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Le 7 septembre 1719, un brevet fut accordé à son fils, François-Nicolas, alors âgé de 14 ans, pour lui assurer la survivance de la direction; il faisait déjà fonctions de lieutenant, malgré son jeune âge.

L'Almanach royal de 1719 a une page consacrée spécialement aux « Pompes publiques pour remédier aux incendies ».

« Le public est averti qu'outre les 4 pompes qui sont <<< restées dans l'Hôtel de Ville, Sa Majesté, pour la sûreté <«< de chacun, en a fait déposer encore: 3 dans le couvent << des Grands Augustins, au bout du Pont-Neuf;... 3 dans << le couvent des Carmes de la place Maubert... ; 3 dans << le couvent de la Mercy proche l'hôtel de Soubise...; et << 3 aux petits Pères de la place des Victoires... Enfin, « sans compter celles que tient toujours prêtes le s du << Perrier, directeur général desdites pompes, en sa mai«son, rue Mazarine, on trouvera chez MM. les commis

saires de tous ces différents quartiers, la liste des noms << et demeures des gardiens et sous-gardiens desdites << pompes, qui logent aux environs des lieux où elles sont << préposées pour les faire marcher avec toute la diligence possible, quand le besoin le requerra. »

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L'almanach donnait lui-même d'ailleurs les noms et demeures des gardiens et sous-gardiens. C'était, pour ne citer que ceux des pompes des Grands Augustins : un serrurier, rue de Seine; un potier de terre, rue Mazarine, attenant M. du Perrier; un menuisier, un cordonnier, et deux serruriers, chez M. du Perrier; un menuisier, rue Saint-André-des-Arcs, près la rue Pavée; et un cordonnier, rue du Four; en tout 8 hommes.

Aux termes d'un arrêt du Conseil d'État du 10 mars 1722 le nombre des pompes était porté à 30, servies par 60 gar

diens, à 100 livres chacun, sous les ordres du lieutenant général de police; outre ces 30 pompes, la Ville en possédait plusieurs autres sous les ordres directs du prévôt des marchands.

Des lettres patentes du 17 avril 1722 accordèrent à du Périer 40.000 livres une fois payées, et une subvention annuelle de 20.000 livres. La direction générale des pompes avait son siège à son domicile, rue Mazarine, dit

M. Monval, en face de la porte des 4 Nations, avec une plaque portant : « Pompes publiques du roi pour remédier aux incendies sans qu'on soit tenu de rien payer. »

C'est là que Du Périer mourut le 21 juin 1723, ayant certainement montré plus d'aptitudes pour le service des pompes que pour la comédie; il laissait un testament dans lequel il demandait à être enterré au cimetière Saint-Sulpice, où était déjà sa première femme.

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Son fils François-Nicolas, né en 1706, lui succéda comme directeur.

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L'Almanach royal de 1750, dans son article sur les Pompes du Roi, publiques, pour remédier aux incendies, sans que le public soit tenu de rien payer »>, mentionne le « s Dumouriez du Périer, directeur gé«<néral des pompes du Roy pour les incendies et le << s Dumouriez son frère, rue Mazarine, vis-à-vis la petite « porte du Collège des 4 Nations. >>

Il semble donc que François-Nicolas s'était associé l'un de ses frères; tous deux ont pris le nom de Dumouriez, qui devient, désormais, le nom patronymique.

Les pompes sont déposées, en 1750, pour le quartier

Saint-Germain à la foire Saint-Germain, au presbytère de M. le curé de Saint-Sulpice, à la Comédie française, aux coches de Versailles (1), avec 15 gardes-pompes logés rues Mazarine, Guénégaud, Dauphine, Saint-André-desArcs, du Cœur Volant, de Bussy, du Sabot, Saint-Guillaume, et à la foire Saint-Germain (le portier de la foire).

Les autres pompes sont réparties dans les quartiers ciaprès de la place Maubert, Saint-Antoine, du Marais et de la Grève, Montmartre et Saint-Denis, Saint-Honoré.

