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Le 31 juillet 1721, le jeune roi se trouva mal étant à la messe, et la fièvre se déclara. Ce ne fut qu'une alerte: cinq jours après, il entrait en convalescence. Mais, dès que le bruit de la maladie se fut répandu, l'opinion générale l'attribua au poison et l'on accusa le régent.

Il y avait à la Cour même tout un parti qui s'appliquait à accréditer ces soupçons. La duchesse de la Ferté, dit Duclos, affectait de répéter:

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Hélas! tout ce qu'on fait est inutile: le pauvre enfant est empoisonné. De leur côté, les dames de la Halle, qui vinrent, à la nouvelle du rétablissement du roi, danser sous ses fenêtres, manifestèrent leur joie aux cris de: Vive le roi! malgré la Régence au diable.

La mort du pauvre régent ne fut pas beaucoup plus édifiante que sa vie. Le 2 décembre 1723, après avoir travaillé avec le premier commis Couturier de trois à six heures, il était entré dans son cabinet pour se divertir de la conversation d'une dame de la cour, de moeurs décriées, mais d'esprit amusant, la duchesse de Falari, et il venait de lui demander, en se jouant, si elle croyait de bonne foi qu'il y eût un Dieu, et, après cette vie, un enfer et un paradis, lorsqu'il se plaignit d'une grande pesanteur dans l'estomac.

Il prit quelques gouttes d'un cordial, qu'il portait toujours sur lui, s'assit, puis, tout d'un coup, au moment où la duchesse lui demandait s'il se trouvait mal, se renversa sur le dossier, se raidit et glissa sur le parquet.

Une attaque d'apoplexie venait de le foudroyer: il avait quarante-neuf ans.

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L

II

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LA COUR DE LOUIS XV

E roi,

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d'un premier ministre, naguère régent de France, laissait maître effectif et absolu de son royaume, avait pour lui toutes les sympathies de son peuple.

PREMIER HABILLEMENT DU ROI

A SON SACRE.

(Bibliothèque nationale.)

La première fois qu'il lui était apparu, c'était, suivant l'usage, le jour même de la mort du feu roi.

« Un officier, raconte Buvat, ayant un plumet noir sur son chapeau, parut à la fenêtre, et étant sur le balcon dit à haute voix : « Le roi est mort »>!

« Le même officier s'étant retiré, et ayant quitté le plumet noir pour en prendre un blanc, parut une seconde fois sur le même balcon, et cria à haute voix par trois fois : « Vive le roi Louis XV »>!

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Après cette cérémonie, et après ces premiers compliments qui viennent

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d'être rapportés, les gardes du corps se rangèrent dans les salons qui sont au bout de

LA COURONNE DE PIERRERIES PORTÉE PAR LOUIS XV
LE JOUR DE SON SACRE.

(D'après une gravure du temps. Bibliothèque nationale.)

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qu'à celle de Saint-Antoine, pour aller faire son séjour au château de Vincennes, où l'on avait depuis quelques jours préparé les appartements. Il était en carrosse, entre M. le duc d Orléans et Mme la duchesse de Ventadour, assis sur un siège un peu plus bas et un peu plus avancé, pour être plus aisément vu du peuple. L'appétit lui étant venu, M. le duc d'Orléans fit arrêter le carrosse au droit de la de l'hôtel Conti. Pendant que le

porte Gaillon, derrière le jardin

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roi mangeait, M. le duc d'Orléans

PETIT MODELE DU CARROSSE AYANT SERVI AU SACRE DE LOUIS XV.

(Musée de Cluny.)

lui fit remarquer comme les habitants de Paris s'empressaient de voir Sa Majesté, en lui disant :

Voyez, Sire, combien votre peuple de Paris vous aime et comme il prend plaisir à vous voir; il est bon que vous lui en sachiez bon gré: ainsi saluez-le.

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« A ces mots, le roi salua de la main et d'une manière riante, à droite et à gauche, tous ceux qui étaient en cet endroit en très grand nombre, qui furent tous charmés de la beauté de son visage.

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Sept ans plus tard, le même charme se dégageait encore de toute sa personne. Sa figure paraissait délicieuse. « Lors de son sacre, dit d'Argenson, il ressemblait à l'Amour avec son habit long et sa toque d'argent, en costume de

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néophyte ou de roi candidat. Les yeux des spectateurs en
devenaient humides de tendresse pour ce pauvre petit prince,
échappé à tant de dangers dans sa jeunesse,

seul rejeton d'une famille nombreuse, qui
tout entière avait péri, non sans soupçon
d'empoisonnement. »

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TROISIÈME HABILLEMENT DU ROI. (D'après une estampe ancienne.)

Ces craintes, en effet, ces sou

venirs funestes, les
calomnies même que
les ennemis du régent
propageaient, ajou-
taient singulièrement à
l'intérêt anxieux que le

SECOND HABILLEMENT DU ROI.

royal enfant excitait dans la population tout entière. Aussi quelle alerte, nous l'avons vu, lorsque, l'annéc précédente (31 juillet 1721, on l'avait cru gravement malade! Et quelle joie universelle quand on avait appris, deux jours après, qu'il allait mieux, que tout danger Le dimanche 3 août, le maréchal de Villeroi, gouverneur de Louis XV, va à Notre-Dame avec toute sa famille, et tout le peuple se presse autour de lui et lui demande des nouvelles de la santé du roi. Les nouvelles sont rassurantes.

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(D'après une estampe ancienne.)

avait disparu!

REX COELESTA OLEO

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MÉDAILLE FRAPPÉE A L'OCCASION DU SACRE DU ROI A REIMS.

FACE ET REVERS.

(Bibliothèque nationale.)

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