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dans notre Bulletin (1) où il est dit : « ...

Le feu a pris cette <«< nuit dans la loge d'un joueur de marionnettes... par de « l'artifice pour imiter le tonnerre. On a été près de quatre << heures sans avoir de secours suffisant... Il y a eu deux << personnes qui ont péri..... »

Pour conclure, on peut constater à nouveau que la pluralité des témoignages a quelquefois pour résultat de laisser indécises les grandes et les petites questions de l'histoire.

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Quant aux transformations ultérieures de la Compagnie des gardes pompes, nous ne ferons que les résumer. La rive gauche n'a plus désormais que des corps de garde et des dépôts de pompes et de voitures d'eau; en 1771, l'Almanach royal cite les dépôts de la rue des Fossés-SaintBernard, de la place de l'Estrapade, de la rue Mouffetard, du préau de la Foire Saint-Germain, de la rue des Vieilles-Tuileries, vis-à-vis la rue Saint-Maur (c'est-à-dire rue du Cherche-Midi, en face la rue de l'Abbé-Grégoire, aujourd'hui), rue du Bacq, vis-à-vis les Jacobins (SaintThomas d'Aquin), place Maubert attenant le corps de garde du guet, à la barrière de Vaugirard, et aux coches de Versailles. On voit qu'il n'y a plus rien rue Mazarine. On lit dans le journal du libraire Hardy (2) à la date du 23 juin 1782 « ... Ce jour, comme on représentait au : << nouveau théâtre français de la rue de Condé Gabrielle de

(1) Bull. de la Société historique du VI arrond. (Avril-septembre 1878). (2) Manuscrits fonds français : no6.683. Bibl. nationale. — Il s'agit ici du nouveau théâtre établi sur les terrains de l'hôtel de Condé, qui sera incendié en 1799, l’Odéon d'aujourd'hui.

Vergy, tragédie en cinq actes, et qu'on était au troisième, «< il arriva qu'en changeant les décorations on fit remuer << par inadvertance la sonnette d'alarme. Alors, les pom

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piers accourus ayant lâché leurs robinets et un tuyau percé << ayant occasionné une espèce d'aspersion sur les specta<«<teurs, il se répandit un bruit de feu qui effraya... On n'avait pas encore perdu le souvenir de l'incendie de l'Opéra « qui a causé tant de malheurs en si peu de temps... >>

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Du récit de cette panique, qu'on croirait d'hier, — il semble résulter que les pompiers du poste du palais du Luxembourg (voir l'Almanach de 1788) étaient mis en éveil par une sonnette d'alarme, et qu'il n'y en avait point à demeure dans la salle, comme les capucins dont parle (supra) le journal de La Grange.

L'almanach de 1788 indique 25 corps de garde dont 9 sur la rive gauche, (notamment «< au palais du Luxembourg, rue de Vaugirard, vis-à-vis la Comédie française; rue Guénégaud, à l'hôtel des Monnaies; rue de Sèvres, vis-à-vis les petites Maisons; rue de Bourbon, aux coches de Versailles ») plus 4 dépôts de pompes.

La Convention après avoir déchargé le trésor de l'État de toute subvention, par ce motif que le service des pompes devait être une charge municipale (5 novembre 1792)rendit, à la date du 9 ventôse an III, un décret qui réorganisait le corps des pompiers et inscrivait leur solde au budget national. L'almanach national de l'an III, dans sa notice consacrée à « la compagnie des gardes pompes de Paris >> dont le citoyen Ledoux est directeur en chef, (au chef-lieu rue de la Jussienne), compte 270 pompiers qui font le service de trois jours l'un, à trois pompiers de garde dans chaque corps de garde : il y a donc 30 corps de garde dans Paris. Notons ceux «< du palais du Luxembourg, rue de Vaugi

« rard, vis-à-vis La Comédie de l'Égalité (l'Odéon); de la rue « de Sèvres, vis-à-vis les petites Maisons; de la rue de l'Isle,

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faubourg Saint-Germain, proche le bureau des Coches; << de la rue de Grenelle; de la rue Guénégaud, à la maison « des Monnaies... >>

Puis, vient l'arrêté consulaire du 17 messidor an IX, qui porte le nombre des hommes à 293 groupés en trois compagnies : l'état major comprend un ingénieur et un sous-ingénieur; pour être admis il faut notamment avoir exercé pendant deux ans au moins l'une des professions ci-après : charpentier, couvreur, plombier, menuisier, charron, serrurier, sellier ou vannier.

