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quelquefois même en est l'objet. Cette >> manie bruyante avilit beaucoup les ju» gemens de nos parterres, et en général >> le prononcé du public, dans nos salles » de spectacles.

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On avait conseillé à un auteur perpé>>tuellement sifflé, de faire construire une » machine qui imiterait les claquemens de » trois à quatre cents mains, et de la confier

dans un coin du spectacle à un ami fidèle » et sûr. Il n'avait qu'à acheter des billets, » comme certains confrères ; c'eût été la >> même chose.

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» Jusqu'à quand le Parisien abusera-t-il » de la faculté de claquer, interrompra-t-il » avec étourderie un couplet éloquent, en » détruira-t-il tout l'effet en le coupant • avec une folle impatience? Cette préci»pitation tumultueuse nuit à l'acteur et au » poète; on ne les laisse point achever, » et l'illusion, au milieu de ce bruit in» sensé, s'enfuit à tire-d'aîle. Pourquoi tant babiller avec les mains, et plus

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qu'aucun peuple de la terre n'a babillé » avec la langue?

» Mais quel est l'applaudissement qui doit flatter le grand poète et le grand acteur? C'est l'orsqu'un sombre et profond silence règne dans la salle; lorsque - le spectateur, le cœur brisé et l'œil bai

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gné de larmes, n'a ni la pensée ni la force de se livrer à des battemens de mains; que, plongé dans l'illusion vic

torieuse, il oublie le comédien et l'art; » tout se réalise autour de lui; un trait ineffaçable descend dans son ame, et » le prestige l'environnera long-tems.

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On trouvera la description et des anecdotes sur les théâtres, dans chacun des voyages des différens quartiers de Paris où se trouvent des salles de spectacles.

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Autrefois les portes des grands spectacles étaient investies par une compagnie de gardes françaises qui avaient la bayonnette au bout du fusil comme s'ils allaient défendre un siège. Il y en avait même dans l'intérieur du parterre et dans les corridors. Les grenadiers rangeaient les hommes au par terre comme des anchois dans un baril.

A Londres on ne voit dans les spectacles ni gardes ni commissaire de police. Le public s'arrange lui même dehors et dans la salle; il observe un grand silence, n'interrompt jamais mal-à-propos et n'abuse pas de cette extrême liberté.

Le public est toujours juste lorsqu'il fait lui même la police dans les spectacles.

En France, le bruit dans les spectacles provient souvent de la brutalité des militaires, ou de l'arrogance ou de la bêtise

de certains agens de la police. Les hommes ne sont pas tous également propres à ce genre de fonctions, qui exigent beaucoup d'éducation, de douceur, d'aménité, et même de la représentation.

Les jours où le spectacle est gratis pour le peuple, à Paris, il n'y a point de gardes, point d'agens de police, et jamais de troubles. Cependant c'est la classe du peuple la plus remuante qui s'y porte en foule; elle applaudit avec précision aux beaux endroits de la pièce, ainsi qu'au jeu de l'acteur.

On remarque que le Théâtre Français et l'Opéra sont suivis ces jours-là par le peuple plus que les autres spectacles. Il semble qu'il soit prévenu que les petits spectacles sont faits pour amuser ceux qui sont fatigués de fréquenter les grands · théâtres.

Depuis 1789 on n'entend plus crier à la sortie des spectacles par des voix de stentor: le carrosse de M. le duc; du prince; de

M. le marquis, de Madame la comtesse, de M. le président, etc., etc.

Il est des nouveaux riches qui n'osent pas encore faire décliner leurs noms pour avoir leurs voitures.

L'orsqu'un prince allait au spectacle, sa voiture était à la file des autres. Il n'y avait point de préférence, point de factionnaire particulier pour garder le carrosse. Le cocher était seul gouverneur de la voiture de son maître.

Malgré la surveillance de la police, il arrive souvent des accidens à la sortie des spectacles, , par défaut de précaution des cochers, qui devraient faire marcher leurs chevaux au pas. Certains nouveaux riches doivent avoir encore présens les dangers que courrent les piétons.

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