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ment que n'avait été achetée la bobine. La même opération pouvait d'ailleurs s'accomplir également sur tous les objets en fil d'or qu'on s'offrait alors volontiers en cadeau.

Le parfilage n'a qu'une excuse, c'est qu'en occupant les mains, il laissait l'esprit entièrement libre pour la conversation. « Vive le parfilage! » disait avec raison Mme du Duffand, dans des vers qui sont du reste plus malveillants que poétiques :

Vive le parfilage!

Plus de plaisir sans lui!
Cet important ouvrage

Chasse partout l'ennui.

Tandis que l'on déchire
Et galons et rubans,
L'on peut encor médire
Et déchirer les gens.

Déchirer les gens, en effet, c'était encore un plaisir dont on ne se privait guère, et parfois on s'y appliquait en traçant leur portrait à la plume. La mode des portraits était ancienne en France : c'était un genre où avaient triomphé les Précieux et les Précieuses. Les personnes les plus spirituelles du XVIIIe siècle s'y amusèrent aussi, soit pour louer leurs amis, soit pour médire de ceux qu'elles n'aimaient point, parfois en ayant l'air de faire leur éloge.

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NAVETTE POUR PARFILER EN IVOIRE STYLE RÉGENCE

Mais, de tous les divertissements qui furent en honneur dans les salons, il n'en est point qui ait joui d'un succès plus universel que le théâtre de société. On a vu quelle était la passion des gens de la cour pour les représentations dramatiques le même goût se retrouve chez tous les gens du monde.

Chez les princes d'abord, et notamment chez le duc d'Orléans, petit-fils du régent. Son fournisseur ordinaire, c'était Collé, son secrétaire, l'auteur de la Partie de chasse d'Henri IV, qui fut précisément, sous le titre de le Roi et le Fermier, représentée d'abord chez le duc avec un grand succès. Mais les genres dans lesquels Collé avait surtout

(Coll. Jubinal de Saint-Albin.) conquis sa réputation, c'étaient, avec les amphigouris, espèces de galimatias

en vers, les parodies et les parades.

On comprend de reste ce que c'est que la parodie appliquée aux tragédies célèbres. Quant

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NAVETTE POUR PARFILER

(OR ET ARGENT). (Coll. Jubinal de St-Albin.)

aux parades, les personnages en étaient ceux des parades ordinaires des théàtres de la foire, et ces personnages tenaient des propos d'une liberté parfois incroyable. Situations scabreuses, équivoques grossières, mots orduriers, c'est le contenu ordinaire de ces petites pièces, auxquelles un assez grand nombre d'auteurs s'essayèrent. Si l'on venait à dresser une fois le catalogue complet de toutes celles qui furent alors applaudies, on serait parfois bien étonné de voir par quels hommes ont été imaginées, et dans quels salons ont été lancées certaines plaisanteries des plus salées. Quelques-unes de ces petites compositions sont d'ailleurs parfois vraiment comiques, et la vogue ne s'en ÉCAILLE BLONDE INCRUSTEE démentit pas dans le plus grand monde durant tout

NAVETTE POUR PARFILER
EN

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Les pièces qu'on représentait chez le financier La Popelinière, à Passy, étaient plus décentes. Mais elles avaient un autre inconvénient : elles étaient de lui. Toutefois, on y venait en foule: le succès, en effet, nous dit Marmontel, <«<en était d'autant plus assuré, que le spectacle était suivi d'un splendide souper, auquel l'élite des spectateurs, les ambassadeurs de l'Europe, la plus haute noblesse, et les plus jolies femmes de Paris, étaient invités ».

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Ce qui doit être pour La Popelinière un gage plus solide de la bienveillance de la postérité, c'est celle dont il fit preuve lui-même à l'égard du talent, et particulièrement du talent des musiciens. C'est chez lui que fut représenté d'abord le premier opéra de Jean-Jacques Rousseau, les Muses galantes.

Au reste, il « avait à ses gages, dit encore Marmontel, le meilleur concert de musique qui fût connu dans ce temps-là. Les joueurs d'instruments logeaient chez lui et préparaient ensemble le matin, avec un accord merveilleux, les symphonies qu'ils devaient exécuter le soir. Tous les habiles musiciens qui venaient d'Italie, violons, chanteuses et chanteurs, étaient reçus, logés, nourris dans sa maison, et chacun à l'envi brillait dans ces concerts. Rameau y compo

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