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six louis. C'étaient deux mouchards qui ne se connaissaient pas encore.

Dans une grande cité comme Paris il est impossible de pouvoir se garantir des pièges que les filoux vous tendent.

Souvent vous faites, dans un café, votre partie de dame ou d'échecs, avec celui qui doit le soir vous enlever votre montre, soit lorsque vous vous retirerez chez vous, soit au spectacle.

Nous étions jurés de jugement en 1799. Un habitué, depuis dix ans, d'un des meilleurs cafés de la rue St.-Honoré, fut traduit en jugement comme voleur. Plusieurs bons négocians du même quartier, aussi habitués du même café, déposèrent en faveur de l'accusé; pourtant il fut reconnu voleur, même d'après son aveu.

Il est donc prudent de ne se lier avec personne dans les cafés, chez les restaurateurs, aux spectacles, enfin dans aucun endroit public sans connaître d'avance ceux à qui l'on parle.

Les limonadiers ne pouvaient, il y a vingt ans, vendre du vin, ni donner à manger; presque tous aujourd'hui donnent des déjeûners à la fourchette; principalement des cotelettes, des rognons au vin de Champagne, etc.

Les principaux cafés sont :

Le café de la Régence, place du Tribunat. de Virginie, idem.

de la Barrière des Sergens, rue St.Honoré.

Militaire, rue St.-Honoré.

Hardy, boulevard Italien.

Anglais, idem.

Tortoni, rue Taitbout.
Frascati, rue de Richelieu.
de Minerve, même rue.
du Mail, rue du Mail.

du Midi, idem.

Flamand, rue St.-Louis St.-Honoré.
Mazurier, à l'entrée des Champs-
Elysées.

Les cafés, Vautour, Lyrique, de la Victoire, Yon, des Arts, Godet, Ager, boulevard du Temple.

Le café de la porte St.-Martin.
Manoury, quai de l'École.

Zoppi, rue de l'ancienne Comédie
Française.

Conti, quai de la Monnaie ou Conti. Les principaux au Palais-Royal, sont :

Les cafés de Foi, du Caveau, Valois, Corrazza, des Mille Colonnes, des Etrangers, Anglais, des Égyptiens, du Mont St.-Bernard, de l'Empire, Borel, Fitz-James, Peyron, etc.

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Le peuple de Paris fête exactement la Saint-Martin, et mardi gras, et mettrait plutôt sa chemise la veille au Mont-dePiété, que de ne pas acheter un dindon

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ou une oie à la vallée. Le prix de la volaille est exhorbitant ces jours-là.

Les cabarets, et les tabagies se remplissent dès le matin.

Les Commissaires de police ont ordre de ne pas sortir de chez eux; la garde leur amène à chaque instant des délinquans ; beaucoup vont coucher en prison en sortant du bastringue ou des guinguettes.

Depuis quelques années on voit peu de masques; mais grand nombre de personnes déguisées depuis la révolution.

Sous l'ancien régime, la police était trèsattentive à la représentation extérieure de la joie publique, malgré la misère qui régnait; elle payait à ses frais de nombreuses mascardes. Trois ou quatre mille espions étaient habillés en chianlits, et formaient des cavalcades; lis répandaient dans tous les quartiers de Paris, se réunissaient ensuite dans le faubourg St.-Antoine, et formaient deux files, jusqu'au bout du faubourg St.-Honoré. Là, ils figuraient une Tome I. Bb

allégresse publique, fausse ou mensongère, et le rapport de la police portait, que le peuple était heureux, qu'il travaillait, qu'il payait ses impositions sans difficulté.

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