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couleur selon les sociétés qu'elles fréquentaient.

Aujourd'hui elles se parent de leurs cheveux, ou si elles portent ceux d'autrui elles les arrangent si artistement qu'il est impossible de les reconnaître.

Depuis la révolution la toilette des femmes de tous les rangs est presque la même, de manière qu'il est difficile de distinguer, dans une promenade ou au spectacle, la femme d'un grand dignitaire, d'un sénateur, d'un ministre, d'un général, d'un conseiller-d'Etat, d'un préfet, d'un premier président de la Cour de Cassation ou d'Appel, de la femme d'un commis, d'un garçon de bureau, ou d'une lingère, d'une marchande de modes, d'une couturière ou enfin de la femme 'd'un huissier, et même d'une cuisinière.

Les femmes portent beaucoup de petites étoffes soie et coton, de la mousseline, de la perkale peinte et blanche. La garderobe d'une femme d'aujourd'hui ne vaut

souvent pas la dixième partie des frais énormes qu'elle a coûtés pour les changemens de modes, dépense qui excède même celle de la table, et qui est souvent la cause de désunion de beaucoup de ménages; car c'est à la marchande de modes et à la couturière, qui sont associées au Journal des Modes pour le faire mouvoir à volonté qu'on doit attribuer les querelles domesti ques. Il serait plus facile de prévoir la chûte d'un empire que de deviner la mode qui paraîtra le mois suivant.

Les femmes se plaignent que leurs maris ne les conduisent pas au bal, au spectacle, à toutes les fêtes, et qu'ils les laissent à la maison. Pourquoi voulez-vous, Mesdames, changer de parure chaque jour. Il paraît que c'est une des plus grandes jouissances des femmes.

Un Écrivain a dit : les femmes de Paris veulent enchanter tout le monde, excepté leurs maris.

Il est des femmes mariées, qui ont des

enfans, et qui cependant passent leur vie à la toilette, à la table, au jeu, au spectacle et au bal.

Avant la révolution c'était les actrices qui donnaient les modes; aujourd'hui elles sont trop heureuses de pouvoir les suivre. Les ducs, les marquis, les prélats qu'elles ruinaient, n'existent plus.

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Il y a quatre ans les femmes avaient des queues d'une aune à leurs robes; à la promenade elles balayaient la poussière. Les hommes derrière elles, étaient obligés d'observer une grande distance, de peur de marcher sur la robe, ce qui arrivait souvent. A chaque instant le cavalier demandait pardon de sa mal-adresse, et la dame, si elle était jeune, fesait une révérence gracieuse.

Les femmes à la Cour portaient des robes dont les queues, d'aumoins six aunes, étaient roulées pour monter en voiture; mais arrivées à la porte de l'appartement, ces queues se déployaient pour balayer dix ou douze

salons

que madame la duchesse ou madame la marquise traversait.

Les femmes de la Cour n'avaient aucune marque distinctive. La Reine elle-même n'était pas décorée ; quelques chanoinesses avaient un cordon bleu.

Souvent dans les bals de la Cour la femme d'un financier ou d'un avocat, lorsqu'elle était jolie, était priée de préférence à une duchesse.

Les femmes nobles portaient leurs armoiries sur leurs voitures et sur les habits de leurs laquais. Il y a deux siècles elles les portaient sur leurs robes. Il serait bien plaiant que cette mode reparût.

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CHAPITRE XVIII.

Plaisirs des Dimanches des Bourgeois de Paris; Bals d'hiver et d'été; Bastringues.

PLAISIRS DES DIMANCHE S.

ES

Les ouvriers et les marchands n'observent plus aussi strictement les fêtes et les dimanches qu'autrefois; l'on voit beaucoup de boutiques ouvertes comme les autres jours de la semaine. Sous le règne du calendrier républicain, les marchands étaient plus religieux, car ils fermaient les dimanches.

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