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CHAPITRE XI.

Noblesse qui existait en France; ordres de chevalerie; variations des titres des almanachs nationaux, qui ont suivi le dernier almanach royal en 1791; réflexions sur ces almanachs; prophétie de l'auteur du Tableau de Paris, 1782, sur l'almanach royal.

en

RIEN de plus curieux pour l'histoire que la comparaison de tous les almanachs qui ont suivi le dernier almanach royal.

Les almanachs royaux commençaient par les alliances des princes et princesses de l'Europe; venaient ensuite les cardinaux, archevêques, évêques, abbes commandateurs, ce qui occupait cinquante pages en petit caractère. La maison du roi, des princes, tous les ordres de chevalerie

les parlemens, les cours souveraines, les commensaux de la maison du roi, secrétaires, idem, etc. etc.

Les ordres de chevalerie étaient les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit, portant la croix à la hanche, attaché à un large cordon bleu en forme de baudrier.

Les orfévres ne pouvaient acheter le collier de l'ordre du Saint-Esprit, parce qu'il appartenait à l'ordre, et qu'il lui revenait après la mort de celui qui la portait.

Les grands-croix commandeurs de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis portaient aussi la croix à la hanche, attaché à un large cordon rouge.

Les chevaliers de Saint-Louis portaient une croix avec un petit ruban couleur de feu, attaché à la boutonnière. Le roi était grand-maître de cet ordre: voilà pourquoi l'héritier présomptif de la couronne en était revêtu au moment de sa naissance: cela pouvait lui servir de jouet jusqu'à l'âge de

raison.

Venaient ensuite les chevaliers des ordres royaux militaires et hospitaliers de St.Lazare de Jérusalem, et de Notre-Dame du Mont-Carmel, qui portaient une petite croix, attachée à un petit ruban noir.

Les chevaliers et commandeurs de l'ordre de Saint-Lazare, portaient une croix verte à huit pointes, cousue sur leurs habits, et, dans les cérémonies, sur leur manteau.

Monsieur, frère du roi, était le grandmaître de l'ordre.

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Venaient encore les chevaliers de l'ordre de Saint Michel, institué par Louis XI; ils portaient un large ruban noir en forme de baudrier. La distinction de cet ordre était accordée à des gens de lettres, à des échevins, à des négocians et à des financiers; comme ils étaient tous roturiers, on leur envoyait, la veille de leur réception, des lettres de noblesse.

L'almanach royal n'oubliait pas les neuf cents secrétaires du roi, à qui un édit de

1482 enjoignait de porter leurs écritoires

honnêtement.

Le vulgaire appelait ce premier échelon à la noblesse, les savonnettes à vilain. Les fils des secrétaires du roi s'intitulaient messire, chevalier et écuyer.

Les douze parlemens du royaume donnaient à tous ces membres la noblesse au premier degré, ainsi qu'à ceux qui composaient les chambres des comptes', la cour des aides, la cour des monnaies, et aux maîtres des requêtes.·'

Les charges de grands baillis, de sénéchaux, gouverneurs et de lieutenans généraux d'épées, donnaient aussi la noblesse.

Les commensaux de la maison du roi formaient une autre sorte de noblesse qui avait des priviléges supérieurs.

Les nobles qui voulaient avoir l'honneur de monter une fois dans les carrosses du roi, le suivre à la chasse ou être présenté à la cour, devaient prouver une noblesse de génération en génération par titre ori

ginaire, jusques y compris l'an 1400. Pour être page de la grande et petite écurie du roi et page de la chambre, il fallait prouver deux cents ans de noblesse. La maison d'Orléans, celle de Condé et celle du duc de Penthièvre, exigeaient les mêmes preuves pour leurs pages.

Tous les nobles avaient honte de porter Jeurs noms de famille; ils ne portaient que des noms de seigneuries.

M. Chérin, généalogiste, était le juge souverain de tous ceux qui voulaient faire preuve de noblesse pour remplir une fonction dans la domesticité de la maison royale, et encombrer les anti-chambres.

Il fallait être noble pour porter la chaise percée le jour où le roi prenait médecine. Ce service se faisait l'épée au côté, ainsi que pour porter les plats sur la table du roi. L'on appelait ces derniers gentilshommes

servans.

Le prince de Condé était grand-maître de la garde-robe du roi.

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