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CHAPITRE XX I.

Sociétés; cercles et dîners; Francs

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Maçons; anecdotes sur les Jésuites;

opinion du grand Frédéric sur les Jésuites ; -réception de Voltaire dans la loge des Neufs-Sœurs.

SOCIÉTÉS; CERCLES ET DINERS.

Sous l'ancien régime les sociétés étaient

bien classées: noblesse, finance, parlemens et cour souveraine, avocats, procureurs, etc. La noblesse n'admettait les financiers que lorsqu'elle avait besoin d'argent. Le haut clergé recevait le bas clergé comme par grace.

Pendant les douze premières années de la révolution, toutes les sociétés étaient confondues; depuis cinq à six ans, on compte à Paris quinze principales classes de sociétés.

1°. Les nouveaux princes et grands dignitaires, qui reçoivent les sénateurs, les conseillers-d'Etat, les présidens des cours de Cassation, de Justice Criminelle et d'Appel.

2o. Les maréchaux de l'Empire, les généraux, officiers supérieurs et autres. 3°. Le président du Corps-Législatif reçoit et donne à dîner aux membres. 4o. Le président du sénat, idem. 5°. Le président du tribunat, idem. 6°. Le ministre de l'Intérieur reçoit les savans, les préfets, etc.

7. Le ministre des Relations-Extérieures, les diplomates.

8°. Le ministre de la Justice, toute la partie judiciaire.

9°. Le ministre de la Police générale reçoit indistinctement tous les fonctionnaires.

10°. Le ministre des Finances, tous les financiers, et ceux qui enfantent de grands projets de finances.

11o. Le ministre des Cultes, les cardinaux, les évêques, les archevêques, les curés, les chanoines de Notre-Dame et de Ste.-Geneviève ou Panthéon.

129. Le ministre de la Marine, les amiraux, vices-amiraux, tous les officiers de ma

rine.

13°. Le gouverneur de Paris, tous les premiers fonctionnaires de la capitale. 14°. Le grand chancelier de la Légion d'honneur, les grands officiers, les commandans, les officiers et les membres de la Légion.

15°. Les banquiers reçoivent les entrepreneurs, les colonels, les commissaires des guerres, les agens-de-change et les agioteurs de tous les genres.

Les membres qui composent les cours de Cassation, d'Appel et de Justice Crimi nelle ne sont pas assez riches pour avoir table ouverte ; ils donnent plus souvent des thés que des dîners.

Le Clergé de Paris est encore trop pauvre pour recevoir; les ecclésiastiques acceptent des dîners chez tous ceux qui les invitent.

Les curés des paroisses ont la précaution de faire nommer pour marguilliers des personnes en état de donner de bons dîners.

Les hommes de lettres dînent par-tout, sous la condition de ne jamais rendre. Il y a encore des distinctions dans la bureaucratie. Le chef de division se considère bien au-dessus du chef de bureau : c'est une faveur lorsqu'il le reçoit chez lui. Le commis subalterne est aussi timide devant le chef de division, à qui il ne parle que le chapeau à la main, qu'un caporal devant un maréchal de l'Empire.

De tous les tems la fortune ou la difféfence des places et des appointemens a établi l'échelle de considération.

L'indépendance ne se trouve que chez l'artiste; celui qui est célèbre voit à sa porte l'homme puissant, et ne fait sa cour

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Le négociant de Paris n'a pas le ton grave des négocians des villes de commerce, par l'habitude qu'il a de faire antichambre chez les grands fonctionnaires et chez les nouveaux riches.

Le fabricant qui se distingue dans sa partie est moins souple; il a la fierté des négocians des grandes villes de commerce.

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On compte à Paris plus de soixante loges; quelques-unes sont très-nombreuses; plusieurs ne sont composées que de quinze à vingt membres.

Les Francs-Maçons tiennent loge aussi

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