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des marchands de faïence, de mousselines, de rubans, de fil, enfin de tout ce qui concerne la mercerie.

L'un de ces commerçans ambulans traîne une petite voiture montée sur deux roues, et chargée de rubans ; il s'arrête tous les vingt pas en criant, n'achetez pas de mes rubans, il sont encore trop chers, je ne veux pas vous en vendre.

Ce moyen lui a parfaitement réussi, car toutes les femmes veulent en avoir; il n'y de jour qu'il ne fasse une recette de

a pas

60 fr.

Un autre se promène avec une grande corbeille pleine d'éponges, dont l'une des anses est portée par un chien. Il crie: Voici des éponges fines pour les Titus, pour les pelites-maîtresses, pour la toilette, etc.

Les ponts et les quais sont tous les jours garnis de marchands qui étalent par ferre toutes sortes d'objets à prix fixe; il en est qui disent, c'est aujourd'hui mon dernier jour, c'est une banqueroute, je veux me ruiner pour faire plaisir au public, etc, etc.

MUSIQUE AMBULANTE.

» Mais voici un dédommagement. Qui n'a pas senti un vif plaisir en entendant le soir du fond de son lit, le son mélodieux de ces orgues nocturnes, qui égaient les ténèbres et abrègent les longues heures de l'hiver? C'est une vraie jouissance pour l'étranger; émerveillé, bien clos et bien couvert, il entend les plus jolis morceaux de musique exécutés sous ses fenêtres, comme pour le disposer doucement au sommeil; il prête l'oreille à ces sons qui s'éloignent, et qui dans le lointain ont encore plus de charmes. Il s'endort voluptueusement, en répétant l'air chéri qui a parlé à son ame.

,

>> Je pense que rien ne serait plus propre à entretenir la bonne humeur parmi le peuple, que d'étendre et de perfectionner cette récréation innocente et publique cette douce Euphonie. ( Tabl. de Paris.) Quel agrément, si chaque soirée, chaque rue avait sa musique particulière !

L'humeur et la fatigue de la journée disparoîtraient soudain, et l'homme de peine en se couchant craindrait moins le jour suivant, embelli à son déclin.

Qui a entendu le jeu de ces orgues et qui a pu refuser sa pièce de deux sous à l'orphée qui porte sur son dos cette machine harmonieuse? Certes il doit être regardé comme un homme ingrat. Il me semble, si j'étais en place, que j'emploierais cette musique ambulante et délicieuse, prolongée et diversifiée, comme un moyen pour changer en grande partie les mœurs du peuple. Sous le règne des assignats on n'entendait plus de musique ambulante dans les rues, ni de marchands de vieux habits ou chapeaux. On voyait beaucoup moins de porteurs d'eau, de marchands de ferraille, etc.; le commerce d'argent qui se faisait perron du Palais-Royal, occupait toute cette classe d'individus. Il en est aujourd'hui qui sont devenus propriétaires de beaux hôtels. Nous reconnaissons plus d'une de

au

de ces physionomies dans de beaux car

rosses.

Les escamoteurs n'ont pas été les moins intelligens pour faire le commerce d'argent. Indépendamment de leur assiduité dans les sociétés populaires ou dans les sections, l'habitude qu'ils avaient de parler effrontément sur les places publiques, leur donnait un grand avantage pour occuper la tribune.

Depuis quatre à cinq ans, les musiques ambulantes sont très-multipliées et plus complètes, par un grand nombre de chanteurs. et chanteuses Italiennes qui parcourent les rues: l'on a porté à un haut degré de perfection l'orgue organisé.

Un Italien, bon chanteur et joueur de violon, gagne beaucoup d'argent dans les quartiers qu'il parcoure; il vient de faire l'acquisition, pour 6000 fr., d'un bel orgue qu'on a vu à la dernière exposition de l'industrie française. Il a fait poser cet instrument curieux sur quatre roues, traînées par un

cheval. Un domestique joue de l'orgue, le maître accompagne avec son violon, et chante avec sa femme. Il n'y a pas de jour qu'il ne fasse une recette de 72 à roofr.

Le conservatoire de musique lui a proposé une place de professeur, avec 6000 fr. d'appointemens, qu'il a refusée, préférant se promener dans les rues de Paris. Cet Itaplusieurs propriétés foncières.

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COMMERCE ET INDUSTRIE

SANS PATENTE.

Ce sont ceux qui dès que le jour commence à paraître parcourent les rues, les promenades, le devant des portes de spectacles, de la bourse, pour y ramasser les porte-feuilles, les mouchoirs, les montres, les ridicules perdus la veille, etc.

Ils trouvent aussi des cuillers et fourchettes d'argent, que des cuisinières

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