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de Suède Gustave III, l'une de ses correspondantes à la cour de France, la comtesse de la Marck':

« Je fus hier à Marly, où le roi est depuis huit jours. On jouait au lansquenet : une seule réjouissance fut de 1200 louis,

et tout le monde meurt de faim! Cet esprit de vertige me rendit triste et rêveuse le reste de la soirée. Mme Du Barry jouait à la table du roi, et entourée de la famille royale.

Personne, ni à la table, ni dans le salon, ne lui parla de la soirée, si ce n'est le roi et son neveu, le petit Du Barry. Ce courage général devrait ouvrir les yeux du roi.

« Le roi ne peut se suffire

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EAU FORTE GRAVÉE PAR Mme DE POMPADOUR. (Bibliothèque Nationale.

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à lui-même, et ses enfants ne lui sont d'aucune ressource.... Le reste de la cour est divisé d'esprit et de principes, et on se déchire à plaisir....

« A Paris, toujours même misère et mêmes cabales. Nos jeunes femmes crèvent d'esprit et ne connaissent que lui: pour la raison, on n'en parle guère. Elles sont toutes initiées dans les secrets de l'État, elles se mêlent de tout, et donnent tout leur temps à la politique ou à l'intrigue de la cour. Quelques

1. Cité par GEFFROY, Gustave III et la cour de France, chap. IV.

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un ou deux sculpteurs et trois ou quatre peintres; la bijouterie va encore

LE MARIAGE DU DAUPHIN.

(Gravure allégorique, d'après Cochin.)

son train, mais bientôt elle finira, car on n'achète plus que des brillants; il est vrai qu'on ne les paye pas. En un mot, nous sommes au-dessous de tout: heureux si on ne nous attaque pas, car je ne sais ce que nous deviendrions. »

Ces appréciations pessimistes nous font comprendre le sentiment que la mort de Louis XV devait, un peu plus tard, inspirer à une autre correspondante de Gus tave III, à la comtesse de Boufflers. Après avoir dépeint la dureté des uns, la lâcheté des autres, l'indifférence de presque tous à partir du moment où le roi,

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attaqué de la petite vérole, parut condamné, elle en vient au scandale de ses funérailles.

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Après sa mort', il fut abandonné, comme c'est l'ordinaire et d'une

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manière plus terrible encore à cause du genre de la maladie on l'enterra promptement et sans la moindre escorte; son corps passa vers minuit par le

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PLACE LOUIS-LE-GRAND, AVEC LES SALLES CONSTRUITES A L'OCCASION DU MARIAGE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN (1747).

bois de Boulogne pour aller à Saint-Denis. A son passage, des cris de dérision ont été entendus on répétait Taïaut! taïaut! comme lorsqu'on voit un cerf, et sur le ton ridicule dont il avait coutume de le prononcer. >>

1. Cité par GEFFROY, Gustave III et la cour de France, chap. iv.

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