La préface de Cromwell: (introduction, texte et notes). Ouvrage honoré d'une souscription du Ministère de l'Instruction publique

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Société française d'imprimerie et de libraire, 1897 - 330 pages

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Page 294 - Il en est des idiomes humains comme de tout. Chaque siècle y apporte et en emporte quelque chose. Qu'y faire ? cela est fatal. C'est donc en vain que l'on voudrait pétrifier la mobile physionomie de notre idiome sous une forme donnée. C'est en vain que nos Josués littéraires crient à la langue de s'arrêter; les langues ni le soleil ne s'arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c'est qu'elles meurent. — Voilà pourquoi le français de certaine école contemporaine est une langue morte.
Page 287 - ... changer de type et de caractère, fuyant la tirade; se jouant dans le dialogue; se cachant toujours derrière le personnage; s'occupant avant tout d'être à sa place, et lorsqu'il lui adviendrait d'être beau, n'étant beau en quelque sorte que par hasard, malgré lui et sans le savoir; lyrique, épique, dramatique, selon le besoin; pouvant parcourir toute la gamme poétique, aller de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires...
Page 216 - C'est que le beau, à parler humainement , n'est que la forme considérée dans son rapport le plus simple, dans sa symétrie la plus absolue , dans son harmonie la plus intime avec notre organisation. Aussi nous offre-t-il toujours un ensemble complet, mais restreint comme nous. Ce que nous appelons le laid , au contraire , est un détail d'un grand ensemble qui nous échappe, et qui s'harmonise non pas avec l'homme , mais avec la création tout entière.
Page 318 - Heureux qui, dans ses vers, sait, d'une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère!
Page 258 - Jetons bas ce vieux plâtrage qui masque la façade de l'art! Il n'ya ni règles, ni modèles; ou plutôt il n'ya d'autres règles que les lois générales de la nature qui planent sur l'art tout entier, et les lois spéciales qui, pour chaque composition, résultent des conditions d'existence propres à chaque sujet.
Page 239 - Il résulte de là que tout ce qui est trop caractéristique, trop intime, trop local, pour se passer dans l'antichambre ou dans le carrefour, c'est-à-dire tout le drame, se passe dans la coulisse. Nous ne voyons en quelque sorte sur le théâtre que les coudes de l'action; ses mains sont ailleurs.
Page 237 - Ce qu'il ya d'étrange, c'est que les routiniers prétendent appuyer leur règle des deux unités sur la vraisemblance, tandis que c'est précisément le réel qui la tue. Quoi de plus invraisemblable et de plus absurde en effet que ce vestibule, ce péristyle, cette...
Page 18 - L'Espagne me montrait ses couvents, ses bastilles; Burgos, sa cathédrale aux gothiques aiguilles; Irun, ses toits de bois; Vittoria, ses tours; Et toi, Valladolid, tes palais de familles, Fiers de laisser rouiller des chaînes dans leurs cours.
Page 284 - Le vers est la forme optique de la pensée. Voilà pourquoi il convient surtout à la perspective scénique. Fait d'une certaine façon, il communique son relief à des choses qui, sans lui, passeraient insignifiantes et vulgaires. Il rend plus solide et plus fin le tissu du style. C'est le nœud qui arrête le fil. C'est la ceinture qui soutient le vêtement et lui donne tous ses plis.
Page 222 - Shakespeare, c'est le Drame ; et le drame, qui fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie, le drame est le caractère propre de la troisième époque de poésie, de la littérature actuelle.

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