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Plan du rez-de-Chaussée du Petit-Luxembourg (1790) (Archives du Sénat).

Cour d'honneur des Petit Luxembourg

En rapprochant ce procès-verbal et ce plan, on est fatalement appelé à conclure: - que Monsieur occupait personnellement les pièces du rez-de-chaussée dans le pavillon,

et l'opération continue)... Dans le salon (3 du plan), passés par la porte à gauche de la cheminée et montés successivement par 2 petits escaliers et le corridor ci-dessus annoncés dans une longue suite de pièces démeublées, communiquant l'une à l'autre et donnant sur un petit jardin anglais, sommes arrivés dans la dernière desdites pièces (ce sont là évidemment les petits appartements faisant communication avec le Petit et le Grand Luxembourg) et ayant une porte avec serrure mais sans clef donnant sur un escalier du Grand-Luxembourg (celui du pavillon N.-O. conduisant à la galerie Rubens, croyons-nous). Revenus sur nos pas... scellés sur 3 portes latérales communiquant de 3 desdites pièces à d'autres lieux que nous n'avons pu voir, attendu qu'elles étaient fermées en dedans... Descendus au bas desdits escaliers... scellé sur la fermeture d'une fenêtre donnant toujours sur ledit jardin et sommes repassé dans le salon par la même porte que celle ci-dessus désignée... Avons ensuite apposé nos scellés sur une autre porte vis-à-vis de celle dont il vient d'être parlé, communiquant à une garde-robe (4 bis du plan) étant entre le salon et la chambre à coucher... fermé les volets des 2 fenêtres du salon... sortis dudit salon... Dans une autre pièce étroite servant d'antichambre (4 bis du plan) au dit salon, avons fermé les volets des 2 croisées (le plan ne donne qu'une seule croisée, notons-le)... Dans la chambre à coucher... scellé sur porte communiquant à la garde-robe sus-désignée... après être passés et sortis de la garde-robe où nous avons mis scellés sur une porte communiquant à un corridor conduisant au GrandLuxembourg (nos 10 du plan, paraissant se continuer dans le bâtiment de jonction, sous les pièces de l'entresol parcourues tout à l'heure)...... Avons ensuite fermé les volets des 2 croisées de ladite chambre à coucher... sortis de la chambre... en avons fermé la porte... Dans l'antichambre (no 6)... scellés sur les volets par nous fermés... Dans une autre antichambre (no 7 du plan)... volets des 2 fenêtres... Dans ls salle des gardes (no 8 du plan), fermé les volets des 3 croisées... Ensuite, sommes montés... dans les appartements de Madame au-dessus de ceux qui viennent d'être décrits... >>

Le procès-verbal de levée des scellés en date du 23 août 1792, qui est à la suite, donne des indications analogues : le juge de paix part de la salle des gardes (no 8), pour vérifier et lever successivement les scellés apposés par lui dans chacune des pièces l'année précédente il notera encore 2 croisées dans le passage (no 4 bis) entre la chambre et le grand cabinet (alors que notre plan n'en donne qu'une seule); mais au lieu de qualifier le n° 3 de salon, comme il l'a fait en 1791, il dira << grand cabinet », comme notre plan, et nous signalons le fait qui, pour nous, à grande importance.

tandis que Madame occupait le premier étage;

que le << petit appartement » dont parle la Relation doit se composer de la série des pièces que parcourt le juge de paix à l'entresol (dans le bâtiment de jonction) et qui aboutissent, comme il le consigne dans son procès-verbal, à un escalier du Grand-Luxembourg; que la pièce n° 3 du plan doit être qualifiée non point «< salon » comme à l'apposition des scellés, mais «< grand cabinet », ainsi que le disent à la fois le plan et le procès-verbal de levée des scellés; qu'il y a un léger désaccord entre le juge de paix et le plan, pour la pièce n° 4 bis, puisque le plan ne porte qu'une fenêtre, alors que le juge de paix, en apposant ou en levant, a toujours vu deux fenêtres; - mais qu'en somme, les deux documents concordent assez pour s'imposer à la critique historique.

Nous pouvons donc revenir à la Relation.

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Nous avons laissé Monsieur dans son cabinet. « A peine était-il sorti (le valet de chambre), je me levai, je refermai les rideaux de mon lit, et ayant pris le peu d'effets que je voulais emporter, j'entrai dans mon cabinet dont je refermai la porte, et dès lors, soit pressentiment, soit juste confiance en d'Avaray, je me crus hors du royaume. Je mis dans les poches de ma robe de chambre trois cents louis que j'emportai avec moi, et j'entrai dans le petit appartement où d'Avaray m'attendait, après avoir eù une rude alarme, car en y entrant la clef avait refusé de tourner dans la serrure... » (pages 52-53).

