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truire en reculant à l'alignement. L'immeuble, réduit alors à des proportions exiguës, prend l'aspect qu'il a maintenant. Tel quel, il est cependant adjugé au prix de 45.000 francs en 1869, à M. Chabotteau, et vendu par celui-ci moyennant 55.000 francs, en 1880, à Mme Ancelot, qui se trouvait ainsi propriétaire de ce groupe de maisons portant les n° 1,3 et 5.

No 2.

La Salamandre. - La Providence. - Le Mouton. - Le Port de Salut. - Le Grand Balcon. La bonne foi. Les Dames françaises.

A l'angle de la rue de Buci et de la rue Mazarine est une grande maison d'aspect banal, ayant son entrée sur cette dernière rue, et comprenant plusieurs boutiques. Son histoire n'offre guère d'autre intérêt que la succession des enseignes qu'on y rencontre, et dont chacune semble porter l'empreinte de l'époque à laquelle elle a pris naissance.

Pendant fort longtemps, cet immeuble a constitué deux, sinon trois propriétés distinctes, dont l'histoire offre quelque confusion. En 1790, c'étaient les nos 1,2 et 3; de 1794 à 1806, c'étaient les n° 1519 à 1525; de 1806 à 1850, c'étaient les nos 2 et 4.

En 1530, d'après Berty, le sieur Nicolas Maretz, déjà propriétaire en face, était possesseur à cet endroit d'un terrain sur lequel il n'y aurait eu encore en 1595 aucune construction. Cependant une maison ayant l'enseigne de la Salamandre, signalée en 1595, semble bien avoir été

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située sur une partie au moins de l'emplacement du n° 2 actuel. Dans tous les cas, on trouve, en 1687, l'indication certaine de la maison d'encoignure, appartenant à un sieur Puthon. En 1735, elle est la propriété d'une demoiselle Regnault et porte pour enseigne : A la Providence. Par acte du 25 mai 1744, elle est acquise par François-Nicolas Cabaret, marchand mercier, qui y tient déjà boutique; il la paye 31.000 livres. Le 12 février 1774, Dominique Cabaret fils, officier de la Connétablie, demeurant aussi dans la maison, la rachète de ses cohéritiers pour 60.000 livres.

Au début de la Révolution, l'enseigne de la Providence ne convient plus; on lui a substitué celle du Mouton. C'est encore un Cabaret qui est propriétaire.

Puis la maison est vendue, revendue, et se retrouve, vers 1840, aux mains d'un notaire de Paris, M. Clairet, qui la réunit à la maison contiguë, les rebâtit toutes deux et en fait un seul immeuble ayant large façade sur la rue de Buci. Telle est, en résumé, la succession des propriétaires de la première partie du no 2.

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Quelle a été l'histoire de la deuxième partie? Les propriétaires qui s'y sont succédé n'ont pas eu plus de célébrité. En 1628, la maison appartient à Jean Charon, apothicaire; après sa mort, elle est vendue, par acte du 8 janvier 1646, à Silvain Perrot, marchand, et porte alors pour enseigne : Le Port de Salut. Le 25 mai 1660, par suite de partage entre les enfants Perrot, elle échoit à Marie Perrot, femme de Michel Boucher, notaire conseiller du roi. En 1687, Étienne-Michel Boucher fils, notaire au Châtelet comme son père, en est devenu propriétaire; mais, à la fin de sa vie, il tombe en déconfiture, et, après sa mort, en 1705, ses créanciers font

vendre la maison qui a encore conservé son enseigne du Port de Salut. C'est d'ailleurs la veuve Boucher qui rachète moyennant 28.500 livres. L'immeuble se compose alors de deux corps de logis, l'un sur la rue, l'autre entre deux cours, et comprend une grande boutique et trois étages avec grenier au-dessus.

En 1718, l'enseigne de la maison a changé; au lieu de Port de Salut, c'est la Couronne d'or. Sous cette nouvelle désignation, la veuve Boucher en fait donation de son vivant, par acte du 14 mai 1718, à Charles Harlan, juge-consul parisien. A la mort de ce dernier, en 1725, son fils Pierre-Auguste Harlan, aussi juge-consul, et sa fille, mariée à Bonaventure Mortier receveur des gabelles, deviennent propriétaires. La famille Harlan conserve la maison toujours avec l'enseigne de la Couronne d'or jusqu'en 1775. A cette époque les copropriétaires, qui sont au nombre de six, comprenant un conseiller au Parlement, un fermier général, un avocat général à la Cour des Aides, un lieutenant général et autres, vendent, par acte du 7 août 1775, moyennant 41.650 livres, à Antoine Caffin, fermier de la Seigneurie de Cormeilles en Vexin. Celui-ci reste propriétaire, jusqu'à la Révolution, de la maison. qui continue d'avoir pour enseigne la Couronne d'or.

