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PREMIÈRES LIMITES DE PARIS,

SOUS CHARLES V ET CHARLES VI.

Ce fut sous Charles V, en 1367, que Paris eut des limites, qui furent achevées sous Charles VI, en 1583.

Charles V ne changea rien du côté du midi, à l'anceinte formée par PhilippeAuguste seulement il fit creuser des fossés autour des murailles, qui étaient flanquées de distance en distance: elles ne furent abat

tues qu'en 1646. Nous avons dit que, du

côté du nord les murailles aboutissaient entre le port St-Paul et le Pont-Marie, vis-àvis la rue de l'Etoile, ce prince les fit reculer jusqu'à l'endroit où est l'Arsenal; et les portes St.-Martin et St.-Denis furent placées où nous les voyons, ainsi que la porte St.-Antoine, qui n'existe plus. Depuis la porte Saint-Denis, ces murs continuaient le long de la rue Bourbon - Villeneuve, traversaient les rues du Petit-Carreau et

Montmartre, la place des Victoires, l'hôtel de Toulouse, le jardin du Palais du Tribunat, la rue St.-Honoré, près des QuinzeVingts et allaient finir au bord de la rivière, au bout de la rue St.-Nicaise. Aux quatre extrémités de cette enceinte, comme à celle de Philippe-Auguste, il y avait quatre grosses tours: la tour du Bois, près le Louvre; la tour de Nesle, où est le Palais des Arts ci-devant le collége des Quatre-Nations; la tour de la Tournelle, près l'ancienne porte St.-Bernard; et la tour de Billy, près des ci-devant Célestins. Elles défendaient, des deux côtés de la rivière, l'entrée et la sortie de Paris, par de grosses chaînes attachées d'une tour à l'autre, et qui traversaient la Seine, portées sur des bateaux placés de distance en'distance. L'approche de l'île St.-Louis était défendue par un fort; on ne commença qu'en 1614 à ybâtir des. maisons et à la joindre à une ile appelée la petite île aux Vaches, dont elle avait été jusqu'alors séparée par un canal de la ri

vière, à l'endroit où est aujourd'hui l'église St.-Louis. Les ponts Marie et de la Tournelle ne furent achevés qu'en 1635.

Les rues des Petits-Champs et des Bons-" Enfans aboutissaient encore en 1630 aux murailles de la ville, qui passaient, comme nous l'avons dit, sur le terrain où est à présent la place des Victoires; ce quartier était même si retiré, qu'on y volait en plein jour: on l'appelait le quartier Vide-Gousset; une rue a conservé ce nom. Les bâtimens du Palais-Royal, que le cardinal fit commencer en 1619, occasionnèrent une nouvelle enceinte. La porte St.Honoré, qui était où sont à présent les boucheries et le marché des Quinze-Vingts, fut reculée en 1631 jusqu'à l'endroit où nous l'avons vue; et, depuis cette porte jusqu'à la porte St-Denis, les nouveaux remparts qu'on fit élever, et que Louis XIV fit abattre, formaient le circuit que nous trace le boulevard. Ce nouveau côté de la ville fut bientôt couvert des rues de Cléry, du Mail, CT

Neuve-St.-Augustin, Ste--Anne (aujourd'hui Helvétius); des rues Neuve-SaintEustache et des Petits-Champs, et autres. adjacentes; il y avait cependant encore des moulins sur la butte St.-Roch en 1670.

La reine Anne de Bretagne, magnifique en tout, voulant avoir une cour, les femmes, qui étaient jusqu'alors reléguées dans les châteaux, vinrent à Paris, et n'en voulurent plus sortir; les hommes les suivirent. Sous Charles IX et Henri III, l'argent devint un peu plus commun par les profanations des Calvinistes qui convertissaient en espèces les vases sacrés, les châsses et les statues des saints. Les millions que la cour d'Espagne prodigua pour soutenir la ligue, avaient aussi répandu l'aisance parmi un grand nombre de particuliers qui firent construire des maisons et ouvrir des rues. Henri IV fut le premier roi qui embellit Paris de places régulières, et décorées des ornemens de l'architecture.

Sous Louis XIV, Paris n'eut plus d'en

ceintes; ses portes furent changées en arcs de triomphe, et ses fossés, comblés et plantés d'arbres, devinrent des promenades.

On hit dans l'Histoire de Paris que, sous François Ier, le total des loyers de toutes les maisons de cette ville ne montait qu'à la somme de trois cent douze mille liv.

Lors de l'établissement de la religion chrétienne, Paris eut son évêque qui devint comme le chef et le défenseur de la cité, concurremment avec le préfet des nautes parisiens, connu depuis, et jusqu'à l'époque de la révolution, sous le nom de prévôt des marchands. Ces défenseurs naturels de la ville s'opposèrent aux vexations des gouverneurs romains, et s'unirent à la république des Armoriques, qui avait ses représentans à Paris.

Le colosse de la puissance romaine qui s'affaiblissait de toutes parts, s'étant enfin écroulé sous son propre poids, la ville de Paris eut beaucoup à souffrir de l'irruption des barbares : les défenseurs de la cité se

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