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qu'«< il a été désaffecté il y a peu d'années et vendu à un grand magasin de nouveautés, qui y a établi un dépôt de marchandises (1) ».

L'école de la rue du Pont-de-Lodi a été reconstruite en 1873-1874, trois maisons portant les numéros 53, 53 bis et 53 ter s'élèvent en bordure du quai, et il ne reste de l'ancienne Vallée, que la galerie centrale, transformée en dépôt par la Compagnie générale des omnibus (2). Cette partie conservée peut donner encore une idée assez exacte de cette banale construction qui satisfaisait la bizarre esthé tique de nos pères et faisait leur admiration. L'intérieur n'en a guère été modifié et la façade, au no 4 de la rue des Grands-Augustins, est principalement formée de six de ces arcades qui, suivant Dulaure, « faisaient l'ornement du quai ». Aujourd'hui, elles sont bariolées d'affiches et de leurs ouvertures s'échappent- est-ce un relent des générations de volailles qui y passèrent jadis? des odeurs d'une suavité douteuse.

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Quand la pioche du démolisseur aura fait tomber ces derniers vestiges de la « Vallée », son souvenir se perpétuera néanmoins; car son nom, pour les Parisiens,

(1) Il y là une légère erreur. La Compagnie générale des omnibus loua à bail, pour une durée de neuf années (de 1873 à 1882), une des maisons en bordure du quai (le no 53 ter) au magasin du Louvre, qui y installa une fabrique de literie au rez-de-chaussée et emménagea tous les étages pour servir d'hôtel à ses dames employées. (Renseignement dû à l'aimable obligeance de M. Honoré, administrateur-délégué des magasins du Louvre.)

(2) Berty et Tisserand (op. cit.), font une double erreur lorsqu'ils écrivent : « Il ne reste aujourd'hui plus rien ni du couvent des GrandsAugustins, ni du marché qui lui avait succédé. »

paraît être, depuis plus de deux siècles et demi, lié d'une manière indissoluble à la vente en gros de la volaille et du gibier. Quel que soit l'endroit où cette opération s'effectue, sa désignation reste la même, et actuellement encore le pavillon IV des Halles centrales est communément appelé : « La Vallée ».

Numa RAFLIN.

LE N° 6 DE LA RUE BONAPARTE

L'immeuble qui porte aujourd'hui le no 6 de la rue Bonaparte occupe un terrain d'une superficie totale de 337,28 avec une façade sur la rue de 18,22 (1). Cet emplacement faisait autrefois partie du Pré-aux-Clercs. Comme le terrain de l'hôtel qui lui est contigu et qui forme le coin du quai, il fit très probablement partie des terrains qui, en 1541, furent donnés à bail par l'abbaye de Saint-Germaindes-Prés à Jean Bouyn pour y construire un manoir, dans des conditions que nous avons relatées au cours d'un précédent travail sur l'Hôtel de Transylvanie paru dans ce Bulletin. Nous disons «< probablement » parce que nous n'avons point trouvé de pièce l'établissant, mais nous savons que Jean Bouyn avait reçu à bail deux arpents et demi de prés pour y bâtir son manoir, c'est-à-dire un peu plus d'un hectare et un quart (2). Comme la Seine, n'étant point resserrée entre des quais, était beaucoup plus large qu'aujourd'hui, il est bien probable que le terrain du no 6 de la rue Bonaparte était englobé dans les deux arpents et demi de Jean Bouyn.

Nous renvoyons à notre étude sur l'Hôtel de Transylvanie pour ce qui concerne les difficultés de Jean Bouyn

(1) D'après un petit plan dressé pour le cadastre et conservé aux Archives Nationales sous la cote F. 117.366.

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(2) L'arpent valait 100 perches carrées de 18 pieds, soit 51 ares 26'

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avec l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés et l'Université, ainsi que la transformatión de tous ces terrains en parcs et jardins, lors de la construction en 1606 de l'hôtel de la Reine Marguerite.

Nous avons également établi comment eut lieu le lotissement de 1629, époque à laquelle le terrain du coin du quai appartenait à Jacques de Hillerin. Parmi les copartageants de 1629, figure un certain Le Barbier, et d'autre part, nous avons trouvé, parmi les titres de propriété du 9, quai Malaquais, une convention datée du 14 août 1630, passée entre les de Hillerin, propriétaires de cet hôtel déjà construit, et Louis Le Barbier, conseiller du roi et contrôleur général des bois en l'Isle de France, convention aux termes de laquelle les deux parties s'engagent à ne pas élever le mur qui sépare les deux cours «< plus haut que la seconde plaincte » de la maison des Hillerin. C'était donc Louis Le Barbier qui avait acheté le terrain qui nous occupe et qui allait le faire bâtir au moment où il signait avec son voisin la convention du 14 août 1630.

Ce titre de contrôleur des bois doit, croyons-nous, être ainsi complété : « Contrôleur des domaines et bois »>, comme il résulte d'une sorte de cahier de doléances et réclamations publié par ces officiers au sujet de leurs émoluments (1).

Leur création n'était pas ancienne et ne remontait pas au delà du règne de Henri III, qui par l'édit d'octobre 1581 instituait l'office de contrôleur général du domaine.

Nous avons trouvé leurs attributions dans deux arrêts de règlements du parlement de Paris des 21 août 1627 et 16 juin 1629, rendus au sujet de contestations survenues

(1) Délibération de messieurs les contrôleurs généraux des domaines et bois du 5 décembre 1758. Bibl. Nat. Lf. 90 5.

entre le contrôleur du domaine au comté de Dreux, d'une part et les officiers des eaux et forêts dudit lieu et le grand maître des eaux et forêts de France, d'autre part.

Le premier de ces arrêts qui détermine les fonctions du contrôleur, dit qu'il doit faire contrôle et vérification de la recette ordinaire et extraordinaire du domaine de Dreux, des droits et devoirs seigneuriaux, des fermes, grains, landes, ventes, épaves, aubaines, rotures, amendes, confiscations, droits de fiefs et aumônes, ban et arrièreban, inventaires et ventes de biens vacants..., etc., etc. et en toutes les parties et dépenses étant sur la recette et dont le receveur sera chargé. Il doit contrôler les ventes et délivrances ordinaires et extraordinaires de bois de haute futaie et de taillis, les pêches, empoissonnements d'étangs et rivières, réceptions de ventes et martelages du chauffage, etc., etc. En outre il sera appelé aux assemblées et autres actes concernant ledit domaine auxquels le receveur et les officiers du lieu ont accoutumé d'assister, et en son absence ses commis. Tous les baux seront faits en sa présence et il signera avec les autres officiers du domaine, il en sera de même pour les affiches. Il doit contrôler tous les ensaisinements, paiements, amendes, etc., etc. Il doit être appelé à toutes les ventes de blé, grains, vins, bois taillis, en futaie, baux d'herbages, pêcheries, étangs, rivières, etc., etc. Il doit assister aux saisies..., etc., etc. (1).

Le second arrêt de règlement du 16 juin 1629 est relatif aux émoluments des contrôleurs. La cour arrête que le demandeur (le contrôleur) aura et jouira des mêmes taxes et droits que ceux qui sont attribués au substitut du procu

(1) Jean Filleau, Recueil général des édits, arrêts et règlements notables... Paris, 1630-1631, 2 vol. in-fol. Bibl. Nat. F. 2093-2094. — (t. I, P. 434-435).

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