter aucuns pistollets, pistoles et autres bastons (armes) que de longues arquebuses non chargées, et, pour éviter tout abus, chaque tireur devait se faire inscrire par nom et surnom à la châtellenie.

28. Défis et tirs entre les Compagnies des villes de Savoie et des pays voisins.

Dès leur formation les Compagnies de tireurs de Savoie rivalisèrent entre elles, et échangèrent souvent des défis d'adresse avec les Sociétés des pays voisins. Les Compagnons qui se rendaient à ces luttes pacifiques étaient le plus souvent défrayés de leurs dépenses par les municipalités, qui of fraient aussi des prix aux vainqueurs. La plus ancienne trace que j'aie trouvée de ces réunions remonte à 1500 et se rapporte à Rumilly; les ar

(1) Voir le document n° 20.

chers et les arbalétriers de Chambéry se rendent dans cette ville pour soutenir un défi porté par les archers et arbalétriers de Genève (1). Ils étaient sous les ordres d'un tireur fameux, chef des deux Compagnies, dom Philippe Mallet, chanoine de la Ste-Chapelle, depuis syndic et député de la bourgeoisie aux états généraux de 1543. La ville lui remet, en dégrèvement des dépenses faites par lui et ses compagnons, une somme de 10 écus d'or; le compte ne mentionne malheureusement pas quelle fut l'issue de la lutte.

En 1514, les gens de trait du Pont-Beauvoisin et du Dauphiné viennent à Chambéry participer à un grand soulas ou divertissement qui y est donné; ils sont logés et hébergés dans l'hôtellerie de la Grue, aux frais de la ville (2).

Le comte de Genevois venait de reconnaître et confirmer les priviléges des Compagnons d'Annecy;

(1) Libraverunt venerabili domino Philippo Malleti cantore et canonico capelle sancte Sabaudie et aliis archeriis et arbalesteriis ville et mandamenti Chamberici (sic) subscriptos decem scutos auri pro expensis archeriorum et balesteriorum qui fuerunt apud Rumilliacum pro ludendo graciose et spaciando contra archerios et balesterios civitatis gebbennensis (sic) qui in eodem loco ibidem suos congressus applicuerant. (Comptes des syndics, 1499–1500.)

(2) Libravit Peronete relicte Nycodi fabri hospitice Grue (sic) subscriptos decem florenos p. p. pro expensis certorum armigerorum pontis Bellivicini et Delphinatus qui venerunt Chamberiacum pro sollacio jocondo et ludendo cum sociis ville Chamberiaci hiis diebus lapsis in ejusdem hospicio factis. (Comptes des syndics, 1512–1513.)

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