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ces escroqueries compensent cela par la cherté des alimens qu'ils vendent.

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Les restaurateurs à Paris ne méritent pas tous la même confiance, soit pour propreté, soit pour la qualité des alimens et du vin.

Par exemple, il y a beaucoup d'espèces de champignons : ceux du bois de Boulogne sont dangereux. Les champignons ont été funestes à beaucoup de personnes qui ne les connaissent pas ; et tous les jours même ils font des victimes. La malpropreté des ustensiles de cuivre dont se servent certains restaurateurs, cause aussi. beaucoup d'accidens.

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Bossuet, évêque de Meaux, disait Le commerce des petits pâtés est beau

coup plus avantageux dans cette ville que celui des livres.

Nous pourrions presqu'en dire autant de la ville de Paris.

Il y a vingt ans l'on ne parlait que de deux ou trois pâtissiers célèbres, dont Lesage, rue de la Harpe, et père de trois jolies filles; Moultat, rue du Four SaintGermain, dont la femme, fille de Lesage, était mise avec autant de prétention qu'une reine de tragédie..

Aujourd'hui le commerce de la pâtisserie est porté au plus haut degré de perfection: on pourrait le considérer comme

art.

On peut consulter l'Almanach des Gourmands, par M. Grimod de la Reynière, qui a reçu des échantillons de tous les objets dont il fait mention dans son ouvrage; l'article pâtés est un des plus importans.

Cela nous rappelle une réponse de l'abbé Aubert rédacteur des Petites Affiches, au pâtissier Lesage, qui se plai

gnait de ce qu'il n'annonçait pas ses pâtés.

L'abbé Aubert lui dit : « Que voulez» vous que je dise de vos pâtés, je ne » les connais pas. » Alors Lesage lui en envoya un échantillon.

Les pâtissiers les plus célèbres ont des catalogues de pâtés, comme les libraires pour leurs livres, avec la différence que ces derniers alimentent les souris des ouvrages qu'ils ne vendent pas, et qu'au contraire il ne reste rien dans les magasins des pâtissiers.

CAFÉS.

On porte à quatre mille le nombre des cafés de Paris. Ils ne ressemblent point à ceux de Londres et des villes de commerce en France; on n'y traite point d'affaires, excepté le café Hardy, boulevard Italien, et le café du caveau, au PalaisRoyal, où se réunissent les agioteurs.

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Le grand nombre de cafés qui se sont établis depuis dix-huit ans, prouve que peuple de Paris à changé de mœurs ; les marchands de vin sont abandonnés, et l'on rencontre beaucoup moins d'hommes ivres.

Depuis plusieurs années, comme nous l'avons déjà dit, on ne parle plus de politique dans les cafés. Tout le monde se regarde, et chacun craint d'être compromis par la malveillance des agens infidèles de la police, qui font de faux rapports contre d'honnêtes citoyens.

On se défie maintenant dans les cafés et chez les restaurateurs, de ceux qui tiennent des propos contre le gouvernement: ce sont souvent des mouchards qui cher chent à faire parler.

Il y a environ deux ans, un particulier tenait, dans le café d'un spectacle, des propos indiscrets sur les nouvelles des victoires annoncées dans le Journal de Paris, qu'il lisait. Un autre particulier l'aborde et lui dit je vous conseille, Monsieur, de

parler plus bas, vous vous compromettrez mais le premier n'en tient compte et continue à déclamer contre le gouvernement. Aussitôt celui qui l'avait déjà invité à se taire, s'avance vers lui, et lui dit, en montrant son œil de surveillant, je vous ordonne de me suivre. Le particulier lui répond tout bas: Je suis un honnête homme, père de famille, si vous m'arrétiez vous feriez beaucoup de peine à ma famille; jai six louis sur moi; si vous vouliez tout cela s'arrangerait. L'autre à ces mots de six louis lui dit: Parlez plus bas et sortons. Ils sortent et vont sous le vestibule, près la porte du spectacle, où était une sentinelle. Le mouchard dit au particulier : Effectivement je vois que vous êtes un brave homme, etje ne veux pas vous faire de la peine; donnez-moi vos six louis, et je ne parterai de rien. L'autre, en les lui donnant, dit à la sentinelle en montrant sa médaille Arrêtez-moi ce coquinlà, qui vendrait son gouvernement pour

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