Page images
PDF
EPUB

CHAPITRE X VI I.

Habillemens des hommes;

- observations

sur les chapeaux ronds et sur l'épée; habillemens et beauté des femmes à Paris.

Les hommes en général ont une mise négligée. Excepté dans les cercles, les jeunes gens portent des bottes et de grands chapeaux à cornes. Ils veulent tous avoir l'air militaire.

L'hiver ils portent des capotes qui ressemblent assez aux robes de capucins. On leur a vu des habits très-courts et trèsétroits aujourd'hui ils en ont d'une largeur, ridicule, avec de gros plis sur les épaules et dans le dos.

Tome I.

X

Les jeunes gens du bon ton ont un peu abandonné les capotes et portent maintenant, par dessus leurs habits, un Spencer d'une couleur différente, et qui ressemble aux gilets des malheureux de Bicêtre.

Cependant on n'est plus reçu dans les cercles qu'en habit habillé, avec l'épée ; mais y a-t-il quelque chose de plus ridicule que de voir un homme en habit noir, le chapeau sous le bras et l'épée au côté, avec les cheveux à la Titus? On porte toujours des habits noirs en négligé.

On voit des hommes de cinquante ans se faire couper les cheveux à la Titus prétextant que c'est pour leur commodité, et cependant ils n'ont pour but que de se mettre à la mode ; mais comme la plupart ont les cheveux blanchis par l'âge, ils portent des perruques à la Titus qui imitent parfaitement les cheveux. Ce qu'il ya de plus ridicule encore c'est de voir des hommes bruns porter des perruques

blondes. On peut reprocher aux hommes d'aujourd'hui de trop imiter les femmes la frivolité et les modes.

pour

C'est le marquis de Vilette qui le premier, en 1789, proposa de supprimer la roideur et l'affèterie des vêtemens français, et jusqu'au mot d'habit-habillé. Il conseilla d'adopter le chapeau rond et de renoncer à ces trois cornes, dont la forme bisarre offense certaines gens; des cheveux courts, des brodequins ou demibottes, des rosettes aux genoux, et la

cravate.

On lit dans son Ouvrage :

« Le dernier emblême de la féodalité, » c'est l'épée, arme gothique, inutile à la » guerre, plus inutile encore dans la paix. » Il faut la proscrire et défendre de la » porter, comme on défend les poignards » et les poisons. Il est tems de briser enfin » cet instrument homicide qui servit à » mettre la couronne sur la tête des rois, » et les investit de la souveraineté ».

+

Nous ne sommes pas de l'avis du marquis de Vilette, et s'il vivait encore il serait surpris de voir des rois qui n'ont pu défendre leur couronne avec leur épée. Il ne convenait pas au marquis de Vilette de se récrier contre la royauté, car s'il n'y avait pas eu de roi en France, il n'y aurait pas eu de marquis.

[merged small][ocr errors]

Les femmes à Paris sont aussi jeunes, aussi belles qu'elles veulent l'être; elles ont à volonté un teint de lys et de rose. Il ne leur en coûte guères que deux heures de toilette pour opérer ces prodiges, grâce aux recettes des parfumeurs. Dumas, Laboullée, Tessier, rue de la loi; Dulac, rue St.-Honoré; Fargeon, rue du Roule, etc. Ces marchands fournissent même du bleu imiter les veines sur

pour

la poitrine, sur la gorge, etc.

Le successeur de Maille, fameux dis

FEMME S. 245 tillateur, rue St.-André-des-Arcs, est d'un grand secours pour perfectionner la toilette et réparer les naufrages faits à la virginité. La femme qui va chercher, pour son usage, de ces réparatifs, a l'attention de ne pas se faire connaître ; sur-tout si c'est une jeune personne qui est à la veille de prendre un époux.

La petite bouteille de vinaigre est ordinai rement accompagnée d'un imprimé qui indique la manière de se servir de cette liqueur astringente.

L'art de la toilette a tout prévu, car on vend des gorges, des mollets artificiels, des sourcils blonds et bruns, et des dents de dix-huit ans pour des femmes surannées.

Les perruques ne sont plus en faveur depuis trois ans. A cette époque les femmes de tous les états, depuis quinze ans jusqu'à soixante, portaient des perruques blondes et brunes; elles changeaient de

« PreviousContinue »