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grande partie du jeu de paume couvert lui servait de magasin. Il avait pris pour enseigne : A l'image Notre-Dame, et, sur ses grandes étiquettes, comme encadrement de la gravure d'une Vierge de Raphaël, il faisait figurer quatre écussons, dont deux aux armes royales et deux aux armes du Dauphin, duc de Bourgogne, et de sa femme Adélaïde de Savoie (1). Ces deux derniers étant décédés en 1712, et Jollivet se disant fournisseur ordinaire du roi, il y a lieu de penser que ces étiquettes armoriées, et par suite la papeterie, remontaient à une époque antérieure à 1712.

A côté de la boutique de Jollivet, se trouvait le passage d'entrée de la maison. Un sellier y avait installé une petite boutique et occupait en outre dans le fond, pour son atelier, ce qui restait de l'emplacement du jeu de paume. Le corps de bâtiment donnant sur la rue comprenait en outre trois étages de chambres dont les habitants devaient forcément passer par l'une ou l'autre boutique.

L'enseigne du Cheval d'or avait disparu et n'était plus mentionnée dans les actes et déclarations qu'à titre d'ancienne désignation.

Jollivet, papetier du roi, avait, au temps de Louis XV, une maison de commerce importante, car on trouve aux dates de 1730, 1743, 1757, 1766, 1773, de nombreux livres de commerce revêtus de ses étiquettes, employés par des marchands de tous genres. En 1730 on remarque entre autres, le Livre-Journal d'un bonnetier, fournisseur de la fabrique et du Séminaire de Saint-Sulpice ainsi que de la maison de la reine à Versailles. C'est chez Jollivet que sont pris aussi les papiers et registres d'un négociant commis

(1) Nous donnons, la reproduction de cette belle étiquette commerciale qui se trouve aux Archives de la Seine, à côté de celle du Griffon qui lui a succédé.

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sionnaire en gros, d'un miroitier de la rue de la Chaise, d'un grand marchand de fourrages et des épiciers et bouchers du quartier.

Aussi, n'est-on pas surpris de voir, en 1774, ClaudeFrançois Jollivet, fils, petit-fils et successeur des papetiers du roi, et dame Madeleine Féron son épouse, acheter la maison où ils demeurent. La propriété était passée en 1771, par suite d'un partage fait entre les héritiers de l'abbé Nicolay, à son frère Aymar-Jean Nicolay, ancien Premier Président de la Chambre des comptes. Ce fut ce dernier qui, par acte du 14 juillet 1774, vendit l'ancien jeu de paume du Cheval d'or, devenu la maison de l'Image Notre-Dame, aux époux Jollivet, moyennant 44.000 livres.

Disons de suite que les Jollivet étaient déjà propriétaires, depuis 1767, d'une autre maison faisant aujourd'hui partie du no 1o, mais alors séparée de celle qu'ils habitaient par une autre dont nous allons maintenant par-. courir l'histoire.

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2o Partie du no 10.

La Cloche. Le Perroquet. - Les Bidouet d'Hocquincourt. Bégon.

Les premiers propriétaires connus sont encore ici les Champion, qui, dès 1620, paraissent avoir construit à cette place une petite maison portant pour enseigne : La belle image.

En 1652, Louis Dulaurier en est possesseur et la vend, par contrat du 12 octobre, à François Chavenas, con

seiller, secrétaire du roi qui en passe déclaration en 1678. La propriété en est transmise ensuite à un sieur Croiset et se trouve après lui indivise entre les deux branches d'une famille Bidouet. Une moitié appartenait en 1710 aux Bidouet d'Hocquincourt, et l'autre moitié aux Bidouet de Tourville, les premiers habitant sans doute la Picardie, les seconds le Cotentin. La part de cette deuxième branche échut en héritage à Nicolas-Michel d'Espoy, brigadier des gentilshommes de Cambrai, qui avait épousé une demoiselle Françoise Bidouet.

Par acte du 6 décembre 1711, ce d'Espoy vendit sa moitié de propriété, moyennant 7.700 livres, à une lingère établie dans la maison, nommée Geneviève Boucher. Il apparaît dans ce contrat de vente que l'enseigne de la Belle image avait été alors remplacée par celle de la Cloche. Mais cette dernière enseigne dura peu et eut pour successeur ie Perroquet, par suite d'une circonstance assez amusante. Nous avons vu aux nos 7 et 9, en 1681, une lingère, veuve de Julien Colin, ayant pour enseigne le Perroquet et se mariant en secondes noces avec François Tiraut, bourgeois. Or, nous retrouvons ici, vers 1711, François Tiraut, marié avec Geneviève Boucher, lingère à l'enseigne du Perroquet, Il faut donc que ce François Tiraut, devenu veuf d'une première lingère, en ait épousé une deuxième en lui apportant l'enseigne, peut-être précieuse, de sa première femme. Et voilà comment le Perroquet, après avoir été suspendu pendant soixante-treize ans, de 1637 à 1711, à la maison des Religieux de Sainte-Croix, vint prendre ici la place de la Belle image et de la Cloche.

François Tiraut, qui ne devait plus être jeune, eut cependant deux filles de son second mariage, mais laissa sa femme veuve dès 1715. En effet, l'on voit, à cette date,

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