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orchestre et des voix ita-
liennes et françaises; des
pâtissiers, des traiteurs, des
restaurateurs, des marion-
nettes, des voltigeurs, des
braillards qui annoncent des
géants, des nains, des bêtes
féroces, des monstres ma-
rins, des figures de cire, des
automates, des ventrilo-
ques; le cabinet de Comus,
savant physicien et mathé-
maticien aussi surprenant
qu'agréable. >>

A tous ces lieux de plai-
sir et à ces spectacles amu-

LA MÊME COIFFURE. (Vue de dos.)

sants très fréquentés par toutes les classes de la société, il faudrait encore ajouter les théâtres, mais c'est un point sur lequel nous aurons plus loin l'occasion de revenir.

D'autres promenades attiraient aussi les Parisiens, le Luxembourg, « rendezvous, dit Goldoni, des gens sensés, des religieux,

COIFFURE DITE A MARTEAUX.

Vue de dos.)

des philosophes et des

bons ménages »; l'Ar

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senal, d'où l'on a la vue
de la campagne et de la
Seine;
Reine, que le beau monde
cependant délaisse pour
les Champs-Élysées : on
ne voit plus guère, le long
du Cours, que les carabas
et les pots-de-chambre,
qui, par privilège, trans-
portent péniblement à
Versailles les Parisiens de
fortune modeste et ama-
teurs de la campagne : le

le Cours-la

LA MÊME COIFFURE. (Vue de profil.

carabas en transporte vingt à la fois; le pot-de-chambre, outre le voyageur qui en a loué l'intérieur, en admet deux sur le devant (ce sont les singes), et deux sur le derrière (ce sont les lapins).

Quant aux Champs-Élysées, la foule élégante qui s'y promène est telle que l'on croirait, à la voir, le reste de la ville dépeuplé.

Mais, de toutes les promenades en vogue, la plus célèbre, la plus brillante,

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dans les dernières années de la monarchie, c'est le Palais-Royal, « la capitale de Paris », comme dit Mercier.

Depuis longtemps le jardin du Palais passait pour un des lieux les plus délicieux, sinon toujours les mieux fréquentés de Paris, lorsque, en 1781, le duc de Chartres, le futur Philippe-Égalité, à qui le Palais appartenait, forma le projet de l'embellir en le transformant et en faisant entourer ce jardin des belles constructions sur arcades qui ont subsisté depuis.

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Goldoni nous rapporte l'émoi qui s'empara des Parisiens lorsque, le 15 octobre, le premier coup de hache fut donné aux arbres de la grande allée. Que de plaintes, dit-il, dans tout Paris! Tout le monde trouvait cette promenade charmante comme elle était; tout le monde en faisait ses délices on ne pouvait pas croire qu'on la rendrait plus agréable ni plus commode; on craignait qu'un projet de spéculation ne sacrifiât à l'intérêt du maître l'agrément des particuliers.

<< Les propriétaires des maisons qui environnaient le jardin étaient plus

alarmés que les autres. Ils étaient menacés d'un nouveau bâtiment qui allait les priver de la vue et de l'entrée de cet endroit délicieux : ils se réunirent en corps,

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ils firent des tentatives pour conserver leurs prétendus droits; les jurisconsultes les persuadèrent de cesser leurs démarches; le terrain avait été donné par le roi à la maison d'Orléans. M. le duc de Chartres, depuis duc d'Orléans, et premier

prince du sang, en avait la jouissance; les jours et les entrées sur ce jardin n'étaient que de tolérance; et, sauf la perte des plaignants, c'était pour la plus grande satisfaction du public que l'on allait travailler.

<< Mais ce public ne s'y fiait pas; on regrettait cette superbe allée, qui rassemblait, dans les beaux jours, un monde infini, et où les hommes sensés s'amusaient quelquefois aux dépens des étourdis.

<< Chaque arbre qui tombait faisait une sensation douloureuse dans l'âme des spectateurs. Je me rencontrai par hasard à la chute de l'arbre de Cracovie, de ce beau marronnier qui rassemblait les nouvellistes autour de lui, qui était depuis

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longtemps le témoin de leur curiosité, de leurs contestations et de leurs mersonges. Je perçai la foule; j'eus le bonheur de m'emparer d'une branche qui avait conservé ses feuilles; je l'apportai sur-le-champ dans une maison de ma connaissance je vis des dames prêtes à pleurer, je vis des hommes en fureur; tout le monde criait contre le destructeur : je riais tout bas; j'avais grande confiance dans ses projets, et je ne me suis pas trompé.

« Et en effet, ajoute Goldoni, voilà le Palais-Royal renouvelé, rebâti, achevé: on a beau dire, on a beau critiquer, je n'y entre jamais sans un nouveau plaisir; et l'affluence du monde qui le fréquente actuellement vient à l'appui de mon jugement.

« L'enceinte du jardin est rétrécie, dit-on; elle est encore assez vaste pour offrir des allées d'été, des allées d'hiver, et un espace très considérable au milieu, qui n'est jamais rempli. - Il n'y a pas assez d'air. - Ceux qui ne cherchent que

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CÉRÉMONIE DU MARIAGE DE LOUIS, DAUPHIN, AVEC MARIE-THÉRÈSE, INFANTE D'ESPAGNE. (D'après une estampe de la Bibliothèque nationale.)

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