Notre plan nous donne bien la chambre, et nous pouvons supposer facilement, sans connaître l'emplacement du lit,

qu'il était adossé au corridor, et que, les rideaux fermés, Monsieur sera ressorti de sa chambre par la porte donnant sur la garde-robe (no 4), pour, la traversant, gagner de suite le grand cabinet (no 3) dont il referme la porte : il échappe ainsi au premier valet de chambre, dont le logement doit être dans les locaux au nord du grand corridor (no 10) allant au Grand-Luxembourg. Ici, la Relation devient fâcheusement concise; elle ne dit pas que Monsieur sort du grand cabinet par la porte sud-est communiquant avec le corridor et les petits escaliers (n° 9), et qu'il gagne ainsi en restant à l'abri du valet de chambre la «< longue suite de pièces à l'entresol »; pourtant c'est, à notre avis, la seule voie qu'il ait pu suivre, exactement celle que suit le juge de paix le lendemain quand il apposera les scellés; mais à la dernière des pièces (du petit appartement), le juge de paix ne trouvera plus la clef de la serrure qui ouvre sur l'escalier du grand Luxembourg : d'Avaray a dû l'emporter!

N'allons pas trop vite Monsieur n'est encore que dans le petit appartement d'Avaray l'habille; l'habillement lui allait fort bien, dit-il, mais la perruque était un peu trop étroite, heureusement elle sera maintenue par le grand chapeau rond, garni d'une large cocarde tricolore. «En traversant le petit appartement » (la longue suite des pièces), d'Avaray signale la présence, dans la cour du Grand-Luxembourg, d'une voiture de remise pareille à celle qu'il a commandée et s'inquiète. Monsieur le rassure en lui apprenant (à cet instant seulement, notons encore cette réserve) que c'est la voiture qui doit emmener Madame. Cependant, « lorsqu'ils sont sur l'escalier » (à la sortie, du petit appartement), d'Avaray dit à Monsieur d'attendre, va voir si la voi. sté Hue DU VI. 1905.

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ture y est encore et, ne l'ayant plus trouvée, revient chercher Monsieur. « Nous allâmes prendre la voiture, « qui était un vis-à-vis » (pages 53-55) (1).

Le protocole ne perd jamais ses droits: Monsieur note, d'une humeur affable, qu'il se mit, par hasard, sur le devant du vis-à-vis, d'où, quelques mots échangés, que d'Avaray n'insiste point et donne l'ordre au cocher de les mener au Pont-Neuf. « La joie de « me voir échappé à mes geôliers, dit le prince, tour<< nait nos idées du côté de la gaîté; » après avoir passé la porte de la cour d'honneur, tous deux chantent un couplet de « la parodie de Pénélope: ça va bien, << ça prend bien, ils ne se doutent de rien. »

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« Nous rencontrâmes,

continue la Relation,

<< dans les rues, du peuple et une patrouille de la garde << nationale. Personne ne s'avisa de venir seulement regarder s'il y avait quelqu'un daņs la voiture » (p. 50). Il devait être plus de minuit, et la circulation dans les rues à cette heure ne pouvait être bien grande. La Comédie française (à l'Odéon) avait donné, ce soir-là, le Glorieux, en cinq actes de Destouches, suivi de l'Impatient, un acte de Lantier; mais, à cette époque, on levait le rideau entre 5 heures et demie et 6 heures, et

(1) D'Avaray, en descendant l'escalier du pavillon N.-O. du grand palais (conduisant à la galerie Rubens, celui qui existe encore aujourd'hui) pouvait rapidement jeter un coup d'œil sur la cour d'honneur du grand palais, dont les ailes avaient alors un rez-de-chaussée en galerie, ajourée sur la cour, et garnie de fenêtres ou de portes du côté opposé (c.-à-d. vers le petit palais, pour l'aile N.-O.). Voir plans Turgot, 1734-1739, Blondel 1752, Verniquet 1783-1791. Quant aux petits appartements, la Relation dit : « ... En sortant de chez moi, d'Avaray « fut accosté par un homme... il le`mena dans le corridor au grand « Luxembourg » (p. 45). Il semble bien que ce soit le long corridor du rez-de-chaussée au dessous du petit appartement, situé à l'entresol et que le prince vient de traverser.

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