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souvent qu'ils le veulent. Ils n'occupent nullement le gouvernement: on n'y parle jamais de religion, ni d'affaires d'Etat.

Les Francs-Mâçons lisent des vers et de la prose, font de la musique, tiennent un ou deux banquets par mois : on fait une quête dans chaque assemblée, et le produit est envoyé au comité de bienfaisance, ou distribué à des familles indigentés.

Les Francs-Mâçons des départemens trouvent une grande différence entre les assemblées mâçonniques qui se tiennent à Paris et les leurs : ils regardent tous les Francs-Mâçons de Paris comme des profanes qui s'occupent de futilités. Cela n'est pas toujours exact.

Il est vrai de dire qu'il est plus facile aux intrigans de s'introduire dans une loge à Paris, où l'on ne peut se connaître parfaitement, que dans une ville moins peuplée.

Que souvent même un homme très

connu à Paris, dont la réputation est à l'abri de tout reproche, éprouve plus de difficultés pour être admis, qu'un fripon audacieux; mais ce qui rassure l'honnête homme, c'est que l'admission dans telle ou telle loge ne fait pas la réputation. Il importe à Paris de bien connoître les membres qui composent une loge avant de s'y affilier.

Toutes les loges de Paris ne se ressemblent pas; néanmoins on pratique dans toutes la bienfaisance.

La loge des Neufs-Sœurs s'est souvent distinguée par des fêtes brillantes et par la réunion des premiers littérateurs : assemblée aussi intéressante pour le moins que des séances académiques. On a vu dans cette loge tous les hommes célèbres et contemporains fraterniser malgré la différence dans leur art ou dans leurs fonctions.

Le Grand-Orient, qui avait succédé aux Jésuites dans le local du noviciat, rue

Pot-de-Fer, est actuellement rue du Vieux-Colombier.

Le Grand-Orient et la loge des NeufsSœurs ont donc occupé la chambre de méditation des enfans de Loyola; et Voltaire à été reçu Franc-Mâçon dans ce local en 1778, où M. de la Dixmerie lui a adressé

ces vers:

Qu'au seul nom de l'illustre frère
Tout Mâçon triomphe aujourd'hui;
S'il reçoit de nous la lumière,
Le monde la reçoit de lui.

Son éloge funéraire, et son apothéose ont été célébrés avec la plus grande pompe, dans le même endroit où l'on invoquait Saint-François Xavier.

Des Jésuites, malgré leur esprit, n'ont pas prévu tous ces événemens, qui font époque dans l'histoire.

Le grand Frédéric écrivait en 1767 à d'Alembert.

Vivent les philosophes! Voilà les Jésuites chassés de l'Espagne ( 1 ). Le » trône de la superstition est sapé et s'é» croûlera dans le siècle futur; toutefois » prenez garde qu'il ne vous écrâse en tom» bant ; car la chûte de tous les trônes du » monde ne vaut pas les chagrins et les per«sécutions qui troublent le bonheur de la » vie. Il est étonnant que des souverains » abolissent de leur propre autorité l'ordre » des Jésuites, qui servait de garde du » corps à la papauté ».

Le grand Frédéric appelait les prêtres,

la milice tonsurée.

(1) Les Jésuites achetaient d'un valet de garde-robe la chaise percée du feu roi d'Espagne, pour tâcher de découvrir, dans les papiers dont Sa Majesté s'était servie, quelques éclaircissemens sur ce qu'il leur importait de savoir. Un frère blanchissait le papier de son mieux, en rapprochait les morceaux puis mes rusės polig tiques lisaient et tenaient conseil.

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IL manque à Paris des boucheries parti

culières, situées dans des quartiers isolés, et à la proximité de la rivière, principalement pour les tueries. Rien de plus affreux que de voir ruisseler le sang; vos souliers en sont imprégnés,

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