Le décret du 18 septembre 1811 maintient encore dans l'état-major du « Corps des pompiers » un ingénieur et deux maîtres ouvriers; il y a 4 compagnies, casernées, la première au chef-lieu des pompiers, quai des Orfèvres, la quatrième, aux bâtiments des ci-devant Jacobins de la rue Saint-Jacques. L'almanach impérial de 1812 indique les 40 postes, parmi lesquels nous citerons ceux « de la rue de Sèvres, vis-à-vis la porte des petites Maisons, numérotée 23; de la rue de l'Université, 69, au bureau de la guerre; de la rue de Lille, vis-à-vis le 103, au palais du Corps législatif; de la rue Guénégaud, 2, à l'hôtel des Monnaies; de la rue de Vaugirard, au commun du Sénat... »

Ce sont, avec quelques variantes dans la désignation, les mêmes emplacements qu'autrefois.

Enfin l'ordonnance royale du 7 novembre 1821 organisait le corps des Sapeurs pompiers de la Ville de Paris, en éliminant tout élément technique ou professionnel : les hommes et les officiers font partie de l'armée et aucune connaissance spéciale ne leur est demandée.

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Revenons à Du Périer, qui avait ces, 32 enfants, dont 24 garçons et

eu, de ses doubles no

8 filles : la question de

la dépopulation ne se posait point à cette époque. Quinze d'entre eux seulement ont été connus,

François-Nicolas, qui a quitté la direction générale des pompes en 1760, se retirait avec 5.000 fr. de pension viagère: il fut plus tard conseiller du roi, président trésorier de France au bureau des finances de la généralité de Montauban, et mourut avant 1785, nous dit M. Monval.-Jean-Baptiste, né du premier mariage le 25 octobre 1674, était, à la mort de son père, conseiller au conseil souverain du cap Français, île et côte de Saint-Domingue. - Léon, né aussi du premier mariage, joua de petits rôles d'enfant à la ComédieFrançaise, puis fut intéressé dans les fermes du roi, et plus tard munitionnaire général des vivres de la marine : il se faisait appeler sieur de Saint-Léon, le père de sa femme était directeur général des fermes à Langres. Marie-Antoinette, née en 1680, épousa Thomas Fessart, fils de messire Fessart ci-devant secrétaire des commandements de Mme la duchesse de Nemours; Thomas Fessart devint trésorier de la marine. Antoine-François, né en 1708, après avoir servi au régiment de Picardie, devint commissaire des guerres, ce qui ne l'empêchait point de traduire des comédies étrangères, de publier un recueil de poésies, un opéra, et un poème qui lui valut les suffrages de Voltaire : il vécut douze ans à Cambrai, où lui naquit, le 26 janvier 1759, un fils, Charles-François, qui fut plus tard le général Dumouriez. M. Monval consacre plusieurs pages aux quinze enfants de Du Périer qui ont laissé des traces; mais il ne

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dit rien de celui que l'Almanach de 1750 associe à François-Nicolas pour la direction générale des pompes.

En somme, les aventures et la descendance de Du Périer tendraient à justifier Victor Hugo d'avoir fait un si beau sort à Ruy Blas ce fut évidemment un brasseur d'affaires, mais intelligent et qui sut, ainsi que les siens, faire sa trouée dans la carrière industrielle, comme nous dirions aujourd'hui, et aussi dans les finances et l'intendance, ce qui est de tous les temps.

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Un dernier mot sur la plaque de la rue Mazarine. L'almanach royal de 1750 est d'accord avec M. Monval pour dire que la maison de Du Périer était « vis-à-vis la petite porte du collège des Quatre Nations ». Or la plaque décore la maison qui a le n° 3o, et c'est le no 32 qui se trouve vis-à-vis de la petite porte de l'Institut. D'autre part, l'aménagement du n° 32 (aujourd'hui encore avec deux remises pour voitures sur la rue) nous paraissait mieux rappeler ce que devait être l'hôtel des pompes.

Ces plaques commémoratives, on le sait, ne sont point infaillibles. M. Sardou, dans une lettre que notre Bulletin (1) a publiée, rappelait, en 1898, la méprise qui s'est produite au sujet de la plaque posée place de l'Odéon en souvenir du logement occupé par Camille Desmoulins, et priait instamment notre Société d'inter

(1) Bulletin de la Société historique du VIe arrondissement, octobredécembre 1898.

Voir aussi la note du Dr E. Foucart sur le domicile de Camille Desmoulins. Même Bulletin.

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