Ici l'histoire des deux parties du n° 2 se confond. En 1790 et 1792, les almanachs d'adresses indiquent là le domicile du sieur Fortin, marchand drapier, qui est électeur du district et caporal dans la garde nationale. Ils mentionnent au même endroit, de 1788 à 1802, les demeures de Tavernier horloger recommandé, et de Caffin propriétaire, fils de l'acquéreur de 1775, d'abord qualifié marchand mercier, puis en 1802 marchand de fers pour meubles. On trouve encore la même indica

tion pour Coursonnet, papetier, et, de 1806 à 1809, pour Foy, mercier, ayant pour enseigne le Grand Balcon, dont voici le prospectus séduisant (1):

AU GRAND BALCON, rue de Bussy, faubourg Saint-Germain, au coin de celle Mazarine, à Paris.

Foy tient magasin de merceries, soieries en tous genres, toiles, mousselines, linons, batistes, dentelles, gants à 18 sous, et autres marchandises d'occasion. A TRÈS BON MARCHÉ.

Un peu plus tard, ce digne commerçant paraît avoir pris pour enseigne, peut-être par allusion à son propre nom: A la Bonne Foi. Puis son successeur adopte encore une autre enseigne : Aux Dames françaises. En effet, on lit dans la Petite Chronique de Paris, à la date du 8 décembre 1817, l'entrefilet suivant:

Ce que c'est que l'entraînement de la mode! Un marchand de mousselines, toiles, etc., au carrefour Bussy avait hérité d'une enseigne de famille portant: A la Bonne Foi. Eh bien! la Bonne Foi vient de disparaître pour faire place à l'un de ces tableaux qui, chaque jour, augmentent le Muséum en plein vent. Cette composition, vraiment digne d'un Salon, représente deux dames et un homme qui offre un cachemire à l'une d'elles qui lui sourit agréablement. Je gagerais que ce tableau est d'après nature. Au surplus, l'inscription A la Bonne Foi est remplacée par celle-ci : Aux Dames françaises. Tous les connaisseurs diront que c'est presque là un synonyme.

Quoi qu'il en fût, la nouvelle enseigne fit fortune. Pendant soixante ans environ, le magasin des Dames françaises fit de bonnes affaires et fut connu dans Paris. En 1831, un petit livre amusant, intitulé l'Art de mettre sa

(1) Arch. de la Seine.

cravate (par E. Marco de Saint-Hilaire sous le pseudonyme du baron Émile de l'Empesé) signalait, parmi les marchands de cravates le plus en vogue, BourgeoisDumoulin, rue de Bussy 2, aux Dames françaises. Le magasin s'agrandit et occupa tout le rez-de-chaussée de trois maisons depuis le coin de la rue Mazarine jusqu'au no 6. Sous le second Empire, MM. Marty et Cie, propriétaires du fonds, voulurent sans doute rajeunir et mettre au goût du jour leur tableau-enseigne de 1817, car la vignette qui le reproduisait, en tête de leurs prospectus, représente trois dames portant de vastes crinolines suivant la mode nouvelle. Le commis offrant un cachemire a disparu.

Vers 1870, cette importante maison de commerce paraît avoir cessé d'exister. Elle a été remplacée au rez-dechaussée par trois boutiques occupées par un marchand de chaussures, un mercier et un épicier.

La propriété même de l'immeuble, après être restée longtemps à M. Clairet, est passée à Mme la comtesse de Pally.

L'Aigle d'or.

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N° 4.

Les Le Ragois de Bretonvilliers.
Le restaurateur Landelle.

L'Hôtel de Bussy.
Les diners du Caveau.

L'immeuble portant le n° 4, situé juste en face de la rue Grégoire-de-Tours, a été déjà plusieurs fois en partie transformé, et va l'être bientôt entièrement. Néanmoins, il est un des plus intéressants de la rue de Buci par les souvenirs qui s'y attachent. Aussi avons-nous été heureux

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