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respects, ennemi de la faveur, énergique, soucieux de discipline et d'économie. Sa chute ne devait pas du moins arrêter à jamais l'œuvre de notre réorganisation militaire, qui allait être poursuivie, sinon par son successeur immédiat, le prince de Montbarrey, du moins par le maréchal de Ségur, ministre de 1780. à 1787.

Rien de tout cela sans doute ne saurait diminuer la part qui, plus tard, dans les merveilleux succès des armées révolutionnaires, devra être faite à

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l'enthousiasme et au courage qui enflammèrent alors généraux et soldats. Mais il n'en est pas moins juste de constater que cette glorieuse épopée ne fut pas le résultat d'une sorte de fiat lux qui aurait fait sortir du néant des armées organisées et aguerries du premier coup: façonnés par des ministres réformateurs et patriotes, les régiments des dernières années de l'ancien régime étaient plus prèts qu'on ne l'a dit souvent à la lutte grandiose que la France allait bientôt avoir à soutenir contre l'Europe.

Au reste, si le xvII° siècle ne peut assurément passer pour l'époque la plus glorieuse de notre histoire militaire, il eut, lui aussi, ses grands hommes de guerre et ses exploits glorieux, dont il serait injuste de ne pas tenir compte

Au Soubise de Rosbach, battu et chansonné, il n'est que juste d'opposer ce Maurice de Saxe, le vainqueur de Fontenoy, qui ne fut pas toujours un héros exemplaire, mais dont la popularité cependant égala la gloire.

Fils du roi de Pologne, Auguste II, c'était son humeur aventureuse et les hasards de la politique qui l'avaient amené à servir dans les rangs, puis à la tête

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des Français. Mais la finesse naturelle de son esprit lui avait fait pénétrer tout d'abord le caractère des soldats qu'il avait à conduire, et non seulement sa tactique elle-même fut déterminée en partie par son désir de maintenir ses troupes dans certaines conditions favorables à leur tempérament, mais encore il se préoccupait de leur rendre la vie de camp le plus agréable possible.

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<< Par goût autant que par système, dit Marmontel', il voulait de la joie dans ses armées, disant que les Français n'allaient jamais si bien que lorsqu'on les menait gaiement, et que ce qu'ils craignaient le plus à la guerre, c'était l'ennui. Il avait toujours dans ses camps un OpéraComique. C'était à ce spectacle qu'il donnait l'ordre des batailles; et ces jours-là, entre les deux pièces, la principale actrice annonçait ainsi : Messieurs, demain relâche au théâtre, à cause de la bataille que donnera M. le maréchal; après-demain, le Coq du village, les Amours grivois, etc.

CARICATURE SUR LA PRISE DE LA GRENADE (1779). (Bibliothèque nationale.)

La force d'âme de Maurice de Saxe n'était pas inférieure à son intelligence. Au moment de partir pour la campagne de 1745, qui lui réservait son plus glorieux succès, il était hydropique et venait de subir l'opération de la ponction. Voltaire le rencontre et lui demande avec inquiétude comment il pourra faire dans cet état de faiblesse.

1. Mémoires, livre IV.

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La Bataille de Pontenoy

d'après la gouache de San Blarenberghe Musée de Versailles,

Imp. Sony Gros

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