LES MOINES DE LA BAZOCHE LES ABBAYES DE LA JEUNESSE LE TIR DU PAPEGAI ET LES COMPAGNIES de l'Arc, de l'Arbalète, de la Couleuvrine et de l'Arquebuse EN SAVOIE ET DANS LES PAYS ANCIENNEMENT SOUMIS AUX PRINCES DE LA MAISON DE SAVOIE DEÇA LES MONTS PAR PERRIN ANDRÉ DEUXIÈME PARTIE L'ABBÉ ET LES MOINES DE LA BAZOCHE LES ENFANTS DE VILLE ET LES COMPAGNIES DE L'ARC, DE L'ARBALÈTE PLUS TARD CHEVALIERS TIREURS A CHAMBÉRY Après son acquisition par les princes de la maison de Savoie (1232), Chambéry prit un accroissement rapide; avec les libertés municipales et les franchises, se développèrent toutes les institutions qui en étaient la suite nécessaire. La nouvelle capitale s'entoura d'une enceinte plus étendue; la garde en fut confiée en premier lieu à la bourgeoisie (1), puis à des hommes d'armes salariés, arba (1) Libraverunt in uno quaterno papiri empti pro scribendo et transcribendo nomina burgensium et habitentium ville Camberiaci pro ipsis ordinandis ad defensionem ville... xiiij den. fort. (Comptes des syndics, 1374-75. Ménabréa, Histoire de Chambéry, p. 330.) létriers (balisterii) ou clients d'armes. Dès le milieu du quatorzième siècle, les comptes des syndics mentionnent leur départ pour l'armée aux frais de la ville; ils y remplacent bientôt les milices des communes, sans organisation, sans uniforme, sans armes et sans discipline. Dans les comptes de perception du droit de toisage, à Chambéry, présentés par François de Lécheraine en 1382, figure un Tierric Clément, roi des tireurs de Savoie, titre obtenu sans doute après un concours auquel avaient pris part les principaux tireurs du pays (1). Est-ce là un roi des arbalétriers (balisterii) entretenus par les villes, ou faut-il faire remonter jusqu'à cette époque reculée les tirs du papegai et l'établissement des Compagnies bourgeoises de tireurs? c'est là une question que l'absence de documents ne m'a point permis de résoudre d'une manière certaine, bien que quelques auteurs aient fait remonter au douzième siècle les franchises accordées aux Compagnies de tireurs de l'arc par les princes de la maison de Savoie (2). Les arbalétriers avaient leur tir en dehors des (1) Recepit a Tierrico Clementis, rege tyrandorum Sabaudiæ, pro duabus teysiis tribus pedibus cum dimidio. Sa maison était située dans la grande rue; c'est aujourd'hui la partie de la place St-Léger du côté de l'horloge. (Mémoires de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, tome V, page 378.) (2) Il tiro al segno in Aosta dal XII al XIX secolo, di Angelo Angelucci, pag. 3. murs de la ville, dans le Verney; la tour élevée à l'angle des murs de ce côté. a longtemps porté le nom de tour du Bercel, du tir (1), et protégeait la poterne par laquelle ils sortaient pour se livrer à leurs exercices. Postérieurement à la construction de la dernière enceinte de Chambéry, il fut établi dans les fossés voisins de la porte du Reclus; une poterne, dont les tireurs avaient la clef, leur permettait de s'y rendre quand ils le voulaient (2). Sous le nom de Compagnons, les tireurs se composèrent, à partir du quatorzième siècle, de bourgeois se livrant à l'exercice des armes par plaisir aussi bien que dans le but de défendre la ville, au besoin. L'emploi des bandes mercenaires avait fait abandonner peu à peu, par les princes, les milices des communes et des villes; leur service fut remplacé par des subsides, et les tirs perdirent leur caractère guerrier et exclusivement militaire. A l'exemple de la bourgeoisie, la jeunesse de la ville joignit l'exercice des armes aux autres jeux et fêtes de l'Abbaye, et établit un tir dans la plaine du Colombier, lieu habituel de ses réunions. L'existence de l'Abbaye de la Bazoche à Cham (1) Comptes des syndics, 1436–1437. (2) Pro precio unius serrallie et unius clavis de novo positarum in posterla fossatorum ville juxta portam per quam itur ad Lemencum, et residuum precii solverunt quidam balisterii de villa qui ipsas fieri fecerunt. (Comptes des syndics, 1393-1394.) |