Au besoin, les pompes font leur service assez loin de Paris, lorsqu'il s'agit du service du roi. M. de Marville, lieutenant général de police, écrit au comte de Maurepas à la date du 4 février 1745 «... J'ai fait hier l'ouverture << de la foire Saint-Germain... le s' du Périer y était et il m'a << dit qu'il avait reçu vos ordres pour envoyer des pompes «< à Étampes... ». M. de Boislisle, qui publie cette lettre (2), explique que le roi devant aller à Étampes au-devant de la dauphine, le ministre avait donné des instructions à Du Périer pour que des pompes avec les hommes pour les servir y fussent transportées.

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Le 15 août 1760, Pierre Morat remplace Dumouriez fils comme directeur général. L'Almanach royal de 1771 lui donnera, en outre, le titre de « commandant de la compagnie des gardes pompes » : le siège de la direction a

(1) Versailles, Marly, Meudon et autres endroits de la Cour quai d'Orçay, près le Pont Royal : les carrosses partent tous les jours: on y trouve des voitures à toute heure. (Almanach de 1750: Coches de Versailles.)

(2) Bull. de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France : 1903, t. II, p. 17.

quitté la rive gauche pour la rue de la Jussienne, «< presque vis-à-vis la rue Soly »

L'année 1762 devait particulièrement compter dans les archives de la compagnie des gardes pompes; le 17 mars, la Foire Saint-Germain était complètement détruite par un incendie notre collègue, M. P. Fromageot en a raconté les divers incidents dans les deux articles très documentés qu'a publiés notre bulletin (1). N'est-ce pas une occasion favorable pour rechercher comment on appréciait, à cette époque, les services rendus par les gardes pompes?

Le procès-verbal du commissaire du roi, nous a dit M. Fromageot, porte que ce magistrat a fait prévenir les gardes pompes et les couvents, qu'il a donné des instructions aux sergents et soldats qui sont accourus, mais que tous les efforts ont été impuissants, qu'un pompier a été blessé, etc. Le journal de Barbier, cité ensuite, dit «< qu'on « a apporté tout le secours de la police: guet, soldats aux gardes, moines, les magistrats,... tout y est venu et y a « passé une partie de la nuit et le jour... »; les gardes pompes ne sont point nommés spécialement; mais il semble que chacun ait fait son devoir.

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D'autre part, voici un poème en quatre chants, publié à Amsterdam, deux ans après (1764), par un auteur anonyme, qui débute ainsi :

Je vais chanter l'incendie effroyable

Dont l'ardeur prompte autant qu'épouvantable
Bravant l'effet de tout secours humain

En cendre a mis la foire Saint-Germain (2).

(1) La Foire Saint-Germain. Bulletin de la Société Historique du Vle ar. (juillet 1901 à juin 1902).

(2) L'incendie de la Foire Saint-Germain et sa nouvelle reconstruction, par M. de *** 1764. Le prix est de 15 sols.

Au chant troisième, il prend à partie les syndics de la foire, ainsi que les gardes pompes (dont un, on l'a vu, était le portier de la Foire!):

et bientôt des Syndics

Maîtres buveurs, selon dictons publics,
Qui ribottaient de nuit à la Buvette,
Faisant venir chopine à chopinette,

Instruits du fait (du feu) sortent de ce tripot.

Tout éperdu, chacun s'écrie: au feu!

Au feu! pompiers, hé! vite! le temps presse
Mais ces lourdauds, dans le sein de l'ivresse,
Sourds aux éclats d'une telle rumeur,

Cuvaient leur vin, ronflant de tout leur cœur.

En revanche, le poète est tout à fait agréable pour les moines du couvent des petits Augustins qui se sont, dit-il en note, employés avec un zèle infini à secourir les marchands de la Foire.

Et l'on ne peut ici trop exalter

Le zèle ardent qu'ils ont fait éclater.

Pleins d'un amour digne de ces bons Pères

Ils bravaient tout pour secourir leurs frères.

Nous aurions voulu contrôler ces divers récits par le Mercure de France; mais l'article (avril 1762, p. 170) n'entre dans aucun détail :

« On était dans l'usage de rendre compte des spectacles «< jeux ou curiosités que renfermait chaque année la Foire << Saint Germain l'incendie qui, pendant la nuit du << mardi 16 au mercredi 17 du mois dernier, l'a réduite en «< cendres prive actuellement le public de ces sortes d'amuse<<<ments. >> (Suit un historique de la Foire, qui remonte au x11° siècle.)

Enfin, rappelons une lettre du 17 mars 1762, publiée

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