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soumirent au chef des Français, qui y établit le siége de la nouvelle monarchie. C'est de là que le pays particulier des Parisiens prit le nom de France, qui s'étendit peu à peu à toutes les autres parties des Gaules. Depuis ce temps, Paris fut toujours la capitale des Français, malgré le partage du royaume entre les enfans des rois de la première race. La possession de cette ville fut reconnue si importante, qu'après la mort de Charibert, roi de Paris, les rois de Bourgogne, d'Austrasie et de Soissons, qui partagèrent sa succession, convinrent de posséder tous trois, par indivis, cette capitale de la France, et qu'aucun d'eux n'y entrerait sans le consentement des deux autres, dans la crainte qu'il ne s'en fît un titre pour être regardé comme seul roi des Français.

La ville de Paris conserva cette belle prérogative jusqu'à ce qu'elle devint, sous les faibles enfans de Charlemagne, le patrimoine particulier d'un comte. Dans cet état, elle fut souvent ravagée par les Nor

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mands, qui en détruisirent tous les édifices extérieurs, et la resserrèrent dans une île de la Seine qu'ils ne purent jamais forcer, et où son évêque fit des prodiges de valeur, L'enceinte de Paris était restreinte à cequ'on nomme encore aujourd'hui la Cité: ce qui a porté à croire que cette villé n'avait pas étendu autrefois ses limites au-delà de Isle du Palais mais ce serait tomber en contradiction avec l'histoire et les monumens les plus authentiques que de partager un tel sentiment.

La puissance royale était anéantie par les usurpations des seigneurs qui forçafent les rois eux-mêmes à confirmer leurs sur pations. Cette conduite enhardit le comte, propriétaire de Paris, à porter ses vues jusque sur le trône. Cette ville, regardée conime le premier siége de la monarchie établie par Clovis, semblait lui fournir un titre pour colorer son ambition. Le comté de Paris étant uni alors au duché de France; les seigneurs, oubliant ce qu'ils devaient au

sang de Charlemague, choisirent pour'snzerain celui qui réunissait ces deux qualités. Hugues Capet fixa pour toujours le sceptre" dans sa maison, en réunissant le comté de Paris à la couronne; il confia le gouvernement de cette ville à des prévôts royaux et s'occupa, ainsi o que ses successeurs, l'agrandir et à l'embellir: Dès-lors Paris ne cessa plus d'être le séjour des rois et de leur cour, le lieu des assemblées ordinaires de la nation, et le siége unique de la monarchie!

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On aperçoit, par cette courte exposition; que l'histoire particulière de la villet de Paris, a 'été sans sans cesse subordonnée à celle de la monarchie; qu'elle était devenue la patrie commune des Français, comme" Rome était celle de tous les peuples soumis à sa domination.

En 845 et en 856 Paris souffrit beati coup des courses des Normands; en 886 et en 890 ils l'assiégèrent. Elle fut ravagée sous le règne de Louis d'Outremer; et sous

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celui de Charles VII les Anglais s'en rendirent maîtres. Brûlée presque entièrement en 585, elle éprouva un nouvel incendie en 1034, et une grande inondation de la Seine en 1206...

L'heureuse situation de Paris en facilite les approvisionnemens. Elle est placée au milieu de la ci-dev. Isle-de-France, entre les ci-dev.provinces les plus fertiles; savoir, la Normandie, la Picardie, et les Flandres. Cinq rivières navigables, la Seine, la Marne, l'Yonne, l'Aisne, l'Oise, et plu sieurs autres qui communiquent à celles-ci par les canaux de Briare, d'Orléans et celui dit de Picardie, lui apportent les denrées. des pays les plus riches en grains et en vins. Cette abondance, nécessaire à la vie a fait affluer à Paris une grande quantité de peuples. La résidence des rois, la proximité de la cour de Versailles, la dépendance où l'on était des ministres, le luxe, l'amour des plaisirs y avaient augmenté l'affluence, et chaque jour on en voyait reculer

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les limites. Cette capitale, le centre des sciences et des arts en tout, genre, est située entièrement en plaine, à l'exception du quartier appelé ci-devant de l'Université et de la partie qui comprend les faubourgs St.-Jacques, St.-Marcel et St.-Victor. La plaine est environnée, au couchant, au midi et au nord, de coteaux plus ou moins éloignés qui forment la plus belle perspective. La Seine, qui traverse cette ville de l'est au sud-est, la divise en deux parties à-peu-près égales, l'une méridionale et l'autre septentrionale. Indépendamment des îles que forme la rivière, dont une est inhabitée (l'île Louviers), et deux sont couvertes de maisons, l'ile Notre-Dame, que l'on nomme la Cité, et l'île St.-Louis, occupent le centre. C'est de cette position que se tirait la division la plus générale de Paris, en trois parties: l'une au midi, qui avait pris le nom d'Université; l'autre au nord, qui avait pris le nom de Ville; et les îles au centre, qui formatent la Cité. Ces trois parties la subg

Tome I.

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