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LE PALAIS BOURBON VU DE LA TERRASSE DES TUILERIES SOUS LOUIS XVI.

(Dessin du musée Carnavalet.)

prononça que la jeune reine s'était moquée de toutes les personnes respectables qui s'étaient empressées de lui rendre leurs devoirs; qu'elle n'aimait que la jeunesse; qu'elle avait manqué à toutes les bienséances, et qu'aucune d'elles ne se présenterait plus à sa cour. Le titre de moqueuse lui fut généralement donné, et dès le lendemain circula une chanson fort méchante, dont voici le refrain:

Petite reine de vingt ans,

Vous qui traitez si mal les gens,

Vous repasserez la barrière

Laire, laire, laire,

Lanlaire, laire, lanla. »

Ces sentiments peu bienveillants devaient s'accroître de toute la rancune qu'inspiraient à quelques-uns les préférences avouées de la reine pour tel ou tel personnage de son entourage, pour la princesse de Lamballe, par exemple, au début de son règne, puis pour la duchesse de Polignac.

A vrai dire, la famille même de la jeune souveraine trouvait à redire à ses allures trop peu réservées. Un jour, c'est sa mère Marie-Thérèse à qui elle envoie un portrait qu'on a fait d'elle en costume de théâtre et qui se plaint d'avoir reçu le portrait d'une actrice, et non d'une reine de France.

Une autre fois, c'est son frère Joseph II qui, voyageant en France, la

poursuit de ses rudes boutades. Un jour, il la trouve à sa toilette en train de se mettre du rouge. « Encore un peu, lui dit-il, là, sous les yeux mettez du rouge en furie, comme madame, >> ajoute-t-il en désignant une dame qui se trouvait là et qui en effet était trop fardée.

Ou bien c'est Marie-Antoinette elle-même qui lui demande son avis sur une coiffure compliquée qu'elle vient d'essayer.

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VASE EN ALBATRE.

A cette jeune femme honnête et frivole, aimable, mais trop peu circonspecte, médiocrement intelligente en somme, et incapable de comprendre par elle-même les devoirs et les périls attachés à sa dignité, il eût fallu qu'un mari énergique et perspicace ouvrît les yeux et imposât une ferme volonté. Louis XVI n'avait rien en lui qui fùt capable de subjuguer l'esprit et le cœur de la reine.

D'ailleurs, dès leur mariage, il commença par témoigner à sa jeune femme une indifférence, une froideur, qui, pendant sept ans, ne se démentit pas, et dont Marie-Antoinette dut souffrir, au moins dans le principe. Quand, plus tard, au contraire, il s'éprit d'elle enfin, c'est elle qui prit sur lui l'ascendant qu'il lui aurait appartenu d'exercer sur elle dès le premier jour. Et en effet, comment pourraitelle être séduite par ce mari, qui ne s'intéresse à aucun de ses plaisirs, qui la laisse libre de veiller, mais qui aime, pour sa part, à se coucher de bonne heure, qui ne recherche d'autres joies que celles de la chasse et de la table!

Collection de Mme la comtesse de Béarn.)

Ce n'est pas d'ailleurs que son esprit fùt sans culture. Il entendait bien. l'anglais, s'intéressait à la géographie, et savait l'histoire, « sans pourtant, dit un contemporain qui ne lui est pas hostile, en avoir peut-être assez étudié l'esprit ». Mais il se plaisait moins à ces études qu'aux arts mécaniques, maçonnerie, serrurerie il lui arriva de s'entendre reprocher par la reine ses mains noircies à forger quelque clef ou quelque serrure.

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La reine Marie-Antoinelle et ses enfants
d'après Mme Sigée-Lebrun/Musée de Versailles,

Pricke Braun Cement & Gie

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Imp. Wellmann

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