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L'origine des quartiers de noblesse vient de ce qu'anciennement on mettait sur les quatre angles d'un mausolée ou tombeau, les écussons du père, de la mère, de l'aïeul et de l'aïeule du défunt.

Chaque famille noble avait son blason ou armoirie, qu'on avait attention de placer sur les babits des laquais, sur les voitures, sur les portés des hôtels, sur la vaisselle, etc.

L'ordre des chevaliers de l'Etoile, institué par le roi Jean, qui avait une si belle devise:

MONSTRANT REGIBUS ASTRA VIAM

était tombé en désuétude : on l'avait abandonné aux chevaliers du Guet de la garde de Paris.

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Henri IV abolit l'ordre du cordon jaune. Sur les derniers tems de la monarchie, la croix de St.-Louis était prodiguée. L'ordre se plaignit de ce que le roi en avait donné à des exempts de police. L'on ré

pondit que l'exempt exposait sa vie comme le militaire, quoique d'une manière moins honorable; qu'il courrait le danger d'être roué de coups de bâton, comme les mouchards et les recors des huissiers.

Les marquis, les comtes, les barons et les ducs portaient des talons rouges à leurs souliers.

Les comédiens français avaient la permission de représenter sur la scène tous les nobles, affublés de tous les cordons et des talons rouges, à l'exception de la croix de St.-Louis, permission dont Molière a su tirer un grand parti.

Les nobles en France ne pouvaient faire le commerce ni exercer aucun art sans se déshonorer.

Beaucoup de nobles s'occupaient de sciences, un nombre d'actes de bienfaisance, d'autres étaient des ignorans qui, vivant dans la mollesse, se faisaient un mérite dé souscrire des lettres de change et de ne pas les payer.

Ils considéraient comme un point d'honneur de payer une dette de jeu.

La plupart des nobles ont bien prouvé leur nullité pendant la révolution.

Tous ceux qui étaient portés sur l'Almanach royal en faisaient précieusement une colletion, qui devenait par suite les archives des courtisans.

L'Almanach royal de 1790 contenait la liste des douze cents membres composant l'assemblée nationale, qui se trouva offensée d'être placée après le clergé.

L'Almanach royal de 1791 est le dernier. On y voyait encore les ordres de che valerie: mais le clergé n'y occupait plus que 9 pages en gros caractères, au lieu de 50 en petits. Les parlemens avaient disainsi que toutes les cours souveraines. Cet almanach était présenté au roi chaque année, depuis 1699, par la famille d'Houry, libraire-éditeur, qui en débitait ordinairement vingt-cinq à trente mille exemplaires.

paru,

VARIATIONS.

VARIATIONS DES TITRES DE

L'ALMANACH

NATIONAL.

1o. Almanach national de France, l'an 2o de la république française. (1793.) On lit dans l'avertissement:

«L'ère des Français compte de la fon»dation de la république, qui a eu lieu le » 22 septembre 1792, de l'ère vulgaire.

» La première année de la république » a commencé à minuit, le 22 septembre » 1792, et a fini à minuit, séparant le 21 » du 22 septembre 1793. »

L'on ne voit plus dans cet almanach de naissances ni d'alliances des princes et princesses de l'Europe; plus de clergé, plus de noblesse. Il commence par l'acte constitutionnel de 1793, constitution qui heureusement n'a jamais existé que dans cet almanach.

Vient ensuite la liste des membres de la convention nationale, les ministres, les consuls des nations étrangères, les officiers Tome I.

P

généraux, les commissaires des guerres, le tribunal de cassation, les administrations départementales, de districts, les juges 'de paix et assesseurs, les avoués, etc. etc.

L'on reconnaît dans l'almanach de cette année des ducs, des marquis, des comtes, des chevaliers, des archevêques, des évêques, des présidens aux parlemens sous leurs noms de famille, désignés dans l'Almanach royal avec tous leurs titres de noblesse, qui occupent des fonctions d'administrateur de district, de juge de paix, même de commissaire de police.

Il est des nobles qui pour se soustraire à la proscription, ou occuper des places dans le nouvel ordre de choses, déclaraient que c'était par erreur qu'on les avait désignés comme nobles, qu'ils étaient issus de bouchers, d'épiciers, de marchands de bœufs, de marchands de vin, etc.; déclaration vraie pour plusieurs.

Nous avons remarqué que les plébéïens qui criaient le plus contre les cordons bleus et rouges avaient fait adopter des

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