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qu'elle ne put sortir de sa maison pendant les six dernières années de sa vie.

Cette courtisanne monstrueuse avait pour adorateurs presque tous les syndics de communautés et les marguilliers des paroisses de ce quartier.

Les allées étroites nous rappellent une plaisanterie faite à Désessart, acteur du théâtre français. Il était extrêmement puissant; ses camarades lui proposèrent une partie moyennant 241. chacun, qu'on lui fit donner d'avance. Ils lui assurèrent que tous les plaisirs seraient réunis dans ce séjour. Ils avaient choisi une maison dans le faubourg St.-Marceau, dont l'allée était si étroite, que Désessart ne put y entrer ni de face, ni sur le côté. On proposa de le faire monter par la croisée du premier étage: tous les convives étaient déjà à table. Désessart, furieux, accusa son camarade Dugason d'être l'auteur de la plaisanterie, et déclara, en s'en allant, qu'il s'en vengerait. (Voy. Duels.)

CHEMINÉES.

Rien de plus désagréable à voir audessus d'un palais, d'un bel hôtel, qu'une quantité de cheminées adossées les unes contre les autres.

Il est bien étonnant qu'après toutes les découvertes que les arts ont faites, on n'ait pas trouvé encore un moyen de faire disparaître ces monceaux de tuyaux de cheminées, qui souvent causent beaucoup d'accidens, lorsqu'il fait du vent.

L'on vient de terminer l'une des maisons de la nouvelle rue de Rivoli , en face. de la terrasse des Feuillans, nous y avons compté quatorze cheminées. Si les autres maisons qu'on doit construire en ont autant, la fumée de toutes ces cheminées fera un terrible contraste avec la belle verdure du jardin des Tuileries. L'on verra sûrement encore sous les mansardes de ces maisons de mauvais linges sécher au bout de perches de bois.

PARATON NÈRE S.

On ne voit des paratonnères qu'au-dessus du château des Tuileries, du Luxembourg et des hôtels nouvellement construits. Ainsi le tonnerre, ce fléau du ciel, et la cause de tant d'accidens funestes, est réservé à la classe bourgeoise, qui n'a pas au-dessus de ses maisons des paratonnères.

SUISSES ET PORTIERS.

Les princes, les ducs et les marquis avaient seuls le droit d'avoir pour portiers de leurs hôtels, des Suisses de nation; ils portaient une bandouillère avec la livrée de leurs maîtres.

On lisait au-dessus de leurs loges, parlez au Suisse.

Un provincial se présenta un jour à l'hôtel du maréchal de Noailles et demandat à parler au portier; le suisse qui l'entendit

lui cria : « Apprenez, Monsieur, qu'il n'y a que les bourgeois qui ont des portiers, un grand seigneur a un suisse, comme moi.» — « Pardon, monsieur le Suisse, lui répondit le provincial, je pensais que vous gardiez la porte; mais d'après ce que vous me dites, vous êtes le premier de la maison à qui l'on parle.

Depuis quelques années vous voyez des nouveaux riches qui ne pouvant pas avoir des Suisses, font mettre sur la loge de leurs portiers, parlez au concierge. Cette nouvelle distinction est encore bien ridicule; car l'on dit concierge d'une prison, concierge de Bicêtre, etc.

Il est beaucoup de maisons où les portiers ont pour habitude de siffler quandune personne vient rendre visite au propriétaire ou à l'un des locataires; ils sifflent autant de fois que la personne a d'étages à

monter.

Un propriétaire, dans la maison duquel logeait une actrice des Français, voulut

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se réserver seul le droit d'être sifflé, il refusa cet honneur à l'actrice, sous prétexte qu'elle était suffisamment sifflée sur le théâtre.

Il y a quatre ans, un général se plaignit à madame B...., femme d'un nouveau riche, de l'impertinence de son portier; elle répondit, vous n'êtes pas le premier qui se soit plaint de mon portier: mais que voulez-vous que je fasse, c'est un de mes pa

rens.

Plusieurs ducs ou princes prenaient en affection des enfans de leurs suisses, et leur donnaient la même éducation qu'à leurs enfans.

Nous avons eu, dans notre révolution, un ministre de la guerre qui était fils du suisse du maréchal de Castres.

On a vu aussi plusieurs jolies filles de suisses ou de portiers faire fortune.

Tome I.

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