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C'est une étroite et haute maison à six étages qui a la même origine qu'une partie du no 30. On se rappelle qu'une grande propriété ayant eu pour enseigne L'Annonciation fut vendue en 1643 par le docteur René Chartier à Rémond Cazaulx et Martin Guizelin, et que ceux-ci, en 1644, se la partagèrent. Nous avons vu l'histoire du lot attribué à Cazaulx, il nous reste à voir celle du deuxième lot échu à Martin Guizelin qui lui restitua son ancienne enseigne : L'Annonciation.

La fille unique de ce Guizelin, marchand de chevaux, épousa un maréchal des logis de la maison du roi, nommé Jean-Charles Mauvais, seigneur de la Senne et des Tournelles. Elle hérita de son père, mais nous ignorons si le maréchal des logis, son mari, en quittant le service, reprit la suite du commerce de chevaux et carrosses de son beaupère.

En 1740 les époux de la Senne étant décédés, leurs deux fils, dont l'un était comme son père, maréchal des logis du roi, et l'autre ancien mousquetaire, procédèrent à un partage par acte notarié du 7 août. La maison de la rue de Buci échut au mousquetaire nommé Anne-Nicolas Mauvais de la Senne des Tournelles. L'ancien corps d'hôtel avec porte cochère commune, dut être alors démoli, en même temps que la maison voisine appartenant à l'Abbaye, et le tout fut reconstruit dans l'état qu'on voit aujourd'hui.

En effet, la déclaration de propriété faite en 1747 par le sieur des Tournelles, donne bien la description du grand bâtiment donnant d'un côté sur la rue de Buci et de l'autre

sur la rue de l'Échaudé qui se nommait alors cul-de-sac du Guichet. On y trouve aussi l'indication des deux petites boutiques séparées par une étroite allée sombre. Depuis. cette époque il est certain qu'il n'y eut plus place dans la maison pour un marchand de chevaux ni pour un loueur de carrosses comme au temps de Chartier et de Guizelin. L'une des boutiques fut louée à un pâtissier, l'autre à un mercier et nous n'avons aucunes indications sur les habitants des étages supérieurs.

En 1778, Des Tournelles mourut célibataire, laissant pour héritier son cousin germain, Henri-Louis Duhamel du Monceau, âgé de soixante-dix-huit ans. C'était le doyen de l'Académie des sciences, membre de l'Académie de ́médecine et de la Société royale de Londres, et inspecteur général de la marine. Ce savant, presque universel, a publié d'innombrables ouvrages sur l'agriculture, l'industrie, la marine, l'histoire naturelle, la météorologie, l'horticulture, etc... Mis en possession de la succession de son cousin Des Tournelles, par liquidation du 7 avril 1778, Duhamel du Monceau, qui n'en avait pas besoin, et était sans enfants, eut la généreuse pensée d'en gratifier de son vivant ses cinq neveux et nièces. Par acte authentique du 28 août 1780, il fit donation entre vifs à Auguste-Denis Fougeroux de Bondaroy, François Fougeroux de Blaveaux, Auguste Fougeroux de Seval, Alexandre Fougeroux d'Angerville et Angélique Fougeroux veuve Titon d'Orgery, de la plupart de ses biens mobiliers et de la maison de la rue de Buci évaluée 60.000 livres. Le premier de ces donataires, Fougeroux de Bondaroy, né en 1732, avait été l'élève et

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HYLA DUHAMEL S du MONCEAU, (Physicien, Botaniste, Physiologiste, et Agronome.) Membre de l'Académie des Sciences, Inspecteur Général de la Marine,

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presque l'enfant d'adoption de Duhamel du Monceau. Profitant des leçons de son oncle, il avait, lui aussi, écrit de nombreux ouvrages et mémoires scientifiques et venait d'entrer à l'Académie. Un autre, Fougeroux d'Angerville, avait fourni aussi plusieurs articles à la Description des arts et métiers, publiée par l'Académie des sciences.

Deux ans après sa généreuse donation, Duhamel du Monceau mourut, âgé de quatre-vingt-deux ans, le 8 octobre 1782.

Ses neveux procédèrent alors à un partage, et le 24 août 1783, la maison de la rue de Buci fut adjugée, moyennant 60.000 livres, à Alexandre-François Fougeroux d'Angerville, conseiller en la Chambre des comptes, grand maître des eaux-et-forêts de Champagne.

En 1786, faisant exécuter des réparations à sa façade, il fut involontairement cause d'un grave accident, dont il fut beaucoup parlé dans le quartier, et que le libraire Hardy a raconté en grand détail dans son Journal (1). Un sieur Desjobert, grand maître des eaux-et-forêts de Soissons, et, à ce titre, confrère de Fougeroux d'Angerville, passait rue de Buci, devant la maison en réparation, lorsqu'un lourd plâtras se détacha du haut de la façade et tomba sur sa tête. Le malheureux, âgé seulement de trente-quatre ans dut subir l'opération du trépan et mourut quelques jours après. Une sentence de, police, rendue le 2 septembre, et affichée au coin de la rue, condamna à 200 livres d'amende l'entrepreneur de maçonnerie comme responsable de ses ouvriers qui avaient négligé de placer un homme dans la rue pour écarter les passants.

En 1787, la propriété fut saisie et vendue à la requête

(1) Journal de Hardy 22 août 1786 (Bib. nat. mss. FF. 6.680 à 6.687).

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