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En 1822, Marc Girardin âgé de vingt et un ans, concourut pour le prix d'éloquence proposé par l'Académie. Le sujet était l'Éloge de Lesage. Le jeune concurrent apprit que son œuvre avait été remarquée; il sollicita alors la protection de son ancien professeur Laya devenu académicien depuis 1817.

... J'apprends (1), lui écrivit-il, que mon discours a survécu au premier examen et a été réservé pour la seconde lecture : oserai-je, Monsieur, demander vos bontés et solliciter votre indulgence pour ce premier essai; c'est vous dont les leçons m'ont rendu moins indigne de me présenter au concours académique; c'est à vous que je m'adresse encore pour me soutenir; ce sera, si j'ose le dire, achever votre ouvrage et il me sera doux de penser que c'est à votre appui que je dois un encouragement que vos leçons m'ont mis en état de solliciter. Agréez, monsieur, l'hommage de ma reconnaissance.

Votre élève, Marc Girardin.

Il n'obtint néanmoins que le premier accessit, et ce ne fut qu'en 1827 qu'il fut couronné par l'Académie pour son Éloge de Bossuet. Dès 1823, il avait été reçu agrégé, mais le Gouvernement, trouvant ses opinions trop avancées, l'avait mis à l'écart. Cependant, après le prix décerné par l'Académie, le ministre se résigna à le nommer professeur de seconde au Collège Louis-le-Grand, c'était son premier pas dans la carrière du professorat. En même temps il fit ses débuts au Journal des Débats par un article anonyme sur les troubles de la rue Saint-Denis, qui fit sensation. En 1830 commença l'époque la plus

(1) Coll. pers.

brillante de sa vie. Nommé tout de suite professeur d'histoire à la Faculté des lettres, il succéda en 1834 à son maître Laya dans sa chaire de poésie française, et fut élu député. Il entra en 1844 à l'Académie où il fut reçu le 2 février 1845 par Victor Hugo.

Sous le second Empire, Saint-Marc Girardin continua avec un grand succès son cours de littérature à la Sorbonne. Les anciens étudiants de 1855 à 1860 se rappellent l'enthousiasme que provoquaient les spirituelles allusions politiques que le professeur savait glisser dans ses leçons. Le Grand Amphithéâtre était trop petit pour contenir la foule des auditeurs.

En 1871, élu député, vice-président de l'Assemblée nationale, Saint-Marc Girardin fut le chef du parti orléaniste, mais la belle période de sa vie était finie. Il est mort en 1873 à sa maison de campagne de Morsang. A Paris, son domicile avait toujours été sur le VIe arrondissement. Après la rue de Buci où il était né, il demeura longtemps rue de l'Odéon no 27 et, en dernier lieu, rue Bonaparte n° 5.

Dès 1813, la vieille maison patrimoniale des Girardin était sortie de leurs mains. Par contrat du 1er décembre, Barthélemy Girardin, se retirant des affaires, avait vendu sa propriété aux époux Guenoux, moyennant 21.960 francs. Ceux-ci la revendirent le 7 janvier 1817, moyennant 32.000 francs à une dame Gevandan dont les héritiers la revendirent le 17 décembre 1844 au prix de 90.000 francs.

Pendant ce temps, la boutique de draperie avait persisté jusque vers 1820, puis s'était transformée en bonneterie jusqu'en 1840, et, enfin, avait complètement disparu.

Actuellement il y a là deux petites boutiques occupées l'une par un marchand de vin restaurateur, l'autre par

une crèmerie qui s'intitule: Laiterie des prés de Fontainebleau.

Quant à l'immeuble, après avoir été vendu encore en 1869, il a été adjugé, le io mars 1884, en vente publique, au propriétaire actuel, moyennant 122.340 francs.

N° 34.

Rouxel de Ponthubert. - François Forcadel.

Mar

guerite Forcadel, dame de Bruslé des Jouis. - Sadot. Renault. Bernigal.

D'après certains indices, ce serait à cette place qu'aurait existé, au xv° siècle, l'hôtel de la Forge auquel aurait succédé une maison ayant pour enseigne L'Arbalète. Mais le premier document authentique que nous ayons relevé, est un acte du 29 avril 1678, par lequel une maison, située en cet endroit rue de Buci et donnant par derrière sur le jeu de paume de Metz (rue de l'Échaudé), fut vendue par Jacques Rouxel seigneur de Ponthubert et dame Louise Delafond sa femme, à François Forcadel, conseiller et secrétaire du roi.

Le 19 décembre 1698, les enfants de François Forcadel décédé, procédant au partage de sa succession, la susdite maison échut à sa fille Marie-Marguerite, ancienne fille d'honneur de Madame, mariée depuis 1667 à Charles de Bruslé des Jouis, seigneur de la Brandonnière. Marguerite Forcadel, au temps de sa jeunesse déjà lointaine, avait des succès à la Cour. Lors de son mariage, elle donna en son hôtel un bal masqué où Monsieur et Madame vinrent, accompagnés d'un nombreux cortège de seigneurs, tous costumés et masqués. Les continuateurs de Loret, à la

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