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« L'abbé, d'abord déconcerté, se remit aussitôt :

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Mais pourquoi, Monseigneur, ne me feriez-vous pas archevêque comme

un autre?

((

Toi, archevêque de Cambrai! toi! c'est actuellement que tu rêves.

L'abbé, sans lâcher prise, lui cita des exemples; mais il n'y en avait

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aucun qui, à quelque égard de naissance, de rang ou d'alliance, ne valût mieux; au lieu qu'il réunissait en lui seul ce qu'on pouvait leur reprocher à tous.

« Le régent, ennuyé de la liste et fatigué de la persécution, espéra s'en défaire en lui disant :

prêt.

Mais tu est un sacre! Eh! quel est l'autre sacre qui voudra te sacrer?
Oh! s'il ne tient qu'à cela, mon affaire est bonne : j'ai mon sacre tout

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Eh! qui diable est celui-là, dis donc ?

Votre premier aumônier, monseigneur l'évêque de Nantes (Tressan); il est dans votre antichambre, je vais vous l'amener; il sera charmé de la préférence; car vous me promettez l'archevêché.

<«< Et là-dessus il accable le prince de remercîments, sort dans l'antichambre, dit à Tressan la grâce que lui, Dubois, vient d'obtenir, et le désir qu'a le régent que Tressan soit le consécrateur. Celui-ci accepte : Dubois le prend par la main, le présente au régent, redouble de remercîments, et Tressan ajoute l'éloge du sujet. Le prince est si étonné qu'il ne répond rien, et Dubois sort, et publie qu'il est archevêque de Cambrai, pour arrêter toute demande. Les roués. applaudissent, les libertins en rient, et les honnêtes gens les moins scrupuleux témoignent leur indignation.

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L'année suivante, Dubois était encore nommé cardinal, au grand scandale de la nation. Autrefois, dit une chanson du temps,

Autrefois, dans semblable affaire,

On croyait au moins nécessaire

Qu'un cardinal dût croire en Dieu :

Ce point n'est plus que bagatelle,
Et ces exemples n'ont plus lieu :
Dubois en fournit le modèle.

Enfin, il mourut deux ans après, et sa mort elle-même ne fut guère édifiante, s'il est vrai qu'il différa le plus qu'il put le moment de recevoir le viatique et que, « tant qu'il eut sa connaissance, il ne cessa d'invectiver, avec des grincements de dents, contre la Faculté ».

S'il faut en croire Duclos, le régent fut charmé de la mort de son ministre. Le jour qui avait été fixé pour l'opération dont celui-ci ne devait pas se remettre, l'air extrêmement chaud tourna à l'orage; aux premiers coups de tonnerre, le prince ne put s'empêcher de dire:

J'espère que ce temps-là fera partir mon drôle.

L'opinion publique ne paraît pas d'ailleurs avoir pris l'événement davantage au tragique. « Nous rimes, dit Voltaire', de la mort de Dubois comme de son ministère tel était le goût des Français, accoutumés à rire de tout. »

L'attitude de la nation changea quand, après le ministère de l'incapable duc de Bourbon, elle vit à la tête des affaires un homme d'un génie secondaire sans doute, mais bien intentionné et vraiment respectable, le cardinal Fleury.

Il eut ses ennemis, et les railleries l'atteignirent comme tout homme en

1. Précis du siècle de Louis XV, chap. I.

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