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FUSILIER DE LA MONTAGNE.

(D'après Grave!ct.)

dans ses Mémoires, des sentiments qui animaient alors notre noblesse.

« Ce n'était plus comme autrefois, dit-il, des chevaliers cherchant, ainsi que les héros normands, à la pointe de l'épée, des aventures et des principautés, ou des guerriers guidés, comme les croisés, par un pieux fanatisme; des Anglais et des Français aventureux ou des Espagnols cupides, qui, altérés de la soif de l'or. couraient ensanglanter et dépeupler un monde découvert par Colomb. Ce n'était même plus unique

ment le désir de gloire et de grades qui avait fait briller les épées françaises dans toutes les guerres que se faisaient les différentes puissances de l'Europe.

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Quelques-uns étaient encore cependant conduits exclusivement par ce dernier motif; mais la plupart d'entre nous se trouvaient animés par d'autres sentiments: l'un très raisonnable et très réfléchi, celui de bien servir son

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TAMBOUR-MAJOR INDIQUANT
QU'IL FAUT
BATTRE LA GÉNÉRALE.
(D'après Gravelot.

un véritable enthousiasme pour la cause de la liberté américaine. Un nouveau siècle naissait : tout changeait de mobile et de but. »

Non plus que les guerres précédentes, il n'entre dans notre dessein de raconter la guerre d'Amérique. Mais cet épisode suprême de la politique extérieure de l'ancienne monarchie ramène nos regards vers l'armée, dont le régime nouveau devait un peu plus tard modifier si profondément l'organisation : elle mérite, avant

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Ségur, que nous venons déjà de citer, s'exprime ainsi :

« L'armée alors, dit-il, ressemblait peu à celle d'aujourd'hui; on y voyait bien régner le même désir de se distinguer, le même zèle pour servir la patrie et le roi; les officiers y montraient la même assiduité aux exercices et aux devoirs militaires, mais la composition en était différente, et les liens de la subordination étaient beaucoup moins resserrés qu'ils ne le sont aujourd'hui.

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complétaient que par enrôlement, de sorte que, au lieu de voir sous les drapeaux les fils de famille de toutes les classes, appelés par la conscription et par une loi générale, on n'y comptait que des jeunes gens dont la plupart ne se décidaient à s'enrôler qu'à la suite de quelques dérangements ou par oisiveté. Aucune perspective d'avancement ne leur était offerte, et rien n'était plus rare que de voir des soldats ou des sous-officiers devenir officiers. Le petit nombre de ceux que le hasard élevait ainsi n'y arrivait qu'après de longues années de service. Le nom qu'on leur donnait indiquait assez la rareté de ces chances favorables: on les appelait officiers de fortune.

Les nobles seuls avaient le droit d'entrer au service comme sous-lieutenants. Il en résultait une grande difficulté pour maintenir une subordination complète entre des officiers, séparés, il est vrai, par la hiérarchie des grades, mais qui, en qualité de nobles, se regardaient tous comme égaux.

<< Chacun respectait son chef à la manoeuvre, à la parade, dans les heures de service mais en tout autre temps et partout ailleurs on voyait peu de traces de

subordination. Revenus à la ville ou à la cour, il arrivait nécessairement qu'on s'y retrouvait en ordre inverse, et qu'un colonel, gentilhomme de province, s'y voyait en infériorité à l'égard de ses jeunes capitaines ou sous-lieutenants, qui possédaient des charges ou étaient décorés de noms illustres, tels que les Montmorency, les Rohan, les Crillon, etc. »>

Ajoutons à cela que l'instruction des officiers n'était souvent pas plus

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solide que leur respect de la discipline. Et comment eût-il pu en être autrement, si les plus hauts grades étaient parfois donnés à des enfants, qui n'avaient pour eux que l'illustration de leur naissance? « Mon père, l'un des moins favorisés, dit le comte de Ségur, fut à dix-neuf ans colonel du régiment de Soissonnais. Le duc de Fronsac, fils du maréchal de Richelieu, fut nommé, à sept ans, colonel du régiment de Septimanie: son major n'avait que cinq années de plus que lui. » D'ailleurs nul souci d'une administration générale : chaque capitaine était chargé de l'organisation de sa compagnie, qu'il recrutait, équipait et gouvernait suivant son intelligence.

Mème, le principe de l'uniforme pour l'habillement des troupes n'avait pas

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