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son grand-père, jusqu'à sa mort. Après lui, le 8 avril 1876, M. Lefort l'acheta en vente judiciaire, moyennant 160.000 francs; il l'a revendue par acte du 2 mai 1901, à M. Hellers, négociant, établi au no 8 de la même rue, actuellement propriétaire.

Durant cette dernière période moderne d'un siècle, de nombreux locataires se sont forcément succédé dans ce grand immeuble, mais quelques-uns seulement nous sont révélés par les almanachs d'adresses et méritent d'être mentionnés.

En 1823, on remarque à l'hôtel de Bussy M. de Servan, homme de lettres, auteur de plusieurs volumes de poésies.

En 1827, demeurent dans la maison: le docteur Joubert, médecin; M. Ladevèze, homme de lettres; M. Lassaigne, avocat; M. Volmar, artiste peintre, qui a exposé surtout des études de chevaux aux Salons de 1824 et 1827, puis un dentiste, un bijoutier, etc.

L'hôtel de Bussy meublé, tenu par M. Jarnet, se trouve encore indiqué en 1827, mais bientôt son enseigne va disparaître et, non sans surprise, on la revoit rue Villedo.

Pendant de longues années, de 1828 tout au moins jusqu'en 1846, vécut dans cette maison un homme dont l'existence antérieure avait été singulièrement mouvementée c'était Bory de Saint-Vincent, colonel d'étatmajor, puis, général et membre de l'Institut. Né en 1780, il était déjà officier sous le Directoire et fit campagne en Vendée et en Allemagne; puis il devient naturaliste explorateur avec Baudin dans les mers et sur les côtes d'Afrique, reparaît capitaine de dragons à Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland, major et colonel en Espagne, député en 1815, est proscrit par le

gouvernement de la Restauration en France, chassé de Belgique et d'Allemagne, réduit à se cacher dans des carrières où, faute de mieux, il étudie la géologie, vivant d'expédients et trouvant moyen de publier entre temps des travaux scientifiques; enfin, par grâce, autorisé à rentrer en France en demi-solde. C'est alors qu'il s'installa avec Mile Bory de Saint-Vincent (sa fille ou sa sœur?) dans un très modeste petit logement au cinquième étage de la vieille maison de Landelle, d'où il écrivit des articles de journaux et nombre d'ouvrages les plus divers. Rentré en faveur après 1830, chargé de missions géographiques et militaires, nommé général et membre correspondant de l'Académie des sciences, il ne quitta pas néanmoins son logis de la rue de Buci et y mourut le 22 décembre 1846 (1).

En 1847, un almanach parisien indiquait de même au no 6 (no 4 actuel) de la rue de Buci Renard Martinet et Cie, éditeurs, fondateurs de la grande maison bien connue, et Charles d'Orbigny, naturaliste, qui a laissé d'importants ouvrages notamment sur la géologie.

Un peu plus tard, vers 1854, dans le bâtiment au fond de la cour, on signalait au rez-de-chaussée un relieur, au premier étage un libraire, au deuxième un imprimeur. En 1860, on remarque le nom de Giacomelli, artiste peintre, puis deux professeurs et un dessinateur. Pour les boutiques donnant sur la rue, l'une était occupée par le magasin Marty des Dames françaises, et deux autres par un bijoutier et un marchand de beurre.

A l'heure actuelle, le bâtiment sur la rue, déjà recons

(1) Arch. de la Seine. Acte de décès de Jean-Baptiste-Gustave-Marcellin Bory de Saint-Vincent, décédé le 22 décembre 1846, rue de Buci, n” 6.

truit en 1828, vient d'être encore refait à neuf. La porte cochère seule paraît ancienne. A droite est la grande boutique d'un marchand de beurre et fromages, ornée à l'entresol d'un beau tableau reverni portant l'enseigne A la belle Fermière, c'est peut-être l'ancienne boutique de l'Aigle d'or, ou l'étude du notaire Lemoine. A gauche est une boucherie.

Le bâtiment du fond survit encore avec le perron du restaurant Landelle, la salle obscure des Dîners du Caveau à gauche du vestibule, et, au premier étage, le local des réunions de la loge maçonnique de Bussy. Mais, de tout cela, il ne restera bientôt plus que le souvenir conservé par une photographie, car, dans peu de mois, tout doit être démoli et reconstruit.

N° 6

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Le Pavillon royal. Les Du Caroux. Les Ballet.

Petite maison étroite et peu 'profonde, n'ayant que deux fenêtres et une boutique sur la rue. Elle est par derrière enclavée de deux côtés par sa voisine du n° 4, ce qui a fait croire qu'elle en avait été détachée à une époque récente après en avoir longtemps fait partie. Cependant si jamais ces deux maisons n'ont formé qu'un seul immeuble, ce dut être dans un temps bien reculé, et la date de leur séparation nous échappe. En effet, dès l'année 1678, on trouve une déclaration de propriété, faite par la veuve de François Du Caroux marchand tapissier, pour la maison ayant pour enseigne le Pavillon royal, tenant d'un côté à celle du Président de Bailleul que

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