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rie et élevée, laquelle ne mangeait que de sa main, et qui aimait fort le roi; il l'a fait mener à la Muette, et il a dit qu'il voulait tuer sa biche. Il l'a fait éloigner, il l'a tirée et l'a blessée.

<< La biche est accourue sur le roi et l'a caressé; il l'a fait remettre au loin et l'a tirée une seconde fois et tuée. On a trouvé cela bien dur. >>>

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Aussi commence-t-on à redouter que le caractère du roi, qui a toujours l'air morose, ne soit mauvais et féroce.

Craintes excessives: ce n'était pas par sa cruauté que Louis XV devait peu à peu détacher de lui toutes les sympathies, mais par une sorte d'indolence égoïste, d'indifférence à tout ce qui n'intéressait pas son plaisir immédiat.

La question même de son mariage ne parvint pas à l'émouvoir.
Quand il avait onze ans, le régent l'avait fiancé à l'infante d'Espagne, qui

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en avait trois. L'année suivante, la petite princesse avait même été amenée en France, où elle devait être élevée jusqu'à ce qu'elle fût en àge d'être mariée.

Quatre ans plus tard, le duc de Bourbon, premier ministre, juge à propos de renverser ce projet, sous prétexte qu'il importait que le mariage du roi ne fût pas trop longtemps différé : on renvoie l'infante en Espagne, et le duc de Bourbon s'occupe de chercher çà et là la future reine de France. Plus ardente que lui à cette recherche

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était son amie, la marquise de Prie, celle-là même qui, voyant le peuple de Paris promener en procession la châsse de sainte Geneviève pour obtenir un changement de temps, disait :

Ce peuple est fou: ne sait-il pas que c'est moi qui fais la pluie

et le beau temps'?

Quelques mois après

le renvoi de l'infante, «< elle courut en poste à Fontevrault, dit Voltaire', essayer si la princesse de Vermandois, sœur du duc de Bourbon lui-même, lui convenait, et si l'on pouvait s'assurer de gouverner le roi de France par elle. La princesse, encore plus fière que la marquise n'était légère et inconsidérée, la reçut avec une hauteur dédaigneuse, et lui fit sentir qu'elle était indignée que son frère lui dépêchât une

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1. DUCLOS, Mémoires : Régence du duc d'Orléans.

2. Précis du siècle de Louis XV, chap. III.

telle ambassadrice. Cette seule et unique entre-
vue la priva de la couronne. On la laissa faire
la fière dans son couvent elle mourut
abbesse de Beaumont-lez-Tours, trois ans
après.

« Il y avait dans Paris une Mme Texier, veuve d'un caissier qui avait appartenu au financier Pléneuf, père de Mme de Prie. Elle était retenue pour toujours dans son lit par une maladie affreuse qui lui avait rongé la moitié du visage. Un de ses amis, un ancien militaire, nommé Vauchon, lui parla de Stanislas Leczinski, fait

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VAROV DE FRANCE ET DE NAVA

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MÉDAILLE FRAPPÉE

A L'OCCASION DES FIANÇAILLES DE LOUIS XV
AVEC L'INFANTE D'ESPAGNE.

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roi de Pologne par Charles XII, dépossédé par Pierre le Grand, et réfugié à Wissembourg, frontière de l'Alsace, y vivant d'une pension modique que le ministère de France lui payait très mal. Il avait une fille élevée dès son berceau dans le malheur, dans la modestie, et dans les vertus qui rendaient ses infortunes plus intéressantes. La dame Texier pria la marquise de la venir voir; elle lui parla de cette princesse, pour laquelle on avait proposé des partis un peu au-dessous d'un roi de France. Mme de Prie partit deux jours après pour Wissembourg, vit cette infortunée princesse polonaise, trouva qu'on ne lui en avait pas assez dit, et la fit reine. >>

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