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traité de fou. Cependant, il est prouvé que le travail du soir n'est pas aussi bon que celui du matin. Que l'on compare les discussions et les décrets de la convention nationale du soir avec ceux du matin, on verra que toutes les lois de mort ont été rendues dans les séances du soir.

Aujourd'hui, les fonctionnaires publics, les banquiers, les négocians, etc. dînent à quatre, cinq, six ou sept heures. Il n'y a plus que la classe des ouvriers, des anciens rentiers et quelques marchands qui dînent à deux heures.

Il se fait plus d'affaires à Paris en tout genre depuis midi jusqu'à quatre heures, qu'autrefois dans toute la journée; chacun active ses opérations, afin d'avoir son après-dînée libre.

Les employés, obligés de retourner à leur bureau, ne pourraient aller au spectacle.

La femme du chef de division ne pourrait tenir ni cercle, ni jeu chez elle.

Aujourd'hui, le plus petit commis Thuissier même reçoit compagnie. Madame fait sa toilette à huit heures, et l'économie du souper est employée à payer la marchande de modes.

Les commis sont maussades à trois heures; à quatre moins un quart ils sont inabordables, vingt fois ils tirent leur montre pour donner une minute de plus à leurs fonctions, et pour satisfaire aux besoins de leur estomac.

ne pas

En effet, le travail de bureau est insipide et monotone; la séance depuis neuf heures du matin jusqu'à quatre est trop longue, sur-tout pour ceux qui ont le travail facile, et qui expédient en deux heures plus que d'autres en six.

Il n'est pas du bon ton de dîner à quatre heures; il faut, pour se distinguer de la classe bourgeoise, dîner au plutôt à six heures.

Les marchands donnent à dîner les dimanches.

Pour acquérir de la considération, il faut donner souvent de grands dîners; mais lorsque vous n'êtes plus en état de soutenir ce genre de luxe, tous vos dîneurs vous blâment et vous abandonnent.

Les services de porcelaine sont très à la mode; autrefois l'on ne s'en servait que pour les desserts. Il n'y a rien de si propre, de si élégant que la porcelaine.

M. Mercier dit « que les poëtes dévorent comme des loups; qu'ils trouvent le temps des repas très-abrégés; que les académiciens regrettent le siècle de Charlemagne, où l'on restait quatre heures à table; qu'il est plus curieux de voir manger un académicien, que d'entendre tout ce qu'il promet vous dire.»

Les médecins sont, en général, gourmands; mais ils ont la précaution de choisir les mêts les moins indigestes.

Les gens de lettres n'ont plus d'esprit à table, ils ne s'occupent qu'à manger. Le concierge de la maison de madame

Helvétius, à Auteil, disait, je ne sais pas pourquoi madame donne à manger à tous ces savans, pour moi, je les trouve bien bêtes; j'entends souvent de leurs propos lorsqu'ils sortent de table, qui annoncent des hommes bien sots, et sur-tout bien égoïstes.

Du temps de Louis XIV on dînait à midi; à une heure il y a 40 ans ; et à trois il ya vingt ans : on soupait à onze heures, après les visites, qui avaient lieu à 10 heures, après le spectacle.

+ DINERS ESCROQUÉS.

Il y a à Paris des dîneurs bien intelligens; ils lisent les petites affiches, prennent les adresses de ceux qui demandent une somme à emprunter, ou à placer des fonds sur une propriété foncière. Ils s'annoncent ainsi :

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Jai lu, Monsieur, dans l'affiche de tel » jour votre demande, je puis faire votre >> affaire. - Monsieur, je vous remercie,

>>

» leur répond la personne, veuillez me » donner votre adresse, je passerai chez » vous. Je suis en course..... Je passe>> rai chez vous tel jour, entre trois et >> quatre heures. » Il arrive à 4 heures précises. Je vous avais donné ma parole » de venir aujourd'hui, mais je ne puis disposer que d'un instant. Si vous » vouliez accepter notre soupe? - Je ne » le peux aujourd'hui, mais demain j'aurai » ce plaisir L'on a attention de bien traiter le particulier, qui après dîner prend les instructions nécessaires, repasse quatre jours après, dîne ; et on ne le revoit plus. Ainsi par ce moyen ces escrocs s'assurent pour l'année 365 dîners.

».

CHAPITRE

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