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de l'air doivent préférer les Champs-Élysées; mais ceux qui aiment à rencontrer dans le même endroit la société, le plaisir et la commodité auront de la peine à se détacher du Palais-Royal.

«Des arcades qui garantissent de la pluie et du soleil, des marchands très achalandés, des magasins d'étoffe, de bijouterie, et tout ce qui peut fournir à la parure, à l'habillement et à la curiosité; des cafés, des bains, des restaurateurs, des traiteurs, des hôtels garnis, des établissements de société, des spectacles, des tableaux, des livres, des concerts, des appartements assez commodes en dedans,

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très ornés et trop ornés peut-être en dehors; toujours du monde, des gens d'affaires, des commerçants, des politiques, chacun y trouve à s'occuper utilement, à s'amuser agréablement autant les goùts sont différents, autant les

plaisirs du Palais-Royal sont variés. »

Parmi ces plaisirs, mentionnons surtout la visite au musée des figures de cire, le musée Curtius; - au théâtre Beaujolais, où des enfants gesticulent sur le devant du théâtre, tandis qu'on chante leur rôle dans la coulisse; au Café Mécanique, ainsi nommé parce que le consommateur inscrit sur une table ce qu'il désire, et qu'il voit sa commande sortir d'une trappe devant lui, comme par enchantement. Encore faudrait-il citer aussi et le café de Chartres, et le café du Caveau, et le célèbre café de Foy, le plus élégant de tous, et ces Galeries de bois, sur l'emplacement desquelles a été construite la galerie d'Orléans, et qui étaient le rendez-vous attitré de tout ce qu'il y avait de libertin à Paris.

Les environs de Paris n'offraient pas des promenades moins séduisantes. Quelques-uns de ceux qui nous paraissent aujourd'hui les plus disgracieux et qui ne sont plus guère que de populeux faubourgs, avaient encore à cette époque le charme de la vraie campagne: Rousseau allait herboriser sur les

UNE DAME DE QUALITÉ.

(D'après un dessin de Portail. Musée du Louvre.)

hauteurs, plantées de vi

gnes, de Charonne et de Ménilmontant.

C'est non loin de là, à la Courtille du Temple, que se tenait le fameux cabaret de Ramponneau. Le peuple y affluait le dimanche. Mais la vogue gagna jusqu'aux mondains : on fit la partie d'aller chez Ramponneau; des princes, à en croire Mercier, visitèrent son cabaret, et un verbe nouveau s'introduisit pendant quelque temps dans la langue: on dit ramponner, pour boire à la guinguette, hors de la ville et souvent un peu plus que de raison.

A une autre extrémité

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de Paris était la promenade plus élégante du bois de Boulogne. Elle était fréquentée en tout temps; mais, pendant la semaine sainte, la foule y était particulièrement brillante.

En 1727, une demoiselle Le Maure, chanteuse à l'Opéra, s'était retirée à l'abbaye de Longchamp. Elle contribua sans doute à assurer à la partie musicale des offices un caractère vraiment artistique. Quoi qu'il en soit, ceux du mercredi, du jeudi et du vendredi saints commencèrent à attirer une grande foule c'était ce qu'on appelait les ténèbres de Longchamp.

Mais, dès 1742, Barbier remarque que ces offices ne sont plus, pour les

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POMPE FUNÈBRE DE MADAME LA DAUPHINE, A SAINT-DENIS, LE 5 SEPTEMBRE 1746.

(D'après une gravure du temps. Bibliothèque nationale